Les Québécois et la culture du patriotisme

Le film « The Revenant » a fait parler de lui tout d’abord pour ses scènes où la majorité des gens semblent s’accorder sur le fait qu’elles sont absolument époustouflantes, notamment la scène impliquant une attaque d’un ours contre le personnage principal joué par Leonardo DiCaprio. Je ne pourrais vous le dire tout de suite, je n’ai pas encore vu le film, mais je suis curieux d’aller constater prochainement de mes propres yeux la qualité cinématographique de ce long film de plus de deux heures.

Cependant, récemment dans les médias et dans les réseaux sociaux, on a de plus en plus des critiques négatives sur le contenu historique, de la part des Québécois surtout, notamment sur des parties du film qui dépeignent les Canadiens français comme des tueurs sanguinaires ravageant les Amérindiens. Même si l’Histoire nous apprend qu’en général, les Français sont venus faire du commerce et souvent se lier d’amour avec des femmes des Premières Nations, favorisant le métissage, il n’y a aucun doute qu’il devait sûrement exister des fous qui auraient pu commettre des crimes haineux dans le passé, si on en voit aujourd’hui, alors que nos mœurs ont passablement évolués. Il n’est pas impensable de croire que des choses de cette violence aient pu se produire il y a plus d’un siècle. Mais j’avoue que de faire paraître les Canadiens français comme étant les méchants et les Américains comme des héros, c’est de l’hypocrisie crasse, néanmoins pas étonnant lorsqu’on connaît l’histoire très patriotique du cinéma américain.

Je sais que c’est frustrant de voir se faire accoler des images qui ne sont pas une représentation juste et générale de ce que les Canadiens français de l’époque étaient globalement dans leurs relations humaines avec les Amérindiens, mais est-ce que ceci est vraiment surprenant, même si l’histoire du film est tirée de faits réels? Ce film, qui, à ma connaissance, ne se définit pas comme un documentaire historique, ni même un roman historique, n’a pas le mandat de rapporter les faits dans les moindres détails historiques, mais plutôt de s’en inspirer et de dramatiser les événements dans un angle qui va mettre en lumière un aspect particulier, dans ce cas-ci les péripéties du personnage principal et sa résilience face à des obstacles hors de l’ordinaire. Bref, c’est un film majoritairement à saveur fantastique, avec toute la propagande ricaine que cela peut comporter, inspiré de faits réels dramatisés avec le nécessaire d’effets spéciaux pour en faire un bon spectacle hollywoodien. Rien de nouveau à l’horizon…

J’ai une attirance particulière pour les films qui traitent d’un personnage ou d’un événement de l’Histoire, même quand c’est romancé au max. J’ai un tic bien à moi, c’est que à la suite du visionnement d’un film de cette nature, je me mets tout de suite à fouiller l’histoire réelle sur internet (des fois même pendant le film) à travers différentes sources pour essayer de voir combien de vrai contenait le film en question. Des fois, on peut être surpris de la réécriture des événements malgré le sérieux de l’Histoire. Un film qui m’avait particulièrement frappé quant à sa défaillance à relater les événements tels qu’ils s’étaient déroulés dans la vraie vie est « Les Incorruptibles » : certaines personnes n’existaient carrément pas, le déroulement de l’histoire n’était pas tout à fait pareil, certaines choses ne concordaient pas, ce n’était pourtant pas une histoire d’effets spéciaux et de rebondissements, c’était une histoire relativement sérieuse sur les événements qui ont mis en lien Elliot Ness et Al Capone.

Je crois que cette façon de faire des Américains est due à leur facilité à mettre de l’avant des personnages qui ont marqué leur Histoire en les exposant presque automatiquement en superhéros, en dépit de leurs défauts, sans gêne et avec fierté. Je crois que c’est ça qui agace beaucoup chez nous, mais qui élève leur patriotisme à un niveau excessif. Bien que les Américains fassent aussi des films avec une certaine critique de l’Amérique, il reste néanmoins qu’ils n’ont pas de gêne à placer sur la première marche de l’héroïsme des personnes qui ont marqué l’histoire des États-Unis, même s’il faut pour ça démolir l’image des Premières Nations américaines, des autochtones de l’Amérique du Sud, des Canadiens français, des Russes ou des Arabes. Ici, au Québec, étant toujours sous l’emprise du néocolonialisme canadien, nous avons appris à être plus humbles, plus discrets sur nos héros. Surtout quand pour se faire financer un film, on est obligé de passer le filtre d’organismes comme Téléfilm Canada : difficile de faire comme les Américains et vanter les grands héros Québécois.

Un film où j’ai trouvé que ça allait un pas plus loin à ce niveau est le film sur Louis Cyr. Disons que nous n’avons pas été aussi arrogants que si des Américains avaient réécrit l’histoire d’un Louis Cyr américain, mais tout en relayant les faits historiques assez fidèlement, on a quand même senti un élan de fierté dans la façon de présenter le personnage. Mais ça reste une personne dont la portée des exploits est limitée à son domaine. Nous n’avons pas encore vu un film à la Rambo sur quelqu’un comme Léo Major, dont les exploits sont absolument hallucinants, mais dont on semble taire l’existence pour ne pas alimenter le sentiment de fierté québécoise. Il faut aller aussi loin qu’en Hollande pour découvrir comment Léo Major est élevé au rang de héros national. Que des personnes extérieures à nous réécrivent notre histoire pour remonter la leur, c’est pas c’qu’il y a de plus plaisant. Mais qu’aucun de nous ne pousse plus loin pour créer des histoires propres à nous et pour faire vivre nos héros, ça c’est à mon sens plus grave encore.

Publié le chroniques arts et culture, Journal Le Québécois et étiqueté , , , , , , , .

9 commentaires

  1. Je veux tout de suite vous rassurer : j’ai un ami avec lequel nous avons envie de faire une trilogie à la Rambo avec Léo Major un de ces jours. Pas seulement pour faire connaître ce type mais aussi pour varier un peu les genres dans le cinéma québécois., car des relations interpersonnelles c’est bien, mais on en a soupé…

    • Quelle bonne, géniale, excellente et extraordinaire idée ! Allez-vous être tentés par l’exagération du film «basé sur une histoire vraie» ou allez-vous prévenir le spectateur que l’histoire qu’ils verront s’en tient à la vérité ? Bonne chance pour votre fantastique projet !

  2. C’est la même chose avec les films de drogue en Colombie faits par les Ricains… Nous sommes les barbares et eux les sauveurs de la planète… Rien à faire avec ces salopards!

  3. L’histoire s’écris par les conquérants. Demandez aux autochtones comment ils perçoivent leur relation avec les conquérants Français. Nous subissons depuis le début de l’arrivée des européens un genocide qui perdure encore.

    • revoie ton histoire du Canada français,les anglophones tentent de nous assimilés autant que les autochtones

  4. Faux, l’histoire  »en général » nous apprend que les français, sont venus ici, ont bâti des palissades, ont décidé que c’était chez eux, car c’était la mission commandée du Roi de France. Et ont tués tous les sauvages qui s’approchaient trop de la palissade en bois. // Vrai, LA PROPAGANDE INDÉPENDANTISTE dépeint les colons français comme de joyeux barbus venus copulés avec les belles  »pocahontas ». Et les colons anglais, commes des vampires sanguinaires. Il y a eux, effectivement, quelques fous. C’était ceux, qui dévelopaient des liens avec les sauvages.Il y en a eu autant chez les colons français, que les colons anglais. Ça reste une minorité dans les deux camps. Si vous voulez un pays…Ou plutôt, si le sort des autochtones vous tient le moindrement à coeur, cessez d’écouter les Roy Dupuis de ce monde. C’est de la bullshit. Si nous étions si joyeux et aimant, comment se fait-il que nous restons assis sur notre cul lorsque nous entendons le mot  » réserve « . Comment se fait-il qu’on ne pleure pas trop lorsque notre approvisionnement en énergie est menacée par la souveraineté de ces peuples. Comme nous, ils existent, parce qu’ils résistent. Ils ne résistent pas seulement qu’aux méchants vampires anglais godzilla avec mitraillettes…Ils résistent, aussi, aux joyeux connard barbus français venus copuler, partageant son amour à coup de réserve, de penssionat et de chialage sur les cigarettes pas de taxes. Fermez-la, sérieusement. Vous êtes déprimant….

    • Votre commentaire transpire la haine, que vous le vouliez ou non les colons français vivaient en bon terme avec les amérindiens. Les anglais les ont dépouillés de leurs terres et de leurs traditions. Non, nous ne nous tairons pas quand l’histoire est travestie.

  5. L' »histoire en général », comme vous dites, confirme que dans toutes leurs conquêtes, les Anglais ont gardé une séparation étanche entre eux et les autochtones ( Aux Indes, Au Kanada, aux USA, en Birmanie et ailleurs), jamais ils n’hésitèrent à les génocider, à les déporter, à les pendre (Acadiens, Métis, Amérindiens des USA). Les Français, eux, n’étaient pas des saints, peu s’en faut, mais, habitués de se faire mépriser par les nobles, ils faisaient volontiers des alliances, mariaient leurs femmes, apprenaient leur langue et commerçaient avec eux. Il est évident que ce sont là des généralités, et il y a eu des exceptions. Avec une vision comme la vôtre, je vous comprends d’être déprimé. Je préfère voir le verre à moitié plein, question d’attitude. La vôtre est effectivement déprimante.

Comments are closed.