Joyeux massacre!

Les Syriens ont reçu comme cadeau de Noël deux attentats qui ont fait 44 morts et 166 blessés dans la banlieue de Damas vendredi. Pour aider le peuple syrien, le ministre des Affaires étrangères à Ottawa, John Baird, lui a fait un autre cadeau. Il a déclaré que le gouvernement fédéral allait durcir les sanctions contre la Syrie de manière à l’isoler encore davantage.

Le 11 décembre, la pétrolière Suncor avait annoncé qu’elle suspendait ses activités en Syrie, conformément au voeu exprimé six jours plus tôt par Hélène Laverdière, la porte-parole néodémocrate en matière d’affaires étrangères. Le 15 décembre, Baird a dit aux  ressortissants canadiens de sacrer leur camp de la Syrie avant qu’il ne soit trop tard, c’est-à-dire avant que l’OTAN se mette à bombarder le pays pour propulser ses terroristes au pouvoir.

Nouvelle députée de Laurier-Sainte-Marie depuis le 2 mai, à la place de Gilles Duceppe, Mme Laverdière est une ancienne haute fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères. Elle connait parfaitement les manigances habituelles de son ancien employeur pour améliorer le bilan financier des multinationales canadiennes. Quand l’OTAN aura donné les clés de la Syrie à ses marionnettes, les réserves pétrolières syriennes seront un bar ouvert, comme c’est le cas actuellement en Côte d’Ivoire et en Libye. Suncor reprendra ses activités avec grand bonheur.

Les moralisateurs qui prétendent défendre des idées de gauche sont toujours utiles pour déguiser les opérations terroristes ou guerrières de l’Empire en opérations humanitaires. Les néodémocrates pourfendeurs d’Assad et grands amis de Radio-Canada font très bien le travail de propagande parmi les Québécois qui ont voté pour des pancartes orange et qui les voient comme les bons, contre les méchants conservateurs. Essentiellement, Mme Laverdière réclame que nous sabotions l’économie syrienne. Après, nous enverrons des sacs de riz aux Syriens dans les camps de réfugiés où ils auront élu domicile.

Les scénarios ivoirien et libyen sont en train de se répéter en Syrie. Avant longtemps, le Canada reconnaîtra comme véritable gouvernement de la Syrie le Conseil national syrien, composé d’intégristes musulmans et de bons élèves de l’école de la démocratie des bombes installés aux États-Unis. Le site Web du Conseil national syrien est hébergé par Reconpress, qui serait une société prête-nom de la CIA et du service de renseignement militaire des États-Unis (DIA). La liste des sites Web hébergés par Reconpress en dit long. Peu de temps après cette reconnaissance, l’OTAN bombardera la Syrie, sans doute avec la participation directe ou indirecte du Canada. C’est écrit dans le ciel.

Le récit proterroriste de Brousseau et consorts

Évidemment, fidèle à elle-même, Radio-Canada nous racontait une tout autre histoire vendredi, après les deux attentats en Syrie. Selon le propagandiste expert François Brousseau, l’opposition syrienne aurait été pacifique pendant plusieurs mois avant de se fâcher. Ce ne serait que récemment que des «déserteurs» auraient décidé de prendre les armes contre l’État syrien. Pas plus tard que le 3 octobre, dans la quatrième partie de l’émission Désautels, Brousseau affirmait encore que les opposants syriens étaient systématiquement massacrés par un régime tyrannique alors qu’ils manifestaient gentiment. La violence était selon lui à sens unique. Le seul ennui pour Brousseau, c’est qu’il s’agit d’un gros mensonge, et il le sait très bien parce que je l’en ai informé moi-même.

Depuis que les troubles ont commencé en Syrie, au mois de mars, ils sont caractérisés par des attentats et des massacres en tous genres perpétrés par des hommes armés manifestement commandités par l’OTAN et ses alliés, comme en Libye. Les autorités syriennes en ont souvent présenté des preuves, y compris des armes de fabrication israélienne ayant été saisies. La plupart des personnes tuées par les terroristes en Syrie appartenaient aux forces de sécurité, qui ont perdu en tout 2 000 hommes.

Par exemple, le 8 juin, un groupe armé a pris d’assaut la ville de Jisr Al-Choughour, près de la frontière turque, et a fait 120 morts parmi les forces de sécurité. Les membres de ce groupe venaient vraisemblablement de l’extérieur du pays et faisaient peut-être partie des commandos terroristes formés par l’armée de Nicolas Sarkozy. Les tueries se produisent essentiellement dans des villes syriennes près des frontières, où les terroristes peuvent s’infiltrer, puis déguerpir. Mais, le 3 octobre, 4 mois après le massacre de Jisr Al-Choughour, Brousseau niait encore toute violence armée de la part des «manifestants». On est propagandiste ou bedon on l’est pas. (Des victimes du massacre perpétré à Jisr Al-Choughour, le 8 juin 2011, par des terroristes que François Brousseau qualifie de «manifestants pacifiques».)

Le récit de Brousseau et consorts au sujet de la Syrie est conçu pour justifier le terrorisme et les opérations de destruction de l’OTAN. Radio-Canada est un média menteur qui appuie le terrorisme dans les pays dont les dirigeants tiennent tête aux prédateurs néolibéraux. L’État fédéral canadien, conservateurs, libéraux et néodémocrates confondus, est un État voyou qui appuie lui aussi le terrorisme et qui fait d’énormes dépenses militaires avec les impôts des Québécois, en vue de promouvoir les intérêts des capitalistes héréditaires canadiens.

Comment secouer la torpeur

Les médias du cartel fédéraliste y sont pour beaucoup dans la torpeur du peuple québécois dont se plaignait mon camarade Patrick Bourgeois vendredi. Qu’il s’agisse de nous donner l’habitude de l’indignité ou de nous soutirer des milliards de dollars pour tuer des gens qui ne nous ont rien fait, les médias ont un rôle central à jouer. Ils transforment littéralement les Québécois en zombies qui prennent leur univers fictif pour la réalité.

Les médias gomment les repères historiques de notre peuple, phagocytent sa culture, lui inculquent l’obsession du bilinguisme, minent sa langue et sa fierté, favorisent son asservissement économique et dénigrent et marginalisent son État. Nous n’avons aucun contrôle sur ce que font les médias. Moi et des centaines d’autres personnes accusons régulièrement Radio-Canada, preuves à l’appui, de mentir au public en pleine face; ça n’empêche pas Radio-Canada de continuer.

Pire encore, la classe politique et pseudoactiviste québécoise est tenue en laisse par les médias. Les Pauline Marois et Stephen Guilbeault de ce monde gloussent de plaisir chaque fois qu’un menteur leur tend le micro. Rares sont les gens qui ont la droiture et l’intégrité de Robert Laplante, le directeur de L’Action nationale, et qui refusent d’accorder des entrevues aux médias menteurs, notamment à Radio-Canada. On peut entendre régulièrement les propos éclairants de Robert à l’émission Le pied à Papineau, de Robin Philpot.

Priver un peuple de son droit à l’information est une forme à la fois puissante et indolore d’oppression qui s’apparente aux méthodes moyenâgeuses de l’Église catholique, où toute connaissance non approuvée par le pape était une hérésie. La paysannerie suivait docilement les dictats du curé au service des bourreaux et remerciait Dieu de la laisser vivre. Si nous voulons relancer notre lutte de libération nationale, nous devons faire deux choses: briser le carcan médiatique et rattacher notre lutte à celle des autres peuples opprimés.

Mettez-vous à la place d’un Québécois d’origine africaine, moyen-orientale ou asiatique qui nous entend nous plaindre de l’immigration et de l’anglicisation. Il doit envoyer régulièrement de l’argent à sa famille dans son pays d’origine, dont l’économie est dévastée par les agressions militaires et les politiques coloniales des puissances occidentales. Un de ses frères vient de se faire tuer. Sa soeur vient de se faire violer. Qu’est-ce qu’il en a à cirer, de la défense du français? Ça lui parait bien anodin, comme lutte, comparativement à celle de son peuple.

Savez-vous ce que les Congolais ont fait dernièrement? Ils ont manifesté bruyamment leur colère devant… Radio-Canada à Ottawa. Ils en ont marre d’entendre des mensonges médiatiques qui servent à protéger les vrais responsables de la pagaille dans leur pays: les puissances occidentales et leur associé Paul Kagame, le président dictateur du Rwanda, qui est l’un des plus grands criminels de l’histoire. Joseph Kabila, le type qui vient de voler l’élection présidentielle en République démocratique du Congo, est la marionnette de Kagame, auquel il a cédé une bonne partie de son pays. Des brutes à la solde de Kagame y font régner la terreur depuis 1996, pour le plus grand profit entre autres des minières canadiennes. Les Congolais savent que l’État canadien est un État voyou. Ils savent que Radio-Canada est un média menteur qui obéit à un réseau criminel organisé.

Nous devons aller à la rencontre des Congolais, des Rwandais, des Ivoiriens, des Serbes, des Libyens, des Syriens, des Iraniens, des Camerounais, des Sénégalais, des Palestiniens, des Haïtiens, des Irakiens et des Afghans. Il y a certainement parmi eux des collabos du grand capital. C’est la même chose dans tous les peuples. Mais la vaste majorité de ces frères et sœurs seront aux anges de voir que nous comprenons leur lutte et que nous ne croyons pas un mot de ce que racontent les médias menteurs à propos de leur pays. Ce serait un grand changement par rapport aux bêtises islamophobes d’André Drouin et au nombrilisme du Parti Québécois.

Je peux vous garantir que, si, par exemple, les indépendantistes québécois descendent dans la rue avec les Congolais pour dénoncer Kabila, Ottawa et Radio-Canada, beaucoup de Québécois d’origine congolaise comprendront que le Québec est leur patrie. Ils défendront le français québécois avec nous parce que ce sera la langue de la liberté.

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