Le 1er avril 2007, Julie Miville-Dechêne est entrée en fonction comme ombudsman de Radio-Canada, une charge honorifique bien rémunérée. Elle est devenue une sorte de gouverneuse générale des nouvelles. Une figurante dans la mise en scène que l’on appelle «démocratie». Ses patrons avaient de bonnes raisons d’être satisfaits de son travail au coeur de la machine de désinformation fédérale. En effet, quelques semaines plus tôt, en pleine campagne électorale québécoise, la journaliste Julie Miville-Dechêne avait su attaquer d’un seul reportage deux ennemis jurés des propriétaires du système fédéral: le mouvement indépendantiste québécois et les empêcheurs de piller en rond au Congo.
Le candidat du Parti Québécois dans Saint-Henri-Sainte-Anne, en mars 2007, se nommait Robin Philpot, militant indépendantiste québécois d’origine canadienne-anglaise et auteur bien connu des Secrets d’Option Canada, de Référendum volé et de Ça ne s’est pas passé comme ça à Kigali. Pour les petits boss de Gesca payés par Desmarais et pour leurs acolytes de Radio-Canada, l’homme avait fait assez de dégâts comme ça; il fallait l’abattre. Et comme il incarnait à la fois la lutte de libération du peuple québécois et la lutte des Rwandais et des Congolais pour la vérité, la justice et la paix, on ferait d’une pierre deux coups. L’Empire anglo-étasunien et ses laquais canadiens seraient contents, eux qui cherchent à reléguer définitivement le français au rang de langue marginale, voire folklorique, pour mieux s’approprier le monde, et qui détestent tout ce qui les empêche de tuer et de piller derrière leur façade démocratique.
Le téléphone sonna donc chez Radio-Canada: c’étaient les petits boss qui, depuis leurs bureaux du journal La Presse, transmettaient les ordres. Gesca allait publier un article accusant Robin Philpot de «nier le génocide rwandais»… dans un livre publié 4 ans auparavant. Radio-Canada avait comme mission d’y faire écho, et Julie-Miville Dechêne fut chargée de la partie télévisuelle de l’assassinat, c’est-à-dire celle qui allait se faire aux frais des contribuables. Et elle s’acquitta de sa tâche avec un brio qui allait confirmer sa loyauté de bonne à tout faire du réseau de la désinformation et lui valoir sa nomination décorative au poste d’ombudsman.
Il s’agissait essentiellement de dépeindre Robin Philpot comme un polémiste insensible à la souffrance des Tutsis. Contrairement à ce qu’affirma Bernard Derome dans l’introduction du reportage, Julie Miville-Dechêne n’avait pas lu le livre de Robin Philpot et encore moins fait des recherches pour vérifier les sources de l’auteur ou se renseigner davantage. (Elle dut avouer sa faute et le mensonge en réponse à la plainte que j’adressai par la suite au Conseil de presse du Québec, une autre instance décorative). Elle se fia plutôt à son collègue propagandiste André Noël et à sa muse, Pierre Trudel, un Blanc menteur ou naïf comme Kagame les aime.
Julie Miville-Dechêne courut voir une association de suppôts de Kagame qui revendiquent le droit exclusif de pleurer les victimes du génocide rwandais. Seuls les Tutsis auraient été victimes d’un génocide. Pas les Hutus, dont les morts seraient plutôt des «dommages collatéraux» de la guerre. Les Hutus étant collectivement accusés d’être des génocidaires, Mme Miville-Dechêne n’a pas cru bon de leur tendre le micro. Elle donna la parole uniquement aux relais de la propagande de Kigali.
Peu soucieuse de vérifier les affirmations de ses interlocuteurs, la future ombudsman s’employa à démontrer à ses patrons qu’elle maitrisait bien l’art de la mise en scène. Elle interrogea une femme «violée plus de cinq-cents fois». Si, si, vous avez bien lu. Pas dix fois, ni cinquante fois, mais plus de cinq-cents fois.
Dans la plus pure tradition de l’ubwenge, cette façon de mentir qui fait partie de la culture tutsie et qui est considérée comme une forme suprême d’intelligence au Rwanda, les «victimes» mises en scène par Mme Miville-Dechêne se montrèrent interloquées et «heurtées de plein fouet» lorsqu’il fut question du génocide des Hutus. Seuls les Tutsis peuvent revendiquer le titre de «victimes d’un génocide», en Afrique centrale. Les Tutsis sont les Juifs de l’Afrique. Les Hutus sont des génocidaires, point à la ligne.
Extraits des calomnies de Radio-Canada dont a été victime Robin Philpot le 8 mars 2007 |
Or, dans leur rapport, les enquêteurs du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU viennent d’établir que les Hutus ont été massacrés systématiquement et à grande échelle, que ces massacres pourraient bien être qualifiés de génocide par un tribunal compétent et que ceux qui ont organisé et perpétré ces massacres sont les prétendus «défenseurs des Tutsis», qui auraient, selon les médias, «arrêté le génocide de 1994».
«Les attaques systématiques et généralisées décrites dans le présent rapport, ayant ciblé de très nombreux réfugiés hutus rwandais et membres de la population civile hutue et causé leur mort, révèlent plusieurs éléments accablants qui, s’ils sont prouvés devant un tribunal compétent, pourraient être qualifiés de crimes de génocide.» |
Les horreurs décrites dans le rapport sont connues depuis longtemps, mais les médias occidentaux les ont passées jusqu’ici pratiquement sous silence, ce qui les rend indirectement complices puisque la violence ne s’est pas arrêtée en 2003, loin de là. Elle se poursuit encore aujourd’hui et fait des victimes non seulement parmi les Hutus, au Rwanda et au Congo, mais aussi parmi d’autres populations bantoues du Congo, sans que personne, dans les médias conventionnés, ne pointe du doigt les vrais responsables: Kagame et ses parrains de l’Empire anglo-étasunien. Si les médias avaient fait leur travail, nous n’en serions pas là, car les tueurs auraient déjà été démasqués.
Réfugiés hutus traqués par la soldatesque de Kagame, au Zaïre, en 1997 Dans un documentaire bouleversant, «Loin du Rwanda», Hubert Sauper retrouve 100 000 survivants hutus abandonnés par la communauté internationale, qui s’efforcent de sauver leur peau au milieu de la jungle zaïroise, près de Kisangani. Épuisés, malades et décharnés après leur fuite de plusieurs mois, à pied, sur mille kilomètres, ils sont traqués comme des bêtes par les assassins de Paul Kagame, dirigés par James Kabarebe. Le 22 avril 1997, les hommes de Kabarebe massacre les réfugiés à la mitrailleuse, pendant la nuit, après les avoir rassemblés dans deux camps pour y recevoir prétendument les secours de l’ONU. Au lieu des secours, les réfugiés reçoivent la visite de leurs bourreaux, qui les abattent comme du bétail. |
J’ai constamment essayé d’attirer l’attention des journalistes sur ce grave manquement à leur obligation de rapporter objectivement l’information. À quelques rares exceptions près, ils ont fait la sourde oreille. Ils se sont bornés à diffuser de l’information confuse, selon laquelle les viols et les autres formes de violence seraient devenus une façon de vivre au Congo. À les entendre, divers groupes rebelles auraient tous perdu la tête, et tout le monde serait coupable à peu près au même degré, quel que soit l’ethnie ou le regroupement politico-militaire.
En outre, les journalistes n’ont jamais essayé d’informer le public sur les Canadiens ayant été directement mêlés aux massacres de Hutus, notamment le général Maurice Baril et le neveu de Jean Chrétien, Raymond Chrétien. Ils n’ont jamais fait enquête sur les meurtres de Québécois au Rwanda, soit le père Claude Simard (1994) et le père Guy Pinard (1997). Ils n’ont pas demandé aux autorités canadiennes pourquoi elles n’avaient exigé aucune explication de la part du Rwanda, sur ces meurtres.
Les journalistes n’ont jamais interrogé la Canadienne Louise Arbour, ex-juge de la Cour suprême, pour en savoir plus long sur les raisons qui l’avaient poussée à ordonner à l’enquêteur australien Michael Hourigan de faire disparaitre les preuves de la responsabilité du FPR et de Paul Kagame dans l’attentat du 6 avril 1994, qui fut le point de départ du génocide rwandais.
Reportage sur la complicité de la MONUSCO avec les bourreaux Certains journalistes commencent à comprendre que l’Empire anglo-étasunien nous ment systématiquement. Le 25 aout 2010, Sophie Langlois présente le reportage ci-dessus, où elle révèle non seulement que les casques bleus n’interviennent pas lorsque des femmes se font violer plusieurs jours d’affilée, mais que les dirigeants de la MONUSCO mentent effrontément pour dissimuler leur complicité. Roger Meece, que l’on voit dans le reportage et qui dirige la MONUSCO, est un diplomate étasunien au service de ses maitres du Pentagone et de la Maison-Blanche. Il a pour but de veiller à ce que les brutes de Kagame puissent sévir en toute liberté au Congo. |
Derrière toutes ces tueries dissimulées au regard du public se cachent de nombreuses sociétés minières canadiennes, qui pillent le Congo avec d’autres sociétés occidentales, notamment pour approvisionner le complexe militaro-industriel en cobalt et en coltan. Malgré cette implication canadienne, les journalistes radiocanadiens se sont très peu intéressés aux activités des minières, et Radio-Canada a même rapatrié son seul correspondant en Afrique, Sophie Langlois, qui doit maintenant travailler depuis Montréal.
Les investissements des sociétés minières canadiennes en Afrique ont atteint 21 milliards de dollars en 2010. Comme par hasard, ils ont triplé depuis le début de la guerre d’agression déclenchée par le FPR, en 1990. Le gisement d’or qu’exploite la minière Banro, au Sud-Kivu, vaut plus de 10 milliards de dollars. Les Congolais n’en tireront que des miettes, et l’État congolais ne percevra que des redevances symboliques. Le gros du pactole enrichira les actionnaires. Banro peut procéder à ce pillage grâce à la bienveillante protection du FPR et de Paul Kagame, qui sont maitres du terrain et qui y font la loi.
La petite reine fédérale et son nouvel ami La gouverneure générale du Canada, arriviste qui trône au Parlement, mais qui n’est rien d’autre qu’une agente de relations publiques pour la monarchie britannique et le pouvoir néocolonial d’Ottawa, a l’air de très bien s’entendre avec le plus grand meurtrier en série sur terre, Paul Kagame. Les affaires d’or que font les minières canadiennes en RDC ne sont sans doute pas étrangères au sourire de l’ancienne propagandiste de Radio-Canada, elle qui ne peut surtout pas prétexter l’ignorance, puisqu’elle s’est fait abondamment renseigner sur le dossier criminel du patron des violeurs-assassins sévissant en RDC. Julie Miville-Dechêne succèdera-t-elle un jour à son ex-collègue radiocanadienne? En tout cas, elle semble bien partie pour faire la guidoune aristocratique, elle aussi. |
Même si le rapport du Haut-Commissariat des droits de l’homme sème l’émoi, il ne révèle rien de nouveau. De nombreux auteurs avaient déjà décrit en long et en large les crimes de Paul Kagame et de ses brutes, dans des ouvrages solidement étayés, comme «Loin du Rwanda», le documentaire d’Hubert Sauper qui nous fait vivre la traque impitoyable subie par les Hutus au Zaïre, en 1997, ainsi que les souffrances incommensurables qu’ils ont endurées pendant des années. L’un de ces auteurs se nomme Robin Philpot. C’est à lui que le rapport du Haut-Commissariat donne raison aujourd’hui. Et c’est lui que Julie Miville-Dechêne, Radio-Canada et leurs petits boss chez Gesca traitaient avec mépris de négationniste, en mars 2007.
Quand Mme Miville-Dechêne et Radio-Canada présenteront-elles leurs excuses à Robin Philpot, aux Hutus et aux Congolais pour avoir occulté des faits importants et avoir négligé le point de vue de ceux qui, depuis plus de dix ans, dénoncent l’histoire convenue du génocide rwandais? Combien de vies auraient été sauvées si, dans les pays occidentaux qui aident le FPR depuis 1990, la population n’avait pas été systématiquement désinformée et avait pu comprendre que, loin d’être un sauveur, Paul Kagame est un terrible assassin dont le fonds de commerce est le «génocide des Tutsis»?
Résumé de l’état actuel des connaissances sur le génocide rwandais |