Finalement le gouvernement Trudeau s’est résolu à employer la répression… ou plutôt à jouer l’hypocrisie en s’en remettant aux forces policières soi-disant agissant en toute indépendance sur ordre d’injonction demandée par le Canadien National ou le Canadien Pacifique. Pour l’Ontario et le Québec, la couche d’hypocrisie est encore plus épaisse car ces forces policières sont de juridiction provinciale. Plus ratoureux, tu meurs. On a fait beaucoup de cas du blocage de Tyendinaga qui aurait paralysé le transport pan-canadien est-ouest jusqu’à ce qu’on apprenne que les deux grandes compagnies de chemin de fer collaboraient pour le contourner soit par le réseau pan-canadien plus au nord du Canadien Pacifique soit par les ÉU sans compter le recours accru au camionnage. Pour la pénurie de gaz propane, on repassera. Mais il est vrai que ça coûte plus cher ce qui emmerde le dieu profit.
En ce jour du 25 février, on a pu distinguer trois types de répression des blocages après le démantèlement de celle de Tyendinaga au prix de dix arrestations auquel les Kanien’kehá:ka (Mohawks) ont répondu par des tactiques de harcèlement et un nouveau blocage empêchant de nouveau la circulation ferroviaire. Tant au Québec (Lennoxville), qu’en Ontario (Hamilton) et en Colombie britannique (Port de Vancouver) les forces policière interviennent immédiatement pour mettre fin au blocage avec arrestations à l’appui si ces blocages sont à l’initiative de non-autochtones. Elles paraissent faire de même si ce sont des autochtones sans expérience historique d’affrontement comme au nord de la Colombie britannique. Mais pour ce qui est des Kanien’kehá:ka de Kahnawake, qui bloquent un rail depuis deux semaines, de Kanesatake qui bloquent depuis peu partiellement une route et de Tyendinaga qui sont de retour, tout comme pour les Mig’maq de Listiguj, leur expérience de lutte conséquente et de solidarité de même que leur capacité défendre fermement leur territoire leur vaut pour l’instant l’intouchabilité y compris de la part du matamore nationaliste Legault. Le but de cette manière de faire est d’isoler les nations autochtones expérimentées et combatives.
Plusieurs s’étonnent que la politique dite de « réconciliation » du gouvernement Trudeau ne l’ait pas incité à se rendre aux conditions raisonnables des chefs traditionnels Wet’suwe’ten de sortir la GRC de leur territoire ancestrale et d’arrêter les travaux de la filiale de TC Energy ce dont s’est chargé le gouvernement de la Colombie britannique par sa demande de clarification environnementale supplémentaire. Pourquoi, diable, la GRC continue-t-elle de patrouiller le territoire Wet’suwe’ten ? Parce que consentir à ce retrait des forces de l’ordre canadiennes, noyau dur de la souveraineté de l’État canadien, c’est avouer à la face du monde que la souveraineté autochtone prime sur celle canadienne. Cette abdication mènerait inéluctablement à renoncer à faire passer le gazoduc sur les territoires autochtones non consentant tout en reconnaissant la prééminence des gouvernements autochtones dit traditionnels sur ceux, les conseils de bande, imposés par la colonialiste loi des indiens. Ce serait là une mise en cause de l’épine dorsale de la stratégie économique de la bourgeoisie canadienne qui requiert le pillage des ressources naturelles situées sur les territoires autochtones. À revers, si les chefs traditionnels négociaient avec Ottawa sous le contrôle de leur territoire par la police fédérale, ils renonceraient de facto à leurs droits ancestraux reconnus par l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982 tout comme au consentement libre et informé de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.