Martine Ouellet, persona non grata

Pauvre Martine Ouellet. Désormais tête de turc par excellence du souverainisme officiel, raillée unanimement par le commentariat monolithique confortable et reléguée à la marge infréquentable par la seule famille politique qu’elle ait jamais eue.

La loi de la jungle humaine isolant si bien les perdants, il va de soi qu’être indépendantiste, au Québec, est un fardeau. C’est encore pire quand on est un indépendantiste qui dit que l’indépendance peut se faire et qu’un parti indépendantiste peut être activement indépendantiste (hérésie!), sans s’en excuser aussitôt et ne plus jamais recommencer au nom du gros bon sens.

De ce fait, il est inutilement risqué et forçant de laisser entendre que l’ex-députée de Vachon puisse dire quoi que ce soit qui ait un minimum de valeur, par devers ses innombrables erreurs et multiples défauts. Cela vaut pour le commentateur soucieux de son image et de sa crédibilité, autant que chez le partisan péquisto-bloquiste qui redoute plus que tout le désagrément des remises en questions qui pourraient laisser voir que ses partis bien-aimés n’ont pas toujours raison sur tout, tout le temps. Pourquoi réfléchir sur l’éléphant dans la pièce d’un souverainisme démissionniste empêtré dans la stratégite aiguë, quand il suffit de dire, sous les applaudissements: « Regardez comme elle est folle, Martine ».

Ainsi, il allait de soi que la dernière sortie de Martine Ouellet, critique d’un bloquisme qui, selon elle, est une nuisance, soulève la vague habituelle de protestations suffisantes, alors que le souverainisme officiel connaît un regain d’arrogance après une « victoire morale » comme il les aime tant, c’est-à-dire par l’obtention d’un nombre appréciable de votes en promettant de ne surtout pas faire l’indépendance. Le triomphe, quoi.

« Il faut aller au rythme des Québécois », « ils ne veulent pas en entendre parler », toute démarche volontariste reviendrait à « foncer dans un mur », répète-t-on en chœur comme toujours, tout en accusant les vilains « pressés » d’indépendantisme incantatoire et déraisonnable, comme s’il pouvait exister plus incantatoire et déraisonnable que de prôner le maintien d’une approche dont l’échec est patent de A à Z depuis un quart de siècle.

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