Crise d’octobre : les arts au service de la mémoire collective

Par Jean-François Veilleux, doctorant en études québécoises à Trois-Rivières. [1]

Selon le philosophe Jean-Paul Sartre, le rôle de l’art est de proposer au spectateur un portrait de sa société, de sa réalité, pour qu’il puisse développer une conscience de sa propre condition.[2] À l’occasion du 50e anniversaire de la Crise d’octobre 1970, considérée par plusieurs comme l’« une des pages les plus sombres de l’histoire du Canada », selon l’expression du journaliste-animateur Guy Gendron , il est opportun de renouer avec notre passé refoulé par l’entremise d’œuvres artistiques marquantes. Voici une compilation de près de 50 œuvres ou lieux publics commémoratifs qui nous permettent d’éclairer sous un nouvel angle cet épisode tragique.

Lieux communs

L’une des premières inscriptions de cet événement dans l’espace public sera le pont de Québec dit Pierre-Laporte. Alors que cette infrastructure devait s’appeler le pont Frontenac – en l’honneur du plus grand gouverneur général de la Nouvelle-France – Robert Bourassa profita de l’inauguration du nouveau pont le 6 novembre 1970 pour y associer le nom de son ancien vice-premier ministre, assassiné pour des raisons politiques trois semaines plus tôt, le 17 octobre. Un timbre également dédié à la mémoire de Pierre Laporte est rendu public le 20 octobre 1971.

De nos jours, quelques établissements d’enseignement et plusieurs rues du Québec portent son nom en sa mémoire. Il y a des écoles Pierre Laporte à Mont-Royal, Laval et Greenfield Park. Quant aux rues, il y en a notamment à Bécancour, Louiseville, Nicolet, Saint-Tite et Shawinigan mais aussi à Gatineau, Rimouski, St-Bruno-De-Montarville et même un boulevard à Granby!

À l’opposé du spectre politique, il faudra attendre en octobre 2010 (40e anniversaire de la Crise d’octobre) pour qu’on érige un monument situé devant la Société St-Jean-Baptiste de Montréal, dédié aux 352 «prisonniers d’opinion» enfermés sans procès à la suite de la Loi sur les mesures de guerre imposée par Trudeau père, alors premier ministre du Canada. On peut y lire le nom des artistes, chanteurs, écrivains, poètes, syndicalistes, journalistes, comédiens, professeurs et militants ou sympathisants indépendantistes, tous arrêtés sans mandat, incommunicado (sans possibilité de communiquer), puis emprisonnés aussitôt pendant la nuit du 16 octobre 1970. Au total, ils seront au moins 497 emprisonnés selon la liste officielle.

Légende de la photo : Intitulée « Liberté », et dévoilée en octobre 2010 pour souligner les 40 ans des événements d’octobre 1970, cette sculpture a été conçue par Germain Bataille et réalisée par l’artiste Marcel Barbeau, l’un des 16 signataires du Refus global (1948), à la demande de la SSJB de Montréal et de la Fondation Octobre 70.

Littérature

Le Front de Libération du Québec (FLQ) a d’abord laissé quelques traces dans les différents communiqués envoyés aux médias, mais son idéologie se concrétise dans son Manifeste, un texte écrit en langage populaire généralement attribué à André Roy et Jacques Lanctôt, diffusé et lu par Gaétan Montreuil pendant le téléjournal de Radio-Canada , le 8 octobre, un moment historique. C’est la seule des sept revendications du FLQ qui sera acceptée par le gouvernement, outre le sauf-conduit à Cuba accordé plus tard pour l’une des deux cellules.

Au début des années 1970, plusieurs témoins vont publier leur récit, par exemple le docteur Serge Mongeau dans « Kidnappé la police » (1970). Par la suite, quelques felquistes vont publier leur version des faits. Pierre Vallières, d’abord connu pour « Nègres blancs d’Amérique » (1968), publie « L’exécution de Pierre Laporte » (1977), un essai dans lequel la surveillance électronique est au cœur des événements et met l’accent sur la stratégie du gouvernement fédéral visant à discréditer le projet indépendantiste québécois. Dans les années 1980, mentionnons « Personne ne voudra savoir ton nom » (1982), écrit par François Schirm, puis « Pour en finir avec octobre » (1982), de Francis Simard, qui servira de base au scénario du cinéaste Pierre Falardeau.

À l’occasion du 20e anniversaire, Louis Caron termine sa célèbre saga patriotique « Les Fils de la liberté » avec le troisième et dernier volet de sa série, le roman « Le Coup de poing » (1990).

Lors du 40e anniversaire, Louis Hamelin mélange la fiction et plusieurs faits historiques dans son roman «La constellation du lynx» de (2010) alors que LUX Éditeur fait paraître « Le procès des cinq » (2010), un délicieux témoignage éclatant sur le procès-choc des felquistes en février 1971. Le militant Jacques Lanctôt, devenu éditeur, a fait paraître « Les plages de l’exil » (2010). Enfin, il faut aussi mentionner le livre-choc du policier retraité Claude Lavallée, « Révélations d’un espion de la SQ », qui raconte les liens existants entre Pierre Laporte et la mafia italienne de Montréal, une raison qui aurait poussé le gouvernement du Québec à faire disparaître ce scandale libéral.

Ceux qui veulent en connaître beaucoup plus sur la littérature concernant le FLQ peuvent consulter l’excellent site de Bibliothèques et Archives nationales du Québec consacré à ce sujet politique. On y retrouve notamment des scénarios de films ou de documentaires, les journaux et revues felquistes dont La Cognée, des articles, des rapports de commissions d’enquêtes, etc.

Pour en savoir davantage sur la Loi des mesures de guerre instaurées par Trudeau père, il faut absolument lire « Octobre de force : répression et état d’exception » (2012) de Simon Tessier. Cette année, l’historien Éric Bédard a fait une réédition de sa « Chronique d’une insurrection appréhendée : la Crise d’octobre et le milieu universitaire » (1998) alors que le journaliste Louis Fournier a sorti une troisième édition de son « FLQ – Histoire d’un mouvement clandestin » (1982, 1998). Robert Comeau, qui était membre de la cellule d’information Viger et qui a rédigé plusieurs communiqués pour le FLQ, vient de publier « Mon Octobre 70: La crise et ses suites » (2020) et deux autres ex-felquistes, Jacques Lanctôt et Pierre Schneider – encore très actifs sur Facebook – ont aussi promis de publier bientôt leur version de ces événements. Le premier était membre de la cellule Libération alors que l’autre prépare un dossier sur l’assassinat du Premier ministre du Québec Daniel Johnson, le 26 septembre 1968… mais ceci est une autre histoire!

Théâtre

À ma connaissance, outre le sketch humoristique d’Olivier Guimond lors du Bye Bye 1970 à Radio-Canada ou le sketch de RBO sur « l’histoire du Québec » (diffusé entre 1985 et 1990) , très peu de pièces ont traité les événements d’octobre 1970. En fait, j’en ai trouvé que trois.

D’abord, « The Death of René Lévesque » (printemps 1991) est une pièce bilingue plutôt controversée basée sur un texte de David Fennario, un dramaturge d’origine anglo-montréalaise qui ne semble pas avoir compris l’essence du projet indépendantiste. L’un des personnages est un ex-felquiste devenu permanent du Parti québécois « rongé par l’idée d’avoir consenti à des compromis pour tenter de transporter sur la scène du gouvernement des idées de gauche ».

Ensuite, « Cité interdite » (avril 1992), une pièce du metteur en scène Dominic Champagne dont la première partie juxtapose puis superpose la maison de la rue Armstrong et un tribunal. Enfin, « Octobre 70 » (2009) est une pièce de Martin Genest basée sur le film de Pierre Falardeau.

Documentaire

Toutes les archives de l’ONF ont rapidement permis de réaliser des documentaires percutants, tels que « 24 heures ou plus » (1973) , réalisé par Gilles Groulx, « Les événements d’octobre 1970 » (1974) , réalisé par Robin Spry. Plus près de nous, on a aussi eu droit au documentaire « La liberté en colère » (1994) , réalisé par l’essayiste Jean-Daniel Lafond (mari de Michaëlle Jean, la 27e gouverneure générale du Canada de septembre 2005 à septembre 2010).

Autrement, on peut aussi plonger dans le film-documentaire « La belle province » (2000) réalisé par Carl Leblanc et Luc Cyr. Carl Lebanc a également réalisé « L’otage » (2004), enrichi du témoignage de l’ancien otage britannique James Richard Cross. De cette collaboration va d’ailleurs émerger un ouvrage écrit par Leblanc, intitulé « Le personnage secondaire » (2010).

Mentionnons aussi le documentaire sur Gaston Miron, « Rapailler l’homme » (2013) d’Antonio Pierre de Aleida, et celui de Pascale Ferland, « Pauline Julien : intime et politique » (2018).

Finalement, après huit années de travail et la collaboration de l’ONF pour restaurer quelques vieilles archives poussiéreuses et inédites, Félix Rose nous offre « Les Rose » (2020), un touchant documentaire dans lequel il tente de comprendre les actes de son père Paul, décédé en 2013, et de son oncle Jacques, tous deux membres de la cellule Chénier qui a enlevé Pierre Laporte.

Cinéma

Le premier à se démarquer est Michel Brault (1928-2013) grâce à « Les ordres » (1974) , basé sur les témoignages des prisonniers politiques d’octobre 1970 qui ont dévoilé les mauvais traitements de citoyens innocents découlant des mesures de guerre imposées par Ottawa. La même année, Jean-Claude Lord réalise le film-fiction plutôt mièvre intitulé « Bingo » (1974).

Autrement, il faut attendre deux décennies pour avoir l’excellent film de Pierre Falardeau (1946-2009) « Octobre » (1994) coscénarisé par Francis Simard. Toutefois, son fils Jules m’a confirmé que son père a dû attendre plus de quinze ans pour obtenir du financement public pour ce film!

Petite mention spéciale au personnage évidemment méchant de Hans Gruber dans « Die Hard : Piège de cristal » (1988), qui se revendique chef du FLQ lorsqu’il négocie avec les autorités. (Merci à Gilles Laporte pour ce détail).

On pourrait mentionner le drame très peu connu « » (1998) , réalisé par Robert Lepage, dans lequel l’amoureux de Sophie (jouée par Anne-Marie Cadieux), un poseur de bombes pour le FLQ, débat dans un huis clos avec ses amis révolutionnaires et indépendantistes. À voir ! [3]

Par la suite, on peut penser à « Histoire de famille » (2006), un film sur la Révolution tranquille réalisé par Michel Poulette, ou bien au génial film « La maison du pêcheur » (2013) réalisé par Alain Chartrand. De plus, il y a aussi « Corbo » (2015), réalisé et produit par Mathieu Denis, ainsi que le court-métrage « Le Camarade » (2016 ), réalisé par Benjamin Tessier, tous les deux portant sur l’histoire du militant Jean Corbo, âgé de 16 ans, qui s’est malheureusement fait exploser le 14 juillet 1966 avec une bombe qu’il pose lui-même à l’usine de la Dominion Textile.

Enfin, il faut souligner l’adaptation au cinéma du roman « Salut mon roi mongol », de Nicole Bélanger, réalisée par le comédien patriote Luc Picard, avec son film « Les rois mongols » (2017).

C’est clairement par l’entremise du cinéma que les événements d’octobre 70 vont avoir la plus grande portée dans la conscience collective. Espérons que d’autres cinéastes suivront cette voie.

   

Télévision

Au niveau télévisuel, c’est surtout à travers des séries biographiques qu’on peut parfois entendre parler de la Crise d’octobre. Que ce soit la série « René Lévesque » (1994, TVA) de Roger Cardinal, écrite par Clément Perron, dans laquelle Denis Bouchard interprète le fondateur du Parti québécois, ou la série «Cher Olivier» (1997), scénarisée et réalisée par André Melançon, dans laquelle on suit les aventures du comédien Olivier Guimond, joué par Benoit Brière. Je vous conseille également l’excellente série « Chartrand et Simone » (2000, Radio-Canada), scénarisée par Diane Cailhier et réalisée par Alain Chartrand, fils du célèbre syndicaliste Michel Chartrand.

D’ailleurs, il existe aussi une autre mini-série dramatique sur René Lévesque, joué par Emmanuel Bilodeau, écrite par Geneviève Lefebvre et réalisée par Giles Walker. Sobrement intitulée « René » (2006, Radio-Canada / CBC), tournée en anglais et en français, elle aura une suite avec « René : Le destin d’un chef », réalisée cette fois par Pierre Houle et diffusée au printemps 2008.
Même le ROC aura sa version avec « October 1970 » (2006, CBC), une série anglophone réalisée par Wayne Grigsby et mettant en vedette plusieurs acteurs québécois dont Karine Vanasse, Denis Bernard, Normand Daneau, Mathieu Grondin et Patrick Labbé. Non diffusée par Radio-Canada à cause de problèmes de scénarisation, elle sera achetée puis diffusée par Télé-Québec.

Finalement, soulignons deux épisodes de l’émission Tout le monde en parlait, «L’engrenage» et «Dénouement», diffusés dans le cadre du 40e anniversaire des événements en octobre 2010. On en apprend davantage sur le projet pacifique du FLQ dont la volonté de prendre de force les ondes de Radio-Canada pour diffuser un documentaire sur la condition des ouvriers du Québec.

Symboles

Dès la première année de la création du FLQ, au printemps 1963, plusieurs statues évoquant la colonisation du Québec par l’Empire britannique puis par Ottawa ont vite été vandalisées. « La statue montréalaise de John A. Macdonald est décapitée à l’aide d’une scie à l’occasion du 107e anniversaire de la pendaison de Louis Riel. Le sigle FLQ est peint sur les quatre faces du socle tandis qu’un communiqué de la cellule Gabriel Dumont est envoyé aux médias par télécopieur pour revendiquer le geste. Le monument avait été la cible des bombes du FLQ en 1963 et en 1968. Les deux engins avaient toutefois été récupérés par la police avant leur explosion. »[4]

Lors de l’exposition « Québec en crimes » (2011-2014) au Musée québécois de culture populaire de Trois-Rivières, alias Musée POP, on pouvait voir l’énorme tête de la reine Victoria, décapitée à coup de dynamites par les felquistes le 12 juillet 1963 (photo à droite). Certains ont même eu l’idée saugrenue de faire pression pour que la statue de bronze soit restaurée à temps pour le 400e Québec!

Encore aujourd’hui, il n’est pas rare de se promener à Montréal et d’apercevoir des graffitis faisant l’éloge du FLQ ou sur certaines pancartes lors des manifestations étudiantes. Il existe même des gilets, comme ceux vendus il y a peu par le Réseau de résistance du québécois (RRQ), qui rappelait que ce mouvement révolutionnaire avait reçu de larges appuis dans la population.

Évidemment, l’héritage du FLQ ne fait pas l’unanimité partout, comme on a pu le constater en septembre 2009 lors du débat sur la lecture par Luck Mervil du manifeste du FLQ pendant le « Moulin à paroles », un événement citoyen pacifique organisé sur les Plaines d’Abraham pour valoriser des textes qui ont marqué l’histoire politique du Québec.

On peut aussi penser à la controverse en octobre 2003 d’un jeu vidéo de Sony sur la console PlayStation 2. En effet, « Syphon Filter 4 : Omega Strain » désignait les felquistes du Québec comme membres d’un groupuscule terroriste préparant une attaque de Toronto avec des armes bactériologiques! Finalement Sony a retiré les images de l’attaque avant sa sortie officielle.

En février 2014, c’est une vidéo de Moose Knuckles qui sera accusée d’être scandaleuse parce qu’on y faisait une référence au FLQ en prenant une armée imaginaire ayant l’acronyme FUQ.

Mais pour certains militants, le FLQ est devenu une source d’inspiration pour ceux qui voulaient libérer le Québec du joug impérialiste canadian ou bien améliorer le sort de la classe ouvrière. À la suite de l’échec référendaire d’octobre 1995, l’ex-felquiste Raymond Villeneuve, l’un des trois fondateurs du FLQ, avait lancé le Mouvement de libération nationale du Québec (MLNQ) afin de poursuivre la lutte pour l’indépendance. Il avait alors ajouté sur le drapeau des patriotes à trois bandes de couleur (vert, blanc, rouge), dit le « tricolore canadien », le dessin coloré du « Vieux patriote de 1837 » créé par le caricaturiste Henri Julien vers 1904, une peinture déjà célèbre pour sa présence sur la plupart des manifestes et communiqués du FLQ dans les années 1960.

Chanson

Enfin, c’est par la chanson, véhicule de prédilection pour l’expression de l’identité québécoise, que l’on peut retracer l’influence de cette période révolutionnaire. On peut d’abord penser aux trois disques « Poèmes et chants de la résistance » (1968, 1971, 1973) en faveur des prisonniers politiques, avec entre autres Pauline Julien, Yvon Deschamps, Raoûl Duguay, George d’Or, Louise Forestier, Raymond Lévesque, Jacques Michel et Le quatuor de jazz libre du Québec!

Peu de temps après la Crise d’octobre, c’est au tour du « père de la chanson québécoise », le grand Félix Leclerc, de composer sa pièce « L’alouette en colère » (1972) . La même année, le groupe rock « Octobre » est fondé par Pierre Flynn, dont le premier album sort en juin 1973. Il faut réécouter la pièce « La maudite machine » (1978) pour saisir la dénonciation de l’aliénation.
Plus récemment, un couplet de la chanson « Mon Pays (Reel des aristocrates) » des Cowboys Fringants sur l’album « Sur mon canapé » (1998) parle d’octobre 1970. Une pièce du groupe de rap indépendantiste Guérilla, « Manifeste » (1998), parle aussi du FLQ. Il faut écouter « La maison du pêcheur » (2013) d’Alexandre Belliard sur son Tome III des Légendes d’un peuple.


« Mon pays » des Cowboys Fringants (album Motel Capri, 2000)

Sur les plaines d’Abraham, l’armée trinquait à l’eau d’vie
Tout en bas de la falaise, les Anglais prenaient fusils
Ils avaient préparé l’assaut en catimini
Et quand un grand coup de canon est venu déchirer la nuit
Montcalm enfourcha son cheval, les facultés affaiblies…

La bataille v’nait juste de commencer
Les Français étaient ben trop paquetés
Y’ont mangé une cibole de raclée

Les Anglais ont marché sur Québec
Ça mes amis c’était le pire échec
Notre nation aux mains des Red Necks

Si Montcalm avait pas été saoûl
Si l’armée avait pas pris un coup
Les Anglais frappaient leur Waterloo

Le Québec c’t’une histoire de boisson
Y’a d’l’argent à faire avec des saoûlons
Y’ont ouvert la brasserie Molson…!

Les patriotes sont révoltés
Le régime anglais devra tomber
Y’ont sorti leurs ceintures fléchées
Les patriotes étaient solidaires
Pour arriver à la victoire
Il faudra arrêter de boire!

La morve au nez pis les dents serrées
Yzont ben tenté de s’insurger
Mais comme d’habitude tout a foiré

Nos patriotes c’taient pas des chieux
Mais les Anglais étaient trop nombreux
Fa’qu’y sont retournés chez eux…!

Pis y a eu octobre 70
On a ben parlé des felquistes
Y’avait même un buté et un ministre
Le gouvernement a eu l’air con
Mais ç’a duré l’temps d’une saison
Yé ont tout’ sacré en prison

Depuis c’temps-là on s’est écrasés
On passe not’temps d’vant la Télé
À jouer au dart su’l vidéoway

Ramène les bouteilles au dépanneur
Fais ça vite ça ferme à onze heures
Tu mettras les bières dans l’cooler!

 

[1] Une version courte de ce texte est parue dans la Gazette de la Mauricie de l’édition papier d’octobre 2020.

[2] Claude Philippe NOLIN. « Le rôle de l’art et de l’artiste », 7 octobre 2008, L’Aut’Journal.

[3] Merci à Marie-Christine Perras : https://zonecampus.ca/exclusif-conference-flq-vu-par-les-arts/

[4] Dave Noël, « Six autres statues déboulonnées ou abîmées au Québec », Le Devoir, 1er septembre 2020.

Posted in à la une, chroniques arts et culture, Journal Le Québécois.

Originaire de Cacouna dans le Bas-St-Laurent au Québec (Canada français), Jean-François Veilleux est multi-instrumentiste (batterie, chant, percussions). Diplômé au collégial en Arts et Lettres à Rivière-du-Loup (2003) et en Musique professionnelle et chansons populaires à Drummondville (2008), il est aussi détenteur d'une maîtrise en philosophie sur l'esthétique métal à l'Université du Québec à Trois-Rivières (2015). Auteur, il est aussi professeur d’'histoire du Québec à l'Université du Troisième Âge. Selon lui, la vie doit être vécue intensément, sans jamais en perdre une seule respiration!

Ayant obtenu sa maîtrise de philosophie avec un mémoire dirigé par Claude Thérien, intitulé « Dionysisme et catharsis dans l’esthétique du concert métal, apogée du moment musical » (disponible en ligne : depot-e.uqtr.ca/7730/), il continue présentement ses études universitaires au doctorat en études québécoise afin de cerner l'intention artistique derrière la musique et les mystères de la puissance sonore. Sous la direction du professeur Laurent Turcot, ses recherches actuelles portent sur l'histoire des festivals de musique au Québec depuis les années 1950 et notre rapport au corps dans ces rassemblements festifs.

Il est très engagé dans sa communauté étudiante et en dehors du campus universitaire. Actif à la SSJB-Mauricie depuis son arrivée à Trois-Rivières à l’été 2008, il collabore à diverses publications en plus d'être un musicien accompli. Il a été chroniqueur politique de janvier 2009 à mai 2017 dans le journal universitaire de l’UQTR, le Zone Campus, puis rédige depuis 2015 la chronique mensuelle d'histoire dans la Gazette de la Mauricie.

En plus d’être étudiant-chercheur à la chaire de recherche du Canada en histoire des loisirs et des divertissements, dirigée par Laurent Turcot, il est membre affilié au Centre interuniversitaire d’études québécoises (CIEQ-UQTR), au laboratoire de recherche sur les publics de la culture du département de littérature et de communication sociale, ainsi qu’au laboratoire de recherche en esthétique du département de philosophie et des arts.

Au printemps 2015, il a publié son premier ouvrage aux Éditions du Québécois, intitulé "Les Patriotes de 1837-38 en Mauricie et au Centre-du-Québec : l'influence des patriotes réformistes à Trois-Rivières et aux environs lors des rébellions au Bas-Canada." (292 p). Par ses divers écrits, il désire communiquer son amour pour son pays qu’est le Québec.