Bay Street et ses néobouddhistes d’Ottawa – 1re partie

Premier article d’une série de deux

Pendant que le directeur régional du markéting de l’oligarchie apatride, John James Charest, peine à vendre son projet de société de l’endettement au Québec, son collègue de naguère au PLQ, Thomas Mulcair, nouveau rempart autoproclamé contre la souveraineté du peuple québécois, file le parfait bonheur dans son fauteuil de chef de l’opposition officielle à Ottawa. Un parfum écologiste suffit pour déguiser cet autre employé du grand capital en défenseur du peuple, au grand bonheur des pancartes orange transformées en ambitieux politiciens.

Vendredi et samedi, tout ce qui grouillait à Ottawa de moralisateurs hollywoodiens et d’autres acteurs philanthropes de la grande comédie impérialiste du mensonge accueillaient leur idole le dalaï-lama, qu’on nous a appris à vénérer en tant que chef spirituel et apôtre de la compassion et de l’amour universel. Voilà du gâteau pour des politiciens souhaitant rajouter une couche de vernis humanitaire à leur image, par exemple les néodémocrates Paul Dewar, Peggy Nash et Wayne Marston, que l’on pourrait qualifier de néobouddhistes et qui se pâment pour la galerie devant une pittoresque tunique avec lunettes et sandales.

Les néobouddhistes voient le monde à travers le prisme de Wikipédia, de Cyberpresse et du Globe and Mail. Ils gobent tout ce que racontent les hauts fonctionnaires corrompus des Nations Unies et les officines droits-de-l’hommistes de l’oligarchie, comme Human Rights Watch et Amnesty International. Ils jouent dans la même comédie que les promoteurs de F-35, les prédateurs financiers et les bradeurs de ressources naturelles. Toutefois, ils ont un rôle bien particulier dans cette comédie : appâter les bonnes âmes.

Les Tibétains doivent leur libération à la Chine, certainement pas au NPD

Pour paraphraser Gandhi, disons que le mensonge ne deviendra pas vérité même si tous les acteurs de la gauche factice le répètent à l’unisson sur le plateau de tournage de la grande comédie. Tenzin Gyatso, alias le dalaï-lama, n’a rien d’un saint homme. C’est en fait un vestige d’un régime théocratique cruel et un instrument de déstabilisation de la Chine par le grand capital étasunien, qui aime les nouveaux milliardaires chinois et les usines à iPhone, mais qui tient en respect les héritiers de Mao.

Le Tibet fait partie de la Chine depuis le XIIIe siècle. Cependant, au XVIIe siècle, l’empereur en confia l’administration au dalaï-lama et à sa caste de moines bouddhistes et d’aristocrates, qui s’emparèrent de toutes les terres et exploitèrent sadiquement les paysans.

Dans le « bon vieux temps » du dalaï-lama, c’est-à-dire jusqu’en 1959, 95 % de la population du Tibet était analphabète. L’usage de la roue lui était interdit par mononcle Tenzin, et les serfs qui désobéissaient à leur maitre se faisaient couper un bras ou arracher les yeux. Mettons. Sinon, il arrivait aussi qu’un seigneur veuille s’exercer au tir, juste pour rire, et prenne l’un de ses serfs comme cible.

En 1951, après avoir vaincu les Britanniques, les Étasuniens, les Français et les collabos chinois qui avaient asservi la Chine pendant un siècle et demi, Mao Tsé-toung signe un accord avec les autorités tibétaines pour délivrer le peuple du Tibet du servage féodal. L’Armée populaire de libération chinoise arrive pacifiquement au Tibet et y est chaleureusement accueillie. Les soldats troquent le fusil pour la faucille et le marteau et se mettent à travailler aux côtés des paysans, qui découvrent ainsi la solidarité, la prospérité et la liberté.

Mao donne un peu de temps au dalaï-lama pour mettre en œuvre les réformes nécessaires. Au début, le dalaï-lama semble coopératif. Mais, évidemment, le grand capital étasunien voit le communisme comme un danger mortel pour son droit divin au profit, alors Washington se met à construire et financer la rébellion tibétaine. Avec beaucoup d’argent, il est facile de convaincre suffisamment d’imbéciles que tuer leurs frères est une bonne idée. Des terroristes tibétains sont formés au Colorado et des armes sont introduites au Tibet.

En 1959, les terroristes financés par Washington sont écrasés par l’Armée populaire de libération, et Tenzin Gyatso devient un salarié de la CIA en exil. Depuis ce temps, cet admirateur de George W. Bush colporte ses prêches hypocrites dans le monde et, grâce à l’argent de ses parrains oligarques, dispose d’une grosse machine de propagande ayant fait de lui le pendant masculin de mère Teresa. Tenzin Gyatso a reçu le prix Nobel de la paix. Comme Obama.

Aujourd’hui, malgré ce que peuvent en dire les exilés financés par Washington, personne au Tibet ne regrette la triste époque encore récente du dalaï-lama. Le taux d’analphabétisme est de moins de 3 %. Le tibétain est la première langue et est obligatoire dans les écoles. Le Tibet est la seule région chinoise où l’école est gratuite, avec logement et nourriture gratuits pour les élèves. Depuis la fin du règne du dalaï-lama, l’espérance de vie des Tibétains est passée de 35 ans à 70 ans.

Malgré ces progrès, mononcle Tenzin est un maudit bon gars dans l’esprit des néobouddhistes d’Ottawa, qui font honte à l’Internationale socialiste par leur culte de la théocratie et du servage. Parions que Thomas Mulcair, grand pourfendeur des démocrates que sont les indépendantistes québécois, applaudirait l’indépendance du Tibet et la réinstallation du dalaï-lama sur son trône.

Des pseudohumanitaires en harmonie avec la désinformation

Les néobouddhistes d’Ottawa ne sont pas seulement des admirateurs du servage féodal. Ils adhèrent aussi à beaucoup d’autres causes pseudohumanitaires et sont en parfaite harmonie à cet égard avec leurs amis de Radio-Canada, des autres médias menteurs et des ONG à gages. Comme par hasard, ces causes concordent toujours avec les intérêts de Goldman Sachs, des grandes pétrolières, des grandes minières et du complexe militaro-industriel.

Les néobouddhistes aiment autant les ouïgours que le dalaï-lama. Sans doute parce que les terroristes ouïgours sont, eux aussi, financés et équipés par la CIA pour fomenter des émeutes en Chine comme celles que leurs camarades terroristes tibétains ont fomentées en 2008, à Lhassa, au grand plaisir de CNN et des autres médias de l’oligarchie. Les néobouddhistes répètent comme des perroquets ce que les médias de l’oligarchie racontent à propos des horreurs prétendument commises par les Chinois, même si les États-Unis, ce royaume incontesté du mensonge, ont plus de 700 bases militaires à l’étranger et que la Chine n’en a aucune.

En mars 2008, les chaines de désinformation en continu, qui servent de fondement à la politique étrangère du NPD, ont complètement inversé la réalité et prétendu que les autorités chinoises réprimaient un soulèvement populaire légitime au Tibet. On connait la rengaine. Les Libyens et les Syriens la connaissent très bien, eux aussi. Peggy Nash s’était alors indignée de cette « répression », et son indignation avait été gaiement relayée par… un site ouïgour. (Pour voir jusqu’à quel point ce soulèvement n’avait rien de populaire, ni de légitime, voyez le cinéma-vérité au bas du présent article.)

Les néobouddhistes n’ont jamais prononcé le nom de Paul Kagame aux Communes. Pourtant, Kagame est probablement l’un des plus grands assassins de l’histoire récente de l’humanité, pas très loin derrière Adolf Hitler, et à peu près à égalité avec Bush père et fils, Bill Clinton et Barack Obama. C’est normal, car le maitre à penser du NPD concernant l’Afrique centrale est Gerald Caplan, lui-même un promoteur infatigable des guerres et du régime de Paul Kagame, qui sont la cause des souffrances atroces et interminables des Rwandais et des Congolais depuis 1990.

Vous pensez que c’est parce que les néobouddhistes ne savent pas ? Mais non, ils savent très bien. Par exemple, le 29 avril 2010, l’association Agir Ensemble pour la Paix au Congo a dit ceci au Comité des affaires étrangères et du développement international :

[Les crimes perpétrés au Congo profitent] à Paul Kagame et à ceux qui veulent tirer des richesses du Congo. […] D’autre part, Paul Kagame n’est que le bras armé des grandes multinationales. C’est archivé et documenté. Le rapport du groupe d’experts des Nations Unies est clair à ce sujet. On peut vous en fournir une copie. C’est à ces multinationales que profite le crime. Cela profite également à Paul Kagame […]

Paul Dewar, porte-parole néobouddhiste en matière d’affaires étrangères, était présent à cette séance de comité parlementaire. Il a entendu le cri de détresse des Congolais, mais il n’a jamais prononcé lui-même le nom de Paul Kagame. Il fait la sourde oreille. Pourquoi ? Parce que ses patrons, les grandes sociétés minières cotées à la bourse de Toronto, lui ont fait savoir que ce n’était pas acceptable.

Les grandes sociétés minières qui pillent l’Afrique avec l’aide de Paul Kagame ont fait savoir également, à Paul Dewar et à Hélène Laverdière, sa remplaçante le temps de la course à la direction du NPD, qu’il n’était pas acceptable de défendre Léon Mugesera contre l’expulsion inhumaine qu’on lui a fait subir. Les néobouddhistes adoptent les causes autorisées par le grand capital et ses médias menteurs pour donner au peuple l’illusion que la démocratie existe et qu’il y a des bons et des méchants. Sont permises les causes qui feront plaisir à un groupe écologiste ou à un syndicat bailleur de fonds du NPD, mais qui ne changeront rien à la donne fondamentale, où le pouvoir réel est entre les mains d’une minorité d’oligarques régnant sur le monde.

Il est de bon ton et il est approuvé par Radio-Canada, pour un néobouddhiste, de défendre les valets de l’oligarchie déguisés en opposants politiques comme Aung San Suu Kyi, au Myanmar, lauréate elle aussi, comme par hasard, du prix Nobel de la paix et citoyenne honoraire du Canada. Hélène Laverdière et son parti s’intéressent vivement au combat d’Aung San Suu Kyi, mais n’ont jamais dit un mot au sujet de l’opposante rwandaise Victoire Ingabire, qui croupit dans une geôle de Paul Kagame depuis qu’elle a essayé de se présenter contre lui à l’élection présidentielle de 2010. Devinez pourquoi.

La suite jeudi

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Cinéma-vérité

L’histoire des serfs tibétains, documentaire rappelant les souffrances du peuple tibétain sous la férule du dalaï-lama. Voyez aussi Le cinquantenaire de la réforme démocratique au Tibet, livre que n’a certainement pas lu Hugo Latulippe avant de réaliser Ce qu’il reste de nous, un film subventionné par l’Office national du film du Canada avec les deniers publics et tourné clandestinement par François Prévost et sa femme, Kalsang Dolma. Évidemment, Radio-Canada a fait une abondante et larmoyante promotion de Ce qu’il reste de nous, en particulier à son émission de désinfodivertissement, « Tout le monde en parle ». Dans une entrevue, Kalsang Dolma nous apprend que, pendant le tournage du film, « beaucoup de Tibétains se prosternaient devant l’écran vidéo qui montrait l’image de Sa Sainteté le dalaï-lama ». Elle affirme aussi que le dalaï-lama est le « représentant authentique de son peuple ». Mais oui, Madame Dolma, le peuple tibétain doit regretter amèrement l’époque ou celui qui regardait un moine bouddhiste de travers devait se faire arracher les yeux.

Première vidéo d’une suite de quatre. En mars 2008 se déroulent à Lhassa des émeutes dont les médias occidentaux s’emparent immédiatement pour accabler la Chine. Les émeutes seraient prétendument le résultat de la répression chinoise, à laquelle les morts seraient imputables. Dans leurs reportages fallacieux, les médias occidentaux montrent entre autres des images de policiers népalais et les présentent comme des policiers chinois. Ces reportages font partie intégrante des « opérations psychologiques » des États-Unis, qui sont affairés à encercler militairement la Chine. Pendant ce temps, les émeutiers à la solde du sérénissime dalaï-lama et de ses protecteurs à Hollywood et à la CIA saccagent, mettent le feu et assassinent. Les images tournées sur placemontrent clairement des moines « pacifiques » en train de participer au saccage de boutiques chinoises.


Jean-Luc Mélenchon remet les pendules à l’heure après les émeutes au Tibet et les protestations sur le parcours de la flamme olympique : « C’est quand même incroyable de voir des Français qui sont prêts à se disputer entre eux d’une manière terrible pour la séparation des Églises et de l’État trouver normal qu’une religion se transforme en État au Tibet. […] On ne peut pas se réclamer de droits universels et ensuite, l’instant d’après, trouver normale la théocratie au Tibet. » Jean-Luc Mélenchon est un vrai homme de gauche lucide. Pas Mulcair et sa bande de néobouddhistes marionnettes de l’oligarchie.


Exemple de reportage dithyrambique de Radio-Canada pour chanter les louages du dalaï-lama. Ce reportage de Stéphane Leclair a été diffusé le 28 avril 2012, à l’occasion de la visite du dalaï-lama à Ottawa. Lectures recommandées à M. Leclair et à ses collègues sympathisants de la théocratie : Dalaï-lama : pas si zen, un livre de Maxime Vivas ; dossier sur le Tibet du site « Arrêt sur images » ; site « Le Tibet après 50 ans de réforme démocratique ».

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