L’affaire du coloc noir – la suite

Je savais bien qu’écrire au sujet de la valse-hésitation menée par certains jeunes péquistes en ce qui concerne un projet de lettre signée conjointement avec des représentants du Front national en France (projet ultimement abandonné) avait le potentiel de remuer bien des sensibilités. Et mon article d’hier qui abordait le sujet n’y a pas manqué. D’autant que les jeunes péquistes concernés par cette affaire étaient pour la plupart des supporteurs affichés du candidat à la chefferie Bernard Drainville. Et qui dit course à la chefferie dit sensibilité à fleur de peau. Comme vous pouvez l’imaginer, ça n’en prenait pas plus pour affecter ma boîte de courriels.

Malgré tout, je persiste et je signe: ce ne sera jamais une bonne idée d’établir le moindre pont entre nos formations indépendantistes et un FN traînant sa réputation nauséabonde.

Ceci étant dit et répété, le lot de courriels et de messages que j’ai reçus hier m’ont amené à allumer mes lumières sur certaines choses. Une source bien au fait du dossier m’a entre autres fait remarquer que les échanges à ce sujet entre des partisans de Drainville et quelques-uns de PKP avaient été menés dans un cadre strictement privé.

J’ai alors lu et relu l’article de La Presse signé Denis Lessard. Et nulle part il n’est fait clairement mention de la chose. On ne parle que de Facebook, sans jamais préciser que les jeunes militants débattaient en privé. Ils réfléchissaient croche. Certes. L’un d’entre eux se permettant même de dire qu’il ne pouvait pas être accusé de racisme car « il a un coloc noir ». Mais tout ça se passait en privé.  Je suis certainement très naïf et niaiseux, mais je ne pensais pas que des messages de cette nature très privée pouvaient aussi facilement se retrouver entre les mains de Denis Lessard.

À la lecture de l’article de La Presse, hier, j’étais plutôt sous l’impression que nous étions une nouvelle fois confrontés à une affaire de réseaux sociaux et d’imprudence. De commentaires garochés n’importe comment – et publiquement – sur Facebook. Dans une page dédiée au projet de lettre PQ-FN par exemple et sur laquelle on aurait invité maladroitement des gens potentiellement intéressés par le projet. Ce qui aurait donné naissance à une crisette du même genre que celle qui avait l’année dernière embarrassé Tania Longpré, la candidate péquiste dans Viau, et ce, parce qu’elle avait par le passé répandu sur son profil Facebook toutes sortes de fadaises concernant justement le PQ.

Mais non, l’affaire du coloc noir n’est pas à placer dans le même registre. Absolument pas.  Les messages que ces jeunes s’envoyaient étaient strictement privés.  Privés comme dans « c’est pas de vos affaires monsieur Lessard ».

Comprenons-nous bien. Cela demeure toujours inacceptable d’avoir jonglé avec l’idée de signer une telle lettre. Cela dénote un manque de maturité intellectuelle. Une incompréhension par rapport à ce que représente vraiment le FN. Mais de l’avoir fait dans un cadre très privé dénote par contre une maturité politique qui est à saluer.

Alors que le Réseau de Résistance vivait ses années les plus chaudes (2009-2011), si le contenu de nos réunions avait été répandu sur la place publique, les polémiques auraient été fort nombreuses. J’aurais passer mon temps à éteindre des feux (c’était pas mal ma job de toute façon vous allez me dire, mais ç’a aurait été encore bien pire, j’vous en passe un papier). Car dans le cadre privé, on teste des lignes, on évalue des stratégies. Certaines sont appropriées. D’autres absolument pas. Et c’est pourquoi ces conversations doivent se mener dans un cadre exclusivement privé.  Heureusement, les militants du Réseau étaient beaucoup plus disciplinés que certains autres.

Alors comment se fait-il que Denis Lessard ait été mis au courant des conversations privées des jeunes péquistes?

Mes sources me disent que les structures jeunesse au PQ sont devenues de véritables passoires. Que certaines personnes règlent des comptes à l’interne en utilisant les médias. C’est d’ailleurs là une culture que le PQ dans son ensemble a développé au fil des ans. Et c’est mauditement inacceptable. On peut se bouffer le nez entre militants. Et dieu sait que ça arrive souvent. Et ça permet même souvent d’avancer dans le droit chemin après coup. Mais jamais, au grand jamais on ne doit le faire en recourant aux Denis Lessard de ce monde qui ne demandent pas mieux pour salir l’ensemble du mouvement.

S’il fallait un jour dénicher celui qui fait suinter dans les médias de Gesca les discussions dérangeantes, mais privées, des comités jeunesse du PQ , il faudrait le goudronner et le rouler par la suite dans la plume.

Publié le chroniques politique québécoise, Journal Le Québécois et étiqueté , , , .

3 commentaires

  1. Patrick! J’aimerais que tu me donnes des exemples. Je ne suis pas dutout convaincu. Selon ton expérience, quel bouffage de nez entre militants a permis d’avancer dans le droit chemin? Tu trouves que le mouvement avance ces temps-ci? Je ne comptes même plus les gens qui se boudent et ne se disent même plus salut lors de réunion. Je trouve que ça ne créer que des obstacles bien capricieux d’un peuple conditionné à ne pas vouloir la liberté. Bien au contraire, je constate que le mouvement continue lentement sa longue pente vers la multiplication et l’atomisation des efforts en petits groupuscules qui font rarement des efforts coordonnés. Le projet de webtélé de la ssjb et le tient en est un exemple. Et je ne vois toujours pas l’intérêt de la stratégie cachée, lorsque notre adversaire a une multitude de riposte. Et que de la stratégie ouverte ne fait que tester le terrain et souvent nous fait décrouvrir des obstacles jusqu’alors inconnus. De plus ça empêche le mouvement de passer pour des cachotiers et des menteurs. La transparence Patrick!

  2. Patrick! J’aimerais que tu me donnes des exemples. Je ne suis pas dutout convaincu. Selon ton expérience, quel bouffage de nez entre militants a permis d’avancer dans le droit chemin? Tu trouves que le mouvement avance ces temps-ci? Je ne comptes même plus les gens qui se boudent et ne se disent même plus salut lors de réunion. Je trouve que ça ne créer que des obstacles bien capricieux d’un peuple conditionné à ne pas vouloir la liberté. Bien au contraire, je constate que le mouvement continue lentement sa longue pente vers la multiplication et l’atomisation des efforts en petits groupuscules qui font rarement des efforts coordonnés. Le projet de webtélé de la ssjb et le tient en est un exemple. Et je ne vois toujours pas l’intérêt de la stratégie cachée, lorsque notre adversaire a une multitude de riposte. Et que de la stratégie ouverte ne fait que tester le terrain et souvent nous fait décrouvrir des obstacles jusqu’alors inconnus. De plus ça empêche le mouvement de passer pour des cachotiers et des menteurs. La transparence Patrick!

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