Il s’agit de lire La fabrication du consentement, de Noam Chomsky, ou de voir l’excellent documentaire de l’ONF portant le même titre, pour comprendre que nous ne pouvons nous permettre de laisser l’œuvre délétère des médias de l’oligarchie se poursuivre comme c’est le cas actuellement. Une telle situation est absolument intolérable si nous aspirons à former une société qui se gouverne elle-même, dans un esprit coopératif, plutôt que d’être dominée par une minorité ultrariche et ultrapuissante nous faisant vivre chaque jour un peu plus dans un univers inventé de toutes pièces pour nous donner l’illusion de la démocratie. Comment voulez-vous que nous, les Québécois, puissions ensemble réfléchir, discuter, régler des problèmes, prendre notre destin en main et bâtir un monde meilleur si notre perception de la réalité est constamment altérée par des gens qui s’arrangent pour que nous ne comprenions pas où est notre intérêt ?
Nous ne sommes plus dans les années soixante, une époque où, malgré la propagande déjà féroce, existaient encore parallèlement du journalisme sérieux et des contrepoids, notamment en raison de l’existence de l’URSS. Il n’y a plus aucun journalisme digne de ce nom dans les grands médias aujourd’hui. Il n’y a que des perroquets et des pantins complices. La manifestation la plus flagrante de cette situation alarmante est la propagande de guerre incroyablement grossière que Radio-Canada et les autres médias de l’oligarchie nous ont enfoncée dans le crâne depuis un peu plus d’un an à propos de la Côte d’Ivoire, de la Libye, de la Syrie, de la RDC et de l’Iran. J’en ai abondamment parlé dans mes chroniques antérieures ainsi que dans le site Vigile.net. D’autres cas de désinformation massive sont apparus auparavant, notamment au sujet du Rwanda, mais ils étaient plus clairsemés, bien que tout aussi horribles. Aujourd’hui, nous traversons une période où les mensonges et les crimes de masse se succèdent à un rythme effréné.
Que des prétendus journalistes soient prêts à jouer dans des mises en scène révélant l’immoralité absolue de l’oligarchie, où les rôles sont totalement inversés, c’est-à-dire que les assassins et les pillards osent reprocher à leurs victimes d’être coupables des crimes qu’ils ont commis eux-mêmes, fait de ces journalistes des criminels au même titre que leurs maîtres. Ils ne méritent rien d’autre que la prison. Vivement le jour où, une fois le peuple enfin devenu souverain, nous pourrons les traduire devant la justice, à moins que leur comportement ne s’explique par une psychose grave, auquel cas nous remplirons les asiles psychiatriques de journaleux à gages.
Certains inconscients pensent que, tant que ce sont des barbus ou des Africains qui se font tuer, à dix mille kilomètres de chez nous, nous ne sommes pas concernés. Détrompez-vous ! Certains commanditaires de ces crimes habitent chez nous. Ils nous font d’ailleurs payer leurs bombes et leur propagande. Ils s’appellent Stephen Harper, Paul Desmarais et Alain Saulnier. Tous issus de la même famille de psychopathes, ils œuvrent chacun dans leur sphère : la politique, l’économique et la médiatique. De pauvres naïfs s’imaginent que, le jour où nous aurons élu un parti résolu à faire l’indépendance du Québec, pour le peuple québécois, et que ce parti aura vraiment enclenché la mécanique d’accession à l’indépendance, les malades mentaux nous regarderont faire sans broncher. Dangereuse illusion. Les fraudes de 1995 n’étaient que des hors-d’œuvre, car on n’était alors pas encore sorti de l’hypothétique.
Je ne voudrais pas vous décevoir, chers camarades, mais il y a du pétrole au Québec ainsi que d’autres ressources naturelles en quantité énorme dont l’oligarchie et ses serviteurs ne peuvent pas se passer. S’il leur faut tirer dans le tas au lance-roquette thermobarique en pleine rue, à Montréal, ils le feront. Ils n’auront qu’à inventer une fausse rébellion de Mohawks, et le tour sera joué. Quand on est prêt à bombarder des enfants en Libye pour que Total puisse y pomper le pétrole, on est au-dessus de tout scrupule. Surtout lorsqu’on sait que même les plus courageux se mettront à trembler quand les explosions se seront transposées de l’écran de télé à la réalité. Les forts en gueule ne comprennent pas ce qu’est vraiment une mitraillette. Ils ne comprennent pas que ça change complètement la perspective. Tout le monde s’écrase dès les premiers coups de feu. Les peuples qui veulent être indépendants, de nos jours, doivent s’assurer de posséder la bombe à neutrons et des médias à leur service. Le reste n’est que verbiage pseudosouverainiste.
Pour la bombe à neutrons, on verra plus tard, mais pour les médias, nous pouvons nous y mettre tout de suite.
Le torpillage de Gilles Duceppe
J’ai failli m’étouffer de rire en voyant la grossière opération de La Presse pour faire dérailler le putsch de Gilles Duceppe visant à détrôner la dame de béton Marois. Non pas que je souhaite du mal à Gilles Duceppe ou que je sois revanchard, mais n’est-ce pas lui qui, en 2009, devant les accusations de terrorisme proférées par quelques conservateurs d’Ottawa frustrés de n’avoir pu danser sur les tombes de nos ancêtres, a interdit à ses députés d’acheter de la publicité dans Le Québécois ? Il n’avait rien compris à l’époque, et il n’a, semble-t-il, encore rien compris.
Dans sa tête, Gilles Duceppe vit toujours à la glorieuse époque où on pouvait espérer un minimum d’honnêteté de la part du monde journalistique. Il vient d’apprendre à ses dépens que ce n’est pas le cas. Pensait-il vraiment que les hommes de main de Desmarais, chez Gesca, le laisseraient remplacer leur favorite, celle dont ils connaissent l’innocuité pour le système qui rapporte à leur maitre de si généreux profits ?
Gilles Duceppe et Pauline Marois pensent encore qu’il y a moyen de changer le système en s’accommodant des médias. Ils sont polis et coopératifs. Ils obéissent aux injonctions transmises par les médias et orientent le programme de leur parti de manière à ne pas sortir du cadre autorisé par les propriétaires du Québec. Les positions susceptibles d’être dépeintes comme extrémistes dans les médias sont exclues d’emblée. Concision et lieux communs : voilà le mot d’ordre des rédacteurs de discours et de programmes des inoffensifs partis du tournage en rond pseudosouverainiste.
Eh bien, Gilles Duceppe vient de se faire servir la médecine réservée aux politiciens désobéissants. Timoré, il a vite battu en retraite, même s’il savait les accusations proférées contre lui sans fondement. Deux jours plus tard, après avoir pris connaissance des faits, les gens sains d’esprit ayant un brin d’honnêteté admettaient que la campagne de diffamation de La Presse reposait sur une interprétation excessivement stricte des règles de la Chambre des communes. Même Bob Rae avait des réserves concernant cette interprétation. Mentons, mentons, il en restera toujours quelque chose, se disent sans doute ces minables collabos moralisateurs de La Presse.
Ce que Gilles Duceppe et les autres politiciens du Québec ne comprennent pas, c’est qu’il faut cesser d’être gentil avec les propagandistes et de faire semblant que ce sont des acteurs neutres de la scène politique. En fait, ces gens sont la courroie de transmission des ordres de l’oligarchie. Ils sont la voix du maitre. Si nous voulons prendre un jour nos affaires en main, il faut cesser d’être poli et de coopérer avec eux. Il faut briser leur pouvoir et non chercher vainement leurs faveurs.
Je n’en démords pas : les médias devraient être le premier objectif de notre lutte de libération nationale. Nous devons leur livrer une guerre féroce. Ils ne sont pas très habitués d’être visés, à part dans les blogues de citoyens éveillés, et se croient relativement à l’abri en se protégeant les uns les autres. Habituellement, le gratin politique et activiste leur fait des courbettes en les suppliant de parler d’eux. Désormais, faisons-leur sentir notre colère en manifestant contre eux, avec des pancartes qui dénoncent leurs mensonges, en leur reprochant leur fourberie chaque fois qu’on les croise dans la rue, en exigeant des entrevues en direct, pour que nous puissions faire entendre de temps en temps la vérité sans être censurés, en les inondant de plaintes et même en leur intentant des poursuites judiciaires, si cela est possible.
Quant aux Gilles Duceppe de ce monde, ils devraient cesser de se dissocier des vaillants journalistes indépendants dès que les scribouilleurs de l’oligarchie s’emploient à les flétrir comme ils flétrissent les politiciens représentant un danger réel pour le maintien du système fédéral. Gilles Duceppe pourrait aussi s’ôter les doigts dans le nez et profiter de ses vacances de politicien temporairement déchu pour trouver des moyens de financer des agences de presse et des médias indépendants. M’est avis que le Fonds de solidarité de la FTQ pourrait s’y mettre tout de suite, en attendant qu’un parti politique honnête prenne le pouvoir et aille beaucoup plus loin dans les mesures visant à mettre fin à la concentration des médias et à redonner au peuple son droit à l’information.