Ouvrir la constitution : bien sûr !

Non mais ça nous fait une belle jambe quand même!  

Tout cela démontre bien que l’amnésie politique ne frappe pas seulement le Québec.  Elle a également atteint le Kanéda.  Les gens ne se souviennent plus de ce que ça implique d’ouvrir une ronde de négociations destinée à modifier la constitution.  Ils ont oublié à quel point Brian Mulroney s’est cassé la gueule avec son Accord du Lac Meech en 1990, accord qui devait « réintégrer le Québec dans la famille canadienne dans l’honneur et l’enthousiasme ».  Le tout s’est plutôt soldé par un solide camouflet servi au Québec qui voulait être reconnu comme société distincte.  L’Accord du Lac Meech mourut de sa belle mort un certain 23 juin 1990…Stratégique comme date, pas vrai ?

Le Québec fut fâché-fâché par cette rebuffade toute canadienne.  Des centaines de milliers de personnes marchèrent dans les rues de Montréal pour le signifier.  Sur la scène de la Fête nationale, Diane Dufresne lança son célèbre « ne mets plus jamais les pieds sur mon drapeau », faisant ainsi référence à l’affaire de Brockville, bourgade où des anglophones avaient marché sur notre drapeau pour le brûler ensuite, et ce, afin de démontrer toute leur opposition hargneuse à la reconnaissance du Québec en tant que société distincte.

Mulroney a par la suite pédalé comme un déchaîné pour relancer les négociations.  Il sentait bien qu’il était en train de perdre le Québec.  Il parvint finalement à s’entendre avec Robert Bourassa pour présenter à tous les Canadiens, par voie référendaire SVP, l’accord de Charlottetown qui n’était rien d’autre qu’une version édulcorée de l’Accord du Lac Meech; un genre de brouillon mal foutu quoi.  Lors de ce référendum, tenu en octobre 1992, les Canadiens se sont très majoritairement opposés à l’accord parce qu’ils considéraient qu’il concédait trop de choses au Québec alors que les Québécois le rejetèrent parce qu’ils considéraient qu’ils n’obtenaient pas suffisamment de concessions.  Les Amériendiens étaient eux aussi choqués parce qu’ils ne se sentaient pas compris par les institutions des Blancs, tout comme les groupes de femmes étaient en furie et tutti quanti.  Bref, un maudit beau bordel qui a très bien mis la table pour le Parti Québécois qui a organisé un référendum sur l’indépendance du Québec en 1995 !

Un beau bordel qui surviendra à nouveau si les Canadiens commettent l’erreur d’ouvrir à nouveau la constitution pour la modifier, peu importe que le contexte d’aujourd’hui ne soit plus tout à fait le même que celui ayant conduit à Meech et Charlottetown.  Une telle crise qui ne manquerait pas de survenir subito presto rendrait dans les faits inutile la stratégie de la gouvernance souverainiste du Parti Québécois de Pauline Marois.  Pourquoi? Tout simplement parce que ce serait les Canadiens eux-mêmes qui provoqueraient la crise tant souhaitée. Le PQ n’en porterait même pas l’odieux. Les indépendantistes se feraient ainsi servir un contexte doré sur un plateau d’argent pour relancer plus énergiquement que jamais le combat en faveur de la libération du Québec !  On ne peut rêver d’un meilleur scénario ! 

Alors, allez-y les Canadiens, ré-ouvrez la constitution.  On aura bien du plaisir et de l’agrément !

 

Le Canada et l’international

Heureusement, je ne suis pas Canadien.  Si je l’étais, je serais bien gêné ces jours-ci.  Encore plus qu’à l’accoutumé.  Stephen Harper joue encore les cons auprès de ses homologues des autres pays, à Deauville cette fois-ci, dans le cadre du G8.

Les boss des plus puissants pays du monde s’y sont entendus pour venir en aide aux peuples ayant présidé le printemps arabe.  Pour implanter vraiment la démocratie dans ce coin du monde, les chefs d’État ont compris qu’il faudra soutenir financièrement les peuples arabes et leurs institutions.  Cela, même le laquais Nicolas Sarkozy l’a compris. Stephen Harper, lui ?  Nada et niet.  Il joue les chiches, faisant ainsi honte à ses commettants.  Pour justifier sa décision de ne rien faire, il affirme avoir déjà suffisamment donné.  Les Tunisiens et les Égyptiens ne devront pas compter sur les dollars canadiens pour s’émanciper vraiment de la dictature, voilà le message que le grandissime Harper tient à communiquer au reste du monde.  Édifiant!

Mais est-ce étonnant ?  Non, pas vraiment.  À voir le respect que porte Harper pour la démocratie dans sa propre cour, lui qui refuse de travailler sérieusement avec la presse, lui qui rêve de couper les vivres aux partis d’opposition pour mieux s’assurer d’une prise solide sur le pouvoir, lui qui viole les règles parlementaires les plus élémentaires, il ne fallait pas s’attendre à ce qu’il fasse preuve de grandeur lorsque le moment viendrait de porter secours à la démocratie ailleurs dans le monde. 

Il y a quand même une chose qu’on ne pourra pas lui reprocher et ce sera de manquer de cohérence.  Harper n’aime pas trop trop la démocratie, et il ne compte pas lever le petit doigt pour lui venir en aide, que ce soit ici ou ailleurs.  Prenez-en bonne note, chers citoyens!

Harper aura beau se défendre en disant qu’il est préférable de s’en remettre aux grandes institutions économiques internationales pour venir en aide à l’Égypte et à la Tunisie, le fait est que le Canada ne participera pas à l’effort international qui espère lancer un genre de plan Marshall pour le monde arabe.  Pendant que les Américains (dont l’économie ne va pas bien) investiront 2 milliards$ sous forme de réductions de dettes et de garanties de prêts, pendant que l’Union européenne accordera près de 10 milliards$ au monde arabe afin de consolider la démocratie, pendant que la Grande-Bretagne donnera 175 millions$ sur quatre ans, le Canada lui, fait des nœuds dans les cordons de sa bourse.

Stephen Harper préfère parler d’Israël plutôt que d’aider la démocratie dans le monde arabe.  Plus exact serait de dire qu’il a préféré ne pas parler des gestes d’ouverture posés ces jours-ci par Barack Obama pour relancer le processus de paix au Proche-Orient.  Contrairement aux autres chefs d’État qui comprennent bien la portée du défi que se lance Obama, Harper, lui, n’a pas félicité le président américain.  Le Canada est collé aux baskets d’Israël, et la dernière chose que le conservateur aurait voulu, c’est de fâcher contre lui Benjamin Netanyahu, le premier ministre israélien, en saluant le travail du président des États-Unis.  On sait que Netanyahu n’a pas apprécié qu’Obama se prononce récemment en faveur de la création d’un État palestinien dont les frontières seraient celles établies en 1967. Harper est pro-Israélien et il compte bien le demeurer envers et contre tous, peu importe les injustices que ce régime politique commet à l’égard des Palestiniens qui ont eux aussi droit au respect et à la dignité, ce qui signifie un pays bien à eux.

À la vue de tout cela, vraiment, je suis très très fier de ne pas être canadien…

 

 

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