Une fin de campagne retour de boomerang contre la CAQ

La série de bêtises caquistes écrase la malheureuse bêtise Solidaire

La démission forcée de la candidate Solidaire de Camille-Laurin bouleverse à juste titre surtout chez la militance du sud-est de l’Île-de-Montréal et encore plus chez les femmes du parti. Elle hâte le bilan de la campagne avant son terme. Une militante du parti très engagée dans la lutte pour le parc nature dans le secteur L’Assomption met le doigt sur le bobo quand elle dit être « déçue de l’image du parti qui tourne principalement autour de Gabriel Nadeau-Dubois, et qui nourrit un genre de vedettariat du ‘’chef’’ qui me rend très mal à l’aise dans un parti qui a toujours prétendu vouloir ‘’faire de la politique autrement’’ ». Ça n’aurait pas été en effet la mer à boire d’aller contre le courant en donnant la vedette à maintes occasions à des porte-parole sectoriels et régionaux. À la place on voit le parti sacrifier la démocratie et l’égalité féministe des double porte-parole au culte du chef bon papa.

Il faut repousser le piège de l’auto-mansuétude qui mêle pommes et oranges

La militante contraste ce style très traditionnel de la campagne Solidaire, et pire encore le comportement sexiste de maints candidats tous partis confondus, tout comme leur politique d’enrichissement des uns et d’appauvrissement des autres, avec « le moralisme et le paternalisme [et] l’humiliation publique » ruinant quinze ans de militance et six mois de porte-à-porte intense de la candidate Solidaire éconduite. C’est là cependant comparer des pommes individualistes et des oranges politico-sociales. Le monde politique capitaliste réellement existant est en effet un monde d’hyènes s’entre-déchirant à vif comme le dit la militante.

Sans s’y adapter corps et âme comme Québec solidaire a tendance à le faire, il n’est cependant pas possible de ne pas en tenir compte. Une conjoncture de guerre et même de grève crée certes un espace politique de morale extensible où la riposte légitime, et peut-être politiquement pertinente, se doit souvent d’être illégale et même violente. Ce n’est pas ici le cas. Excuser la bêtise de l’expérimentée et avocate candidate Solidaire malgré sa très modeste portée enverrait un signal de laisser-aller. En cette ère de corruption et de passe-droit, une telle
auto-mansuétude ouvrirait la porte à pire encore, sous le feu de la rampe des médias souvent hostiles, pour un parti de gauche voulant faire de la politique autrement… et qui ne le fait pas toujours tant s’en faut.

Le chat identitaire, méprisant et incompétent de la CAQ sort du sac

La promptitude Solidaire dans cette affaire a heureusement permis de tourner la page, sauf pour le malheureux électorat de Camille-Laurin, au profit de la mise en lumière des bêtises on ne peut plus sérieuses de la CAQ qui les cumule en cette fin de campagne.Que ce soient les grossiers propos anti-immigrants confinant au racisme du ministre de l’Immigration non démis et du Premier ministre, du je-m’en-foutisme envers la santé des habitants de Rouyn-Noranda (et des riverains du secteur L’Assomption) et de la soumission du gouvernement à une firme conseil étasunienne pour la gestion de la pandémie, le chat identitaire, méprisant et incompétent de la CAQ sort du sac.

Dans cette affaire malheureuse, Québec solidaire a eu le bon réflexe comme le parti l’a eu en réaction à l’attaque « taxe orange » de la CAQ en faisant valoir que la taxation des riches est nécessaire au financement des services publics et des programmes sociaux. (Soit dit en passant, la réforme fiscale Solidaire est fort légère pour combler le rattrapage social à faire et pour répondre à la lutte climatique. Elle n’apparaît lourde que vis-à-vis les quatre larrons néolibéraux.) Cependant, si les réflexes sont bons, les politiques réfléchies ne le sont pas toujours. Pourquoi se mettre sur la défensive avec cette « calculatrice » partiellement erronée s’appuyant sur le réflexe anti-collectivité des « classes moyennes » de payer le moins d’impôts et de taxes possibles ?

Rendez-vous donc pour le bilan de la campagne. Mais la direction du parti en voudra-t-elle sauf pour la forme ?

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