D’Alger à Montréal : La lutte pour la liberté !

Au cours du porte-à-porte que j’ai effectué à tous les jours de cette campagne à saveur automnale, voire hivernale, j’ai rencontré des Québécois d’origines diverses, qui me parlaient de notre contexte politique mais aussi, bien souvent, de leurs pays de naissance.  La liberté était au cœur de nos échanges.  Toujours ! Et j’ai appris beaucoup au contact des gens de Viau.

Durant cette campagne, il y a une rencontre qui m’a marqué plus que les autres.  Celle que moi et Miguel Tremblay avons eu la chance de vivre en nous rendant au Centre culturel algérien, au cœur même du comté de Viau.  Nous y avons rencontré des Algériens d’origine qui désiraient en savoir plus sur Option nationale, mais surtout sur le projet d’indépendance que nous chérissons.

D’emblée, la vingtaine d’Algériens ainsi rassemblés, des acteurs d’influence dans leurs milieux de vie, ont abordé le dossier de la charte des valeurs québécoises.  Nous nous en doutions un peu…

Beaucoup d’inquiétude transpirait de leurs propos.  L’un d’entre eux nous a dit s’être installé en 1997 au Québec, peu de temps après le référendum de 1995.  Venant d’un pays qui a combattu et vaincu le colonialisme, il disait ne pas avoir voulu se prononcer sur le cas du Québec avant d’en comprendre vraiment les tenants et les aboutissants.  Par respect pour la cause de la liberté disait-il !  Il s’est mis à l’étude de notre situation par l’entremise, notamment, de Pierre Falardeau.  Et la soif de liberté de Falardeau l’a séduit.

Ce qui se passe actuellement au Québec, avec cette charte-là, est pour lui très difficile à comprendre.  Pourquoi stigmatiser sa communauté alors qu’elle pourrait endosser notre lutte ?  Bonne question que celle-là !

Pour le rassurer, lui et les autres qui participaient à la discussion, Miguel et moi avons répété notre discours sur la charte.  C’est-à-dire qu’on considère que la liberté est beaucoup plus rassembleuse et prometteuse comme projet d’avenir qu’une charte qui consiste à aménager l’environnement de notre survivance.  Pour moi, il est clair que je préfère vivre que survivre.  Et pour vivre, en tant que Québécois, il nous faut emprunter le passage obligé de l’indépendance !  Lutte dans laquelle j’investis toutes mes énergies !  J’ai également rappelé que le mouvement indépendantiste avait été inspiré, dans les années 1960, par la lutte menée par les Algériens, et qu’il avait été, historiquement, favorable à l’indépendance de la Palestine et que notre appui pour la lutte menée par les Palestiniens devait demeurer.

Un tel discours a surpris les intervenants présents.  Jusque-là, ils croyaient que tous les indépendantistes étaient en faveur de la charte des valeurs du Parti Québécois.  Ils se sont dits impressionnés par les idées que nous avancions afin de défendre notre projet politique.  L’un d’entre eux a alors souligné qu’il aimerait nous voir dans les médias.  Il ne comprenait pas pourquoi on n’entendait que les tenants du camp favorable à la charte, qu’on n’entendait pas davantage des indépendantistes articulant un discours différent de celui du Parti Québécois.  Un tel commentaire m’a permis de parler de notre situation médiatique, ici au Québec.  De la concentration de la presse aux difficultés rencontrées par la presse dite alternative lorsque vient le temps de se développer,  j’ai pu parler des obstacles qui jonchent la voie des indépendantistes qui désirent communiquer leur message par l’entremise des médias.  Cela s’avère toujours un véritable défi.  Car en face ils ont bien compris le sens de l’analyse d’Habermas lorsqu’il dit que celui qui n’est pas sur la place publique n’existe tout simplement pas.  Partant de là, on comprend aisément la réticence de bien des décideurs dans le monde des médias à accorder un droit de parole aux indépendantistes les plus déterminés.

Nous nous sommes laissés, nous et nos amis Algériens, en rêvant tous d’un monde meilleur, peu importe la forme que doit adopter celui-ci.   Nos nouveaux amis ont compris que nous menions la lutte sans trop d’espoir à court terme mais avec beaucoup de détermination malgré tout.  Ils nous ont salués en nous disant que nous serions toujours les bienvenus au Centre culturel algérien.  Nous avons répondu que nous étions heureux de les compter comme futurs membres du peuple fondateur du Québec libre.  Quelques accolades et poignées de main plus tard, nous sommes rentrés chez nous le cœur un peu plus léger qu’à notre arrivée…

 

Publié le chroniques politique québécoise, Journal Le Québécois et étiqueté , , , , , , , , , .