Les fros de l’an 2000

On dit que les temps changent… On a beau être en 2011, il me semble vivre un nouveau temps des fros. Il me semble toujours vivre au temps noir du colonialisme économique et politique. Au temps de la dépossession. Au temps de la dépendance.

Évidemment, il n’est pas question ici des conditions de travail dans les mines qui, oui, ont bien évolué, quoiqu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Il s’agit d’abord de la question fondamentale de la possession de nos ressources naturelles, de notre territoire. À cet égard, nous sommes tous des fros, étrangers dans notre propre pays. Scandaleux, révoltant et humiliant.

Avec la complicité active d’un gouvernement de collabos à Québec, c’est la ruée vers nos ressources naturelles : gaz de schiste, pétrole, or, éolien, eau, électricité… Tout s’achète et tout se vend. Sur notre dos. Nous laissons un gouvernement corrompu à l’os vendre notre pays ressource par ressource, région par région. Presque tout y passe. Les corporations anglo-canadiennes, américaines et même chinoises prennent plus que jamais possession de notre sous-sol et de nos ressources naturelles. Et elles s’aventurent maintenant vers le Nord.

Le Plan Nord du frisé de Sherbrooke leur pave la voie, c’est le cas de le dire, car on paiera aux dites corporations de belles routes toutes neuves pour mieux nous déposséder… Le nord du Québec est à vendre et il se vend à vil prix. Comme nos basses-terres du Saint-Laurent qu’on polluera de gaz. Comme nos rivières qu’on harnache sauvagement. Comme notre vent, notre vent!, qui sert à faire tourner le profit d’entreprises privées, essentiellement étrangères. Les redevances à la collectivité québécoise? Une poignée de petit change. Tous des fros.

Il faudra bien faire cesser cela. Il faudra bien reprendre possession de nos ressources. Il faudra bien finir par mordre la main qui pige effrontément et sans cesse dans notre portefeuille. Il faudra bien faire l’indépendance.

Oui, l’indépendance n’est pas qu’un statut politique, c’est être maître chez soi. Comme disait Pierre Falardeau, quand on occupe un pays, c’est pour l’exploiter et rien d’autre. Il faut que cela cesse. Notre pays nous appartient : il faut résister, il faut le reprendre.

« ‘‘Dehors les fros!’’, a dit Roscoe
‘‘That’s what I call a silly cause
’cause I’m only here for the money, stupid…
The French Canadians wanted by the mine.’’ »
Ça fait cinquante ans aujourd’hui
qu’les blôkes sont icitte pour le cuivre.
Nous-autres, un peu plus pour survivre
comme les lièvres qui courent la nuit… »

– Richard Desjardins
Chanson « Les fros »

Posted in chroniques politique québécoise, Journal Le Québécois.