Je sais, je sais, ce n’est pas tellement gentil d’utiliser la célèbre formule « je vous l’avais tu dit » afin de bien souligner à traits gras que l’on avait raison. Mais je le fais aujourd’hui pareil, baveux que je suis. J’espère que vous ne m’en voudrez pas trop…
En 2008, je m’opposais à Pauline Marois pour bien des raisons, mais surtout parce que je savais pertinemment que cette politicienne était loin d’être une pasionaria de l’indépendance. Son bilan le prouvait amplement. Qui plus est et à l’instar de Talleyrand, la dame avait survécu à peu près à tous les régimes, prouvant ainsi qu’elle était parvenue à s’accomoder de toutes les directions péquistes, des autonomistes aux indépendantistes. Ses convictions étaient (et sont) malléables à souhait, cela le démontrait bien.
J’avais également vu de près (j’ai effectué un petit contrat au cabinet Landry en 2004) le camp Marois magouiller comme des déchaînés afin de ravir la tête du parti à Bernard Landry. Pendant que Charest plaçait ses pièces, pendant qu’il préparait ses coups funestes contre le Québec, Pauline Marois ne trouvait rien de mieux à faire que de grenouiller afin de gravir enfin la hiérarchie du parti jusqu’aux plus hauts sommets. La gloire personnelle passait avant la cause, c’était clair. Et cela m’avait profondément dégoûté.
Ce que j’avais moins bien détecté à l’époque, c’est le manque de jugement de la politicienne Marois. Bon, nous avions encore tous à la mémoire l’affaire des toilettes silencieuses, des frasques de la ministre en Éducation et en Santé, mais bon, cela ne dénotait quand même pas un manque de jugement flagrant, enfin, pas pire que la capacité de jugement qui animait les autres politiciens.
Mais depuis qu’elle est chef, le jugement de Pauline Marois a été mis à rude épreuve. Dernièrement, ce fut pire que pire. C’était clairement une bourde d’amateur d’amener le PQ à défendre l’entente quasi secrète unissant la ville de Québec et Quebecor dans le dossier de l’amphithéâtre, entente qui pourrait qui plus est être carrément illégale selon certains experts. Mais c’était encore plus niais de proposer un projet de loi privé afin de soustraire cette entente aux poursuites potentiellement lancées par des citoyens. Surtout que le projet de loi a été déposé après la date limite, ce qui exigeait dès lors l’unanimité des parlementaires pour procéde
Mais ce premier manque de jugement n’était rien en comparaison du suivant. Permettre à 12 « jeunes » députés d’écrire une lettre aux journaux pour demander à Jacques Parizeau de se taire, c’était une maladresse sans nom, disgracieuse à souhait. N’importe qui aurait pu prévoir la crise qui en découlerait et qui ne serait certes pas à l’avantage du PQ. N’importe qui sauf Pauline Marois on dirait bien. De ce fait, le PQ a donné un second tour à la crise qui le secoue violemment depuis le claquage de porte des quatre démissionnaires Aussant, Beaudoin, Curzi et Lapointe. L’avenir est sombre pour le PQ, mouture Marois.
Un chef qui manque aussi cruellement de jugement ne saura jamais conduire le Québec à l’indépendance, surtout que le chef en question semble poursuivre des objectifs plus urgents ; devenir première ministre par exemple, quitte à cacher l’article 1 pour y parvenir. C’est donc Jean-Martin Aussant qui avait pleinement raison : Pauline Marois devrait laisser sa place, position qui est aujourd’hui partagée par le chroniqueur et enseignant Louis Cornellier. Que je défende moi aussi cette analyse ne surprendra personne..
Certains rétorqueront qu’on ne peut changer encore une fois de chef, que cela n’a plus aucune allure, que les élections approchent et bla bla bla. Il est vrai qu’il serait préférable de poursuivre le combat sans changer de chef encore une fois. Mais pour ce faire, il faudrait que le combat soit vraiment mené. Ce qu’il n’est pas, n’en déplaise aux deux ou trois partisans passionnés de Pauline Marois. Dans de telles circonstances, nous n’avons d’autre choix que de faire tomber la dame. Son remplaçant devra être choisi rapidement (évitons les courses à la chefferie comme on en a connues par le passé qui alimenteront les tensions), comme l’a été Pauline Marois d’ailleurs. Parmi les prétendants que j’envisagerais, il y a Pierre Curzi. Mais aussi Jean-Martin Aussant que je ne connais pas beaucoup mais dont j’entends beaucoup de bien. Et il est clair, à mes yeux, que Lisette Lapointe devra occuper des fonctions très importantes dans ce nouveau Parti Québécois. En tout cas, une chose est sûre et c’est que nous devons cette fois choisir un chef qui sera véritablement décidé à faire l’indépendance. Josée Legault a déjà bien établi que le problème principal du PQ était qu’il se choisissait des chefs qui ne marchaient pas dans la même direction que les militants. Cette fois, ne répétons pas cette erreur.
Si nous faisons abstraction de cette nécessité de remplacer Pauline Marois, le Parti Québécois s’en va tout droit à l’abattoir, ni plus ni moins. Pauline Marois n’est aucunement populaire auprès des Québécois, tout le monde le sait. Autour de moi, dans les rangs militants et dans les terreaux autrefois acquis au PQ, j’entends désormais beaucoup plus parler de Québec solidaire que du Parti Québécois. Cela en dit long. Après la débarque du Bloc, le Québec ne peut se payer le luxe de voir le Parti Québécois s’effoirer.
Pour le bien de la cause indépendantiste et du Québec, Pauline Marois n’a plus le choix : elle doit s’éclipser et le plus tôt sera le mieux.