« Si les Québécois connaissaient leur histoire, le Québec serait indépendant depuis longtemps »
– Marc Tessier
La campagne électorale du fédéral s’achève enfin. J’espère qu’elle ne nous surprendra pas comme celle qui s’est tenue au Québec l’an passé. Le résultat a jeté une douche d’eau froide sur la perception que j’avais du peuple Québécois. Je croyais qu’il avait une plus grande connaissance de son parcours identitaire et que sa peur d’un éventuel référendum dépendait plus d’un « me, myself and I » collectif que d’un désintérêt aussi significatif de la cause indépendantiste. Pour qu’un pays soit libre, cela exige une collectivité indéfectible de la part du peuple. Étant moi-même un indépendantiste plus qu’un souverainiste (Comment pourrions-nous négocier avec des gens qui ne le veulent pas ?), je savais très bien que l’idéologie de l’indépendance était loin de faire l’unanimité au Québec, mais le dernier référendum de 1995, nous avait démontré un certain intérêt des Québécois à accéder à leur indépendance. Je croyais naïvement que les gens tenaient sûrement à faire le ménage dans la cabane, avec la commission Charbonneau, avant de penser à se faire un pays. Mais les attentes envers cette commission étaient assurément trop élevées, considérant le mandat restrictif qui lui avait été allouée.
Le soir du 7 avril, j’étais quand même abasourdi de voir les libéraux être élus, majoritaires de surcroît. Penser qu’ils pourraient être minoritaires, j’en convenais, mais qu’ils aient le champ libre pour les quatre prochaines années, m’a totalement renversé. Couillard, pendant la campagne électorale, n’avait pas beaucoup mis de viande autour de l’os. Ses promesses se résumaient à des choses anodines : à ne pas toucher aux frais de garderies que Pauline Marois avait osé vouloir majorer d’un dollar et qui l’avait tant exaspérer. Il s’était engagé à redresser les finances publiques dont il accusait le PQ de les avoir mal gérées. Comme si en 18 mois, le PQ avait coulé le Québec dans l’abîme économique, tout en étant un gouvernement minoritaire. Et avec ça, est-ce que le Père Noël existe ?
Tout le monde sait qu’un gouvernement qui n’est pas majoritaire, doit avoir le consentement de l’opposition dans toutes manœuvres de modifications des lois et de toutes les décisions qui sont prises. Couillard aimait mieux répéter qu’un vote pour le PQ était un vote pour le référendum, en s’abstenant de révéler le véritable carnage financier que SON parti libéral avait fait au cours des neuf dernières années. Les libéraux ont eu tout ce temps pour réformer ce qu’ils voulaient réformer et ne l’ont pas fait. Les « Nous sommes prêts » et « Notre priorité c’est la santé » que scandaient Jean Charest, n’avaient été que des paroles en l’air, avec un Philippe Couillard, ministre de la santé qui avait institué les CSSS, avec toute cette énorme bureaucratie qui n’en finit plus de finir. Couillard a démissionné en 2008, avec une généreuse prime de départ. Il est allé travailler au privé avec son ami Arthur Porter, un bandit accusé criminellement. Il a également été engagé comme conseiller en Arabie Saoudite. Conseiller de quoi ? De comment démantibuler un système de santé peut-être ? Reste que cet homme est maintenant premier ministre du Québec.
En élisant les libéraux majoritairement, j’ai réalisé que les Québécois venaient de faire disparaître une cinquantaine d’années d’évolution, au grand plaisir des fédéralistes qui, depuis des décennies, se cherchent toujours des moyens pour nous assimiler. Lord Durham doit être le fantôme du Parlement Canadien (et maintenant celui de l’assemblée nationale). J’ai réalisé que les Québécois avaient vraiment un côté masochiste à réélire les libéraux, qui leur avaient quand même causé beaucoup de torts depuis une dizaine d’années.
Pendant la campagne électorale, le nom du mari de Madame Marois a été nommé par le syndicaliste Michel Arsenault, à la commission Charbonneau, évoquant un « supposé deal avec le syndicat ». Une invention de toute pièce qui a quand même tant offusquée les Québécois, bien plus que les agissements des Frank Zampino, Gilles Vaillancourt, Richard Marcotte qui, eux, étaient accusés formellement d’avoir fraudé les Québécois.
« Le hic dans l’approche d’Arsenault, c’est qu’il a dit « on a un deal avec Blanchet » quand il parlait au téléphone avec Tony Accurso, je crois. Dans le contexte cela réfère à un placement qu’une filiale immobilière du Fonds de Solidarité de la FTQ, la SOLIM avait fait, le 9 juillet 2008 dans une entreprise où Claude Blanchet était président mais dont il était actionnaire minoritaire. Comme la conversation téléphonique a eu lieue le 20 avril 2009, il ne pouvait pas intervenir rétroactivement et ne pouvait pas connaître l’avenir. Ce n’était qu’une imposture pour fragiliser les chances du PQ d’accéder au pouvoir. En plus il faut se rappeler qu’au moment de l’investissement Mme Marois n’était plus en politique. Elle avait démissionné, suite à la campagne à la chefferie qui avait porté André Boisclair à la tête du Parti Québécois. Il aurait fallu que Blanchet se sente redevable à Arsenault, ce qui n’était pas le cas car le placement dans Capital BLF avait été fait publiquement et avec prospectus, la compagnie existait bien avant l’investissement de la SOLIM, elle était déjà à la bourse TSX de Toronto et il aurait fallu que Blanchet lui-même trouve qu’il n’était pas nécessaire de tenir une commission d’enquête »
Mais les Québécois n’aimaient pas Pauline Marois. Le jour où les gens ont vu les photos de son manoir à l’Ile Bizzard, ils se sont dit que cette femme riche n’était pas de leur rang. Ayant été ministre à différents paliers du gouvernement pendant plusieurs décennies, les gens se disaient sûrement que Madame Marois n’avait pas apportée de changements significatifs à la société et que son but n’était sûrement que d’avoir le privilège de devenir la première femme à être élue « Première ministre » et par la suite, d’avoir une majorité pour quatre ans. Sûr que la charte de laïcité, bien que souhaitable, ressemblait à une improvisation de dernière minute pour tenter de se faire du capitale électorale. Le fait de ne pas vouloir enlever le crucifix à l’Assemblée nationale a laissé une sensation d’incohérence dans la tête des gens. Donc, le résultat du 7 avril dernier était carrément prévisible. L’année n’avait pourtant pas été des plus réjouissantes pour les libéraux. L’été d’avant, nous avions appris que la même journée que Mégantic brûlait, les bureaux du parti libéral avaient été visités par l’UPAC.
Habituellement, ce genre de nouvelle n’a rien de réjouissant pour un parti politique. Le fait de voir l’UPAC dans les bureaux des libéraux auraient dû les achever pour de bon dans l’opinion publique. Pas du tout. Même si Philippe Couillard s’était abstenu de parler publiquement de cette visite de l’UPAC, il reste que les médias l’ont appris quelques mois plus tard et Couillard est venu dire que ce n’était qu’une visite de routine. Si la police venait faire des vérifications de routine chez moi, j’ose espérer qu’ils auraient un mandat pour le faire. Quand un juge délivre un mandat pour une perquisition, il doit y avoir des raisons sérieuses de le faire.
Malgré tout, les Québécois ont fait leurs choix en toute connaissance de cause. Me sont revenues en tête, les paroles d’Orwell qui disait : « Quand les électeurs élisent des corrompus, ils ne sont pas des victimes mais plutôt des complices »
Nous sommes mal en point avec les libéraux. Nous en avons pour quatre ans à voir nos structures s’effondrer et à manifester dans les rues. Il est évident que ces fédéralistes provinciaux veulent carrément nous affaiblir économiquement pour mieux nous contrôler. Il va falloir se cracher dans les mains, comme disait Monsieur Jacques Parizeau, et reprendre le contrôle de notre destinée. Au lieu de fermer les yeux sur une éventualité référendaire, les gens devront commencer à l’envisager positivement au lieu d’agir comme des « suiveux » ignorants qui votent NON, parce que ce n’est plus à la mode et sans en comprendre les véritables enjeux. Les gens ont quatre années pour y réfléchir. Surtout si PKP devient le chef du parti Québécois et qu’il est élu premier ministre dans quatre ans. À savoir si Péladeau devrait se départir de ses avoirs pour avoir le privilège de devenir premier ministre, j’aimerais mieux personnellement un premier ministre comme PKP qui possède un groupe de presse, qu’un groupe de presse comme Power corporation-Gesca qui pourrait posséder un premier ministre, sans que personne ne le sache.
Posez-vous la question : Pourquoi un multimilliardaire, que personne ne peut acheter, s’en va-t-il en politique pour vouloir faire l’indépendance du Québec ? Il doit bien y avoir des bons côtés à vouloir être un Pays, même quand on est riche ? Pourquoi l’indépendance du Québec n’aurait-elle pas d’avantages ? Pourquoi les Québécois ont-ils si peur d’un référendum ? Peut-être parce que le dernier leur a été volé et qu’ils en ont assez de voir le parti Québécois ne jamais oser en parler ouvertement, lors des campagnes électorales ? Peut–être que les adversaires de l’indépendance ont réussi à leur faire croire que ce n’était pas bon pour eux ? Connaissez-vous tous les risques ou tous les avantages à être indépendants ? Vous devriez consulter les vidéos de Jean-Jacques Nantel, par exemple, sur YouTube, pour vous renseigner concrètement.
Ce monsieur a fait une quarantaine de vidéos où il donne des explications claires et vérifiables sur la faisabilité de l’indépendance du Québec sans tomber dans une partisanerie inutile. Cette lutte n’est plus une guerre entre les anglophones et les francophones. Ceux qui sont contre l’indépendance vous diront que les indépendantistes sont des racistes et qu’ils veulent chasser les anglophones du Québec. Ce qui est totalement faux. Ne lisez pas Barbara Kay dans le National post qui dit qu’elle a peur de parler anglais dans les rues de Montréal, de peur de se faire gifler. Notre métropole n’a jamais été aussi anglophone qu’avant l’institution de la loi 101 et personne ne gifle les gens qui parlent anglais. Ne vous demandez pas pourquoi les anglophones dans le reste du pays, nous détestent tant. Les médias anglophones, dont Barbara Kay, font leur travail de dénigrement envers nous, en racontant toutes sortes de fausses histoires nous concernant. Ils font croire aux anglophones Canadiens que nous passons notre temps à nous plaindre de notre sort malgré tout l’argent que le Canada nous envoie. Ils évoquent une haine que nous aurions contre la communauté anglophone, ce qui est totalement faux.
Dans le ROC, ils réagissent en disant : « S’ils veulent se séparer qu’ils cessent de nous réclamer de la péréquation et qu’ils s’en aillent », sans comprendre que le Québec paye également des impôts et des taxes à Ottawa et que s’il est pauvre, les fédéraux en sont les principaux responsables.
Mais la vérité est beaucoup plus simple. Ces gens ont toujours vu les Québécois se mettre à genoux devant eux en s’excusant presque de respirer. Ils ne peuvent concevoir que nous voulions nous séparer d’eux et osent même, ne pas accepter notre différence. Quand nous voulons renforcer la loi 101 par exemple, les anglophones se plaignent qu’ils sont maltraités au Québec. Pourtant, trouvez un autre endroit dans le Canada où la minorité francophone peut avoir accès à six CEGEP, trois universités comme les anglophones d’ici ont le privilège d’avoir dans leur langue. Pendant que l’Ontario essaye de mutiler le SEUL hôpital francophone à Ottawa (Montfort) qui dessert les 600 000 francophones de la province de l’Ontario, le Québec dépense plus de 700 millions de dollars en UNE seule année pour une vingtaine d’hôpitaux anglophones au Québec. Notons que la population anglophone du Québec est d’environ 600 000 personnes tout comme la population de la minorité francophone de l’Ontario.
Trois hôpitaux québécois anglais reçoivent annuellement plus de 100 millions de
dollars. Ce sont :
The Montreal Jewish (111 millions de dollars)
The Montreal General (119 millions de dollars)
The Royal Victoria (143 millions de dollars)
La population anglophone du Québec peut également compter sur plusieurs autres
hôpitaux :
Kanahwake Hospital
Lakeshore General
Reddy Memorial
Catherine Booth Hospital
Montreal Children (62 millions de dollars)
Lindsay Hospital (10 millions de dollars)
Richardson General (8 millions de dollars)
St.Mary’s (53 millions de dollars)
Montreal Neurological Institute (19 millions de dollars)
Douglas Memorial (63 millions de dollars)
Queen Elizabeth Hospital
Gatineau Memorial (3 millions de dollars)
Sherbrooke Geriatric University Institute (28 millions de dollars)
Barrie Memorial (6 millions de dollars)
Jewish Readaptation Hospital (10 millions de dollars)
Donc, les anglophones devaient cesser de faire croire qu’ils sont maltraités au Québec. Les francophones hors Québec n’ont pas accès à des hôpitaux francophones comme eux. Mais à toutes les fois, c’est la même chose : le but est de discréditer l’indépendance en démontrant que les Québécois sont des racistes qui maltraitent leurs minorités.
Nous ne voulons pas abolir l’anglais au détriment du français au Québec. Nous voulons que le français soit la langue affichée et parlée officiellement dans les lieux publics et que cette obligation soit respectée dans sa totalité. Ce qui n’empêche personne de parler sa langue n’importe où. Nous voulons que les cultures fassent l’effort de parler le français chez nous, pour nous démontrer du respect. Nous voulons parler d’autres langues et ne sommes pas fermés au reste du monde, parce que nous voulons que le Québec soit francophone dans sa totalité. Si vous allez en Italie, les gens vont vous parler en Italiens et ça ne veut pas dire qu’ils ne respectent pas votre langue et votre culture.
Le contexte social d’aujourd’hui est différent des années 60-70. Avant, les patrons étaient des anglophones qui abusaient souvent de leurs employés francophones, en les traitants comme des moins que rien. Les francophones avaient toujours été maintenus dans l’ignorance (plus faciles à manipuler) et étaient considérés comme les colonisés qui travaillaient dur pour survivre dans leur pauvreté, pendant que les anglophones étaient les patrons intransigeants qui ne se forçaient pas trop pour parler français, en empochant le magot. Les gens d’ici se sont instruits. Ils ont fini par comprendre ce que leurs parents avaient vécu avant eux. La religion catholique et le gouvernement les avaient maintenus dans l’ignorance pour qu’ils ne sachent pas que c’était eux, les propriétaires. L’historien Marcel Tessier n’a-t-il pas dit : « Si les Québécois connaissaient leur histoire, ils seraient indépendants depuis longtemps ».
Il n’y a rien de plus noble que de vouloir être un pays autonome qui gère ses affaires tout seul. Vouloir être indépendant ne veut pas dire que nous détestons les Ontariens, les Albertains et toutes les autres provinces de ce grand pays qu’est le Canada. Nous voulons être indépendants pour que la richesse qui nous appartient, cesse de nous passer entre les mains, au grand plaisir de ce fédéral qui en profite allègrement. Nous voulons être maîtres de notre destinée, sans avoir à dépendre des gens qui ne comprennent rien à notre culture et qui prennent des décisions à l’encontre de nos besoins, qui contrôle l’immigration. Si les fédéralistes redoutent tellement ce prochain référendum, c’est qu’ils savent très bien ce qu’ils perdront quand nous le gagnerons.
Lisez votre histoire du Québec (les trois livres de Jacques Lacoursière sont simples et très riches en informations concrètes) et allez voir comment nos descendants ont été traités, non pas pour en vouloir aux anglophones (Ce sont les britanniques qui nous ont causé du tort à cet époque, il ne faut pas mélanger). Mais aujourd’hui, les médias anglophones sont les responsables de ce que pensent les Canadiens anglais de nous.
Prenez conscience que le fédéral s’accapare votre argent en vous appauvrissant et que tous ces milliards que vous leur envoyez, ne sont pas gérés à votre avantage. Prenez l’Alberta. Elle fait partie du Canada et ses sables bitumineux lui ont permis d’atteindre une indépendance économique dont profite également le fédéral. L’indépendance du Québec n’est pas juste axée sur le français contre l’anglais. Elle est axée sur une autonomie économique et culturelle à laquelle nous avons droit. Nous avons le pouvoir de décider de l’avenir de nos enfants pour qu’ils vivent dans un Pays libre de ses décisions, à l’abri d’étrangers qui prennent des décisions pour nous et qui vivent aussi loin de nous, que les Californiens le sont. Nous avons quatre ans pour nous réveiller.
Précision chronologique. Madame Marois est devenu chef du Parti Québécois en juin 2007.