Les médias russophobes et leurs fausses nouvelles

Tandis que Christine Lagarde vient d’être déclarée coupable de négligence par un tribunal néanmoins complaisant, qui lui épargne la peine qu’elle mériterait tout autant que l’ex-maire de Laval, et tandis que la cote de popularité de François Hollande touche le fond, à 4 %, les marionnettes politiciennes et médiatiques françaises du grand capital se permettent encore de jouer les moralisateurs, apparemment sans aucune honte. Représentants de la fausse gauche ou de la droite semblable, ils disqualifient tous ceux qui n’adhèrent pas inconditionnellement à leurs dogmes néolibéraux et mondialistes, causes du chômage, des guerres, des vagues de réfugiés, des énormes inégalités sociales et de bien d’autres misères.

À entendre le crescendo unanime de ces prétendus détenteurs exclusifs de la vérité qui sévissent depuis l’Hexagone, l’ennemi public numéro un ne serait ni Daech ni les autres terroristes commandités par l’OTAN, mais bien Vladimir Poutine. Le président de la Fédération de Russie serait coupable des pires hérésies. M. Poutine serait même à l’origine de la montée des partis politiques honnis, que les moralisateurs qualifient d’extrémistes, de radicaux ou de populistes. Marine Le Pen et Donald Trump ne seraient que de simples exécutants du tsar Poutine. C’est pourquoi les canailles de la désinformation s’emploient non pas à faire la lumière sur les politiques fondamentalement délétères des dirigeants qui, en France comme au Québec, vendent leur peuple au plus offrant, mais bien à susciter un maximum de répulsion envers celui dont ils sont fort jaloux, compte tenu de sa cote de popularité de près de 90 % en Russie.

À l’instar de leurs pendants nord-américains, les médias acoquinés à l’Élysée et au Quai d’Orsay, qui nourrissent l’imaginaire des salles de presse du Québec et leur permettent de réduire leur masse salariale grâce au copier-coller, sont la proie d’une poussée particulièrement intense de russophobie depuis quelque temps. Ce maccartisme nouveau genre vise à justifier sanctions et agressions. En fin de compte, le but est de mettre encore plus de monde soit dans des cercueils, soit au chômage. Le ministre de la Propagande Joseph Goebbels faisait la même chose du temps de l’Allemagne nazie, et il a fallu 26,6 millions de morts à l’URSS pour libérer le monde de la tyrannie hitlérienne que légitimait la machine à semer la haine de M. Goebbels.

Le 3 février 2014, Gary Kasparov se voit accorder plus de sept généreuses minutes de temps d’antenne sur les ondes de Radio-Canada, pour comparer Vladimir Poutine à Adolf Hitler. Tandis que Céline Galipeau pose les questions prévues, les experts radiocanadiens du montage se chargent d’ajouter les effets spéciaux. La photo ci-dessus est tirée d’un film de 1936 que Radio-Canada diffuse pendant que M. Kasparov parle, ce qui aide les téléspectateurs à bien comprendre l’idée qu’on veut leur enfoncer dans le crâne. Le ministre John Bairdrépète la même comparaison avec Hitler le 3 mars 2014, ce qui est particulièrement odieux quand on sait que les parents de Vladimir Poutine ont failli laisser leur peau à Leningrad assiégée et que les alliés doivent leur victoire contre Hitler et le nazisme avant tout aux sacrifices des Russes.

Que Hitler et Goebbels aient terminé leur parcours dans les poubelles de l’Histoire ne semble aucunement faire réfléchir AFP, RFI et autres France 24. Comme ce fut le cas pendant l’intense campagne russophobe des Jeux olympiques de Sochi, la presse politique française laisse entendre que les héritiers du nazisme se trouvent parmi ceux qui en ont souffert le plus et qui, contrairement à la France de Vichy, l’ont combattu avec acharnement. Vladimir Poutine serait le nouveau Hitler, qui menacerait d’envahir ses voisins et contre lequel la machine militaire de l’OTAN serait le seul garde-fou. Pris de panique devant l’influence grandissante de la Russie sur les peuples occidentaux assoiffés de vérité, les directeurs de l’information inversent carrément la réalité au moyen d’un matraquage fallacieux de tous les instants, perversion honteuse de la liberté d’expression. Et une chaine française de télévision vient de nous en donner un exemple patent dont Radio-Canada ne nous parlera certainement pas. Voici l’histoire du énième mensonge avéré des sermonneurs médiatiques.

Le Mystère Poutine , documentaire de propagande de guerre

Dans Le Mystère Poutine, diffusé le 15 décembre 2016 par France 2, le faux journaliste et habitué des ondes de Radio-Canada Nicolas Hénin raconte que Vladimir Poutine aurait intimidé Nicolas Sarkozy lors de leur rencontre en 2007 et qu’il l’aurait traité comme un maitre-espion « kagébiste » traite ses sources, c’est-à-dire « avec une clé de bras ». France 2 a pris soin d’émailler le récit de M. Hénin d’effets sonores lugubres. Les monteurs français et leurs homologues radiocanadiens ont apparemment étudié au même conservatoire d’art dramatique. Par sa grossièreté, le procédé illustre bien l’état de panique dans lequel se trouvent les metteurs en scène qui pensaient nous avoir tous définitivement transformés en zombies et qui voient tout à coup le tapis leur glisser inéluctablement sous les pieds.

Présenté par France 2 comme un « journaliste », Nicolas Hénin est en fait un agent de la DGSE*. Le gouvernement français a eu abondamment recours aux services de M. Hénin pendant les campagnes de désinformation massive visant à travestir en oeuvres philanthropiques les guerres d’agression de l’OTAN et des pétromonarchies en Libye et en Syrie. Ses faux reportages sont assez souvent relayés par Radio-Canada.

Heureusement, un véritable journaliste français, que les perroquets radiocanadiens du SCRS* François Brousseau, Jean-François Bélanger et Raymond Saint-Pierre qualifieraient sans doute de valet de Poutine, a eu l’idée de poser la question à une personne qui, contrairement à Nicolas Hénin, est bien au courant de ce qui s’est dit lors de la rencontre entre Sarkozy et Poutine au sommet du G8 de 2007. Il s’agit de Jean-David Levitte, ex-conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, qui a assisté à la rencontre en question. Voici la version des faits de M. Levitte :

Dans les premières minutes, Nicolas Sarkozy a effectivement énuméré un certain nombre de sujets qui fâchent, souvent relatifs aux droits de l’homme. Vladimir Poutine l’a écouté puis répliqué qu’à ses yeux il existait également en France des sujets de discorde qui mettaient en jeu les droits de l’homme. Un point partout en somme, et nous en sommes restés là : le ton n’a pas monté et il n’y a eu aucun échange d’insultes. Puis, on nous a apporté du café et des chocolats que Nicolas Sarkozy a goutés avec plaisir. Tiens, toi aussi tu es addict au chocolat ! s’est amusé le premier ministre russe. S’en est suivi une discussion badine et gastronomique sur ce sujet. J’invite ceux qui brodent des romans sur la teneur de ce tête-à-tête à lire le verbatim de cette rencontre qui est conservé aux archives de l’Élysée.

Puis, non contents de faire dire des menteries à leur désinformateur Hénin, les mythomanes de France 2 invitent Sergueï Pougatchev à discuter du « régime » Poutine, une fois le documentaire terminé. (Les pays qui désobéissent au grand capital apatride n’ont pas de gouvernement. Ils ont plutôt un régime, disent France 2 et Radio-Canada.) Or, savez-vous qui est Sergueï Pougatchev ? C’est un oligarque russe qui a fui sa terre d’origine, où la justice le recherche pour un détournement de près d’un milliard de dollars. Après la diffusion du Mystère Poutine, l’animateur de France 2 présente son invité sans sourciller, comme s’il était logique de considérer qu’un présumé voleur en cavale peut judicieusement éclairer le public sur le chef d’État de la Russie.

Le bandit en fuite Sergueï Pougatchev s’est vu gracieusement accorder la nationalité française bien qu’il ne parle pratiquement pas français. Les médias français s’arrachent les services de M. Pougatchev, qu’ils présentent comme une victime du « dictateur » Poutine. Le 15 décembre 2016, il était l’invité de France 2.

Il n’y a que dans les médias occidentaux qu’il est courant de donner une tribune à un criminel et de le présenter comme une victime, tout en bâillonnant les contradicteurs. C’est le genre de méthode qu’emploie constamment Radio-Canada, lorsqu’elle sélectionne ses invités et ses pseudo-experts selon le critère de la conformité avec la doxa de l’OTAN. La plupart des pays occidentaux n’ont pas de traité d’extradition avec la Russie, ce qui permet à leur mafia gouvernementale d’héberger toute la racaille russe et de s’en servir pour mettre des idées dans la tête des contribuables qui financent les guerres et le terrorisme malgré eux.

La chasse aux fausses nouvelles

Les mensonges pullulent dans les médias occidentaux, comme le démontre clairement le dernier spécial télévisuel russophobe de France 2, mais ce n’est pas une raison pour que ces mêmes médias fassent preuve de retenue. Bien sûr que non. La fuite en avant est la seule option qu’ils envisagent. Plutôt que de faire leur examen de conscience, ils préfèrent s’attaquer à tous ceux qui les dénoncent.

Ainsi, par les temps qui courent, le personnel de Radio-Canada a une nouvelle phobie qui lui vient tout droit de Washington : les fausses nouvelles. Il parait que les médias sociaux et certains sites Web sont mauvais pour la santé. Ils pollueraient le cerveau du citoyen lambda, qui n’aurait pas le jugement nécessaire pour distinguer le faux du vrai. Franchement.

Ce sont plutôt les propagandistes radiocanadiens qui nous servent quotidiennement de fausses nouvelles, et nous avons le devoir citoyen de leur opposer une farouche résistance. Grâce aux efforts conjugués des peuples occidentaux fatigués des sinistres fables qu’on s’entête à leur faire avaler, le mensonge finira bien par battre en retraite. D’ailleurs, il commence déjà à s’affoler et dit n’importe quoi pour sauver sa généreuse rémunération. Le jour approche où il ne pourra plus se cacher et devra rendre des comptes. L’humanité aura alors fait un pas important en vue de résoudre les graves problèmes qui la menacent actuellement.


* La DGSE et le SCRS sont les succursales de la CIA en France et au Canada, respectivement.

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