La campagne électorale 2018 nous laissera-t-elle de bons souvenirs? Pas beaucoup, je le crains. Plus souvent qu’autrement, on a nagé dans le provincialisme mur à mur. Même chez les partis indépendantistes, et ce, malgré certaines candidatures pleines d’espoir. Combien d’indépendantistes voteront avec enthousiasme cette année? Je me le demande. Comme toujours, une chose fondamentale devrait nous guider : l’avenir du mouvement indépendantiste. Parce que sans l’indépendance, c’est notre mort lente et notre assimilation à l’Amérique anglo-saxonne qui se poursuivront. Qu’on le veuille ou non. Et comme disait Falardeau, un peuple qui meurt, ça meurt longtemps, c’est laid et c’est tough. Nous avons le bras dans le tordeur.
Il n’y a donc rien eu pour moi de très enthousiasmant dans la campagne électorale cette année. Passons rapidement sur le PLQ et la CAQ, deux ramassis d’opportunistes, voire de corrompus, de néolibéraux qui se contre-foutent de l’avenir du Québec et de la planète et de fédéralistes nouveaux ou anciens qui se tapent un concours de génuflexion devant Ottawa dans la plus grande indécence. À vomir. Il faut vraiment que certains de nos compatriotes soient en perte de repères pour vouloir voter pour ça… Mais du côté des partis indépendantistes et progressistes, du Parti Québécois et de Québec Solidaire, a-t-on vraiment été à la hauteur de la situation? Ma réponse : exception faites de certains candidats réjouissants… pas tellement, comme dirait Madame Chagnon.
Tout d’abord, regardons un peu le Parti Québécois. Sous Jean-François Lisée, on a trahi la raison d’être du parti et remisé l’indépendance à un hypothétique deuxième mandat, donc aux calendes grecques, ne nous comptons pas d’histoire. Comme si ce n’était pas assez, Lisée a même promis qu’il ne ferait rien, n’investissant pas une cenne noire de l’État, pour la promotion de l’indépendance dans un premier mandat. Promesse « en fer forgé ». Épouvantable, et le mot est faible. La mise à jour d’études sur la souveraineté? Bien sûr! Comme les études Corbo, mises sur une tablette par le PQ dès leur impression. Et oui, Lisée a parlé d’indépendance devant les militants pour sauver sa peau. Parfois quelques lignes en conférence de presse, sachant qu’elles ne seraient pas reprises car associées à aucun engagement. Quelques phrases aux débats des chefs. Très peu. Trop peu. Le hochet dont parlait Jacques Parizeau.
Du côté de Québec Solidaire, la campagne nationale a aussi été assez décevante sur ce plan. De belles affiches indépendantistes, oui, quelques bonnes lignes aux débats des chefs, certes, quelques annonces, mais l’indépendance était loin d’être centrale dans le discours des principaux porte-paroles de QS au jour le jour. Comme si le programme de QS n’était pas le plus résolument et le plus clairement indépendantiste! Comme quoi, au-delà des programmes, il y a ceux et celles qui les portent. Et ni Manon Massé ni Gabriel Nadeau-Dubois n’ont porté très haut le ballon de l’indépendance durant cette campagne. Il n’y a pas eu d’effort constant à en faire le thème dominant, même s’ils en ont parlé plusieurs fois, selon les circonstances, selon le thème du jour. Une chance que certains candidats, notamment issus d’Option nationale, s’en permettaient davantage! Et ces errements de QS sur la question de l’intégrité du territoire québécois… Décevant, dis-je.
Alors, on fait quoi?
On pense au 2 octobre. À la suite des choses. À l’avenir du mouvement indépendantiste. Lorsque le PQ et QS auront constaté l’impasse et qu’ils devront procéder à une bonne et salutaire introspection, qui voulons-nous comme acteurs majeurs de ces partis? Ma réponse : des personnes farouchement indépendantistes et qui comprennent la nécessité de la convergence des forces indépendantistes pour faire advenir le pays du Québec. On pourrait donner des noms. De ces candidatures pleines d’espoir pour reconstruire le mouvement indépendantiste. Allez, je me gâte, voici quelques noms.
Chez QS, je souhaite ardemment l’élection de personnes comme Catherine Dorion, Sol Zanetti ou Alexandre Leduc, pour ne nommer que ceux-là. Des indépendantistes convaincus qui ont fait de la libération nationale le cœur de leur engagement. Ils seraient de grands atouts pour la suite des choses. Vraiment. Du côté du PQ, je pense évidemment à Jean-Martin Aussant, appelé à remplacer Jean-François Lisée au lendemain de l’élection et à amorcer la nécessaire convergence avec QS. Seul Aussant pourra réparer les pots cassés par Lisée et Duceppe. Je pense aussi à Patrick Ney, digne successeur de Martine Ouellet dans Vachon. Et il y en aurait d’autres. Avec eux, le PQ pourra retrouver la voie de sa raison d’être. Il y a des gens qui veulent vraiment l’indépendance chez QS et au PQ; je veux ces gens-là. Les autres…
Alors, vous faites ce que vous voulez, mais personnellement j’invite les indépendantistes à juger de la valeur des candidats de QS et du PQ dans leur circonscription pour l’avenir du mouvement indépendantiste, et à voter en conséquence. Parce que les campagnes nationales menées par nos deux partis, c’est pas très fort. Il faut voter stratégique, paraît-il? Et si voter stratégique c’était aussi voter pour ses convictions? Au-delà de la partisannerie entre QS et le PQ, votons pour le candidat péquiste ou solidaire dont les états de service et l’engagement pour l’indépendance sont les plus sérieux. Ça me semble la meilleure stratégie pour la reconstruction du mouvement indépendantiste à partir du 2 octobre. Et avec le PQ et QS qui devraient recueillir ensemble entre 35% et 40% des suffrages, il y a là toute une base dans l’électorat pour rebâtir le mouvement indépendantiste. S’il y a une bonne nouvelle dans la présente campagne, c’est celle-là.
Donc, le 2 octobre, on se calme un peu la partisannerie et on regarde vers l’avenir. L’indépendance ne sera possible que par la convergence des forces indépendantistes. Je le répète : ni le PQ ni QS ne feront l’indépendance seul. La division nous est fatale et cette division est la faute de tous. De nous tous. Personnellement. Qu’on cesse de se jeter la pierre de manière tout à fait puérile. Les chicanes de cour d’école entre le PQ et QS, faudra que ça cesse. Qu’on rebâtisse ensemble le mouvement de libération nationale. Comme disait Monsieur, le 2 octobre, on se crache dans les mains et on recommence! TOUS ENSEMBLE.
Bonne fin de campagne quand même. Et vive le Québec libre!