Le verbe à moitié vide

Au Québec, de par notre état de nation française enclavée dans une Amérique du Nord où tout se déroule en anglais, nous avons à faire face à une anglicisation de plus en plus féroce de notre population. Cette réalité est factuelle. C’est-à-dire qu’elle est bien démontrée par des chiffres(vous savez, ces petits symboles qui font mouiller les filles et bander les garçons?). Je pourrais vous bombarder de statistiques pour que vous puissiez vous branler un petit peu mais je ne le ferai pas. Je ne le ferai pas parce que d’autres l’ont fait avant moi, de façon fort compétente d’ailleurs. Je pense ici, entre autres, à Charles Castonguay et à son ouvrage «Le français dégringole». Je ne vous lancerai qu’un seul pourcentage car il me semble plus qu’éloquent: à Montréal, notre métropole, la proportion de citoyens s’exprimant en français n’est plus que de 52%. Et vlan! Ça fesse, non? La chute est vertigineuse et d’année en année, l’érosion fait son oeuvre.

Bien sûr, il y a des causes inhérentes à cet état de fait. Le néocolonialisme canadien en est une. Le fait que Stephen Harper ait pu obtenir une confortable majorité à Ottawa sans même que les circonscriptions québécoises pèsent dans la balance parle beaucoup. L’unanimité des partis fédéraux qui se sont tous prononcés(le Bloc excepté) en faveur de l’oléoduc Énergie Est de TransCanada(compagnie qui a fourni à l’Office national de l’énergie un dossier de 30 000 pages en anglais seulement) est un autre exemple de ce néocolonialisme insidieux. Je pourrais aussi évoquer le constant non-respect des droits de toutes les communautés francophones hors-Québec ou encore tous ces stupides relents de monarchie nauséabonds qui gangrènent nos institutions. Sans oublier notre propre gouvernement, la clique à Couillard, qui parle de signer la constitution, qui suce le bonbon de la péréquation et qui est prêt à toutes les bassesses pour dire merci, qui envoie son chef en Islande prononcer un discours en anglais seulement et qui tente par tous les moyens de faire du Québec une province comme les autres. Clique dont plusieurs députés ont fait leur serment dans la langue de Shakespeare lors de leur assermentation. Clique dont le ministre des finances a déjà répondu insolemment en anglais à la question d’un journaliste qui lui avait été posée en français. Et c’est sans parler de l’abandon par le fédéral de notre industrie forestière, de nos chantiers navals qui se font snober, du contournement du Québec par Terre-Neuve et ses partenaires dans leur projet hydroélectrique, de notre fleuve Saint-Laurent qu’on se fait usurper, de toute la saga du pont Champlain ou de celle chez Air Canada. C’est sans parler non plus des récentes frasques francophobes de Jeremy Searle, de notre radio publique qu’on doit écouter avec grande vigilance afin de ne pas se faire bourrer le mou, de la demande ahurissante de Graham Fraser qui voudrait que le Québec fasse plus pour sa minorité anglophone(!!!) ou encore de cette campagne insultante des conservateurs qui se gargarisent de la mémoire de John A. Macdonald…

Si je vous donne ces quelques exemples(et j’en passe et j’en oublie), c’est pour que vous puissiez constater que le néocolonialisme canadien continue bel et bien de faire des ravages chez nous.

Sur la liste des causes, il y a aussi l’impérialisme états-unien. Qu’il soit culturel, économique, politique ou militaire, cet impérialisme est une nuisance constante et grandissante pour notre nation. Les best-sellers provenant du sud de la frontière remplissent les tablettes de nos librairies et plus leur succès est grand en sol yankee, plus les moutons du Québec en achètent. La musique populaire états-unienne bénéficie ici d’un large public servilement admiratif, allez donc savoir pourquoi. Les blockbusters de Hollywood réussissent sans problème à faire salle comble dans nos cinémas et notre jeunesse s’en nourrit, parfois même sans voir et sans comprendre que ce sont des films formatés, des recettes prémâchées et prédigérées qu’on nous vomit dans la gueule pour qu’on leur chie des dollars, des beaux dollars états-uniens!

Les multinationales appartenant aux intérêts de l’empire sont légion sur notre territoire. Même pas besoin de les nommer, nous les connaissons tous. Nous y magasinons, nous y mangeons, nous nous en abreuvons. Elles nous exploitent de différentes manières et nous en redemandons. L’acculturation est palpable. Nous pouvons facilement constater, et ce au quotidien, toutes les conséquences néfastes de cet impérialisme que certains nomment mondialisation pour noyer le poisson. Comme si ce terme, mondialisation, de prime abord moins violent qu’impérialisme, servait d’enrobage sucré à une pilule amère. Il n’en reste pas moins que c’est bonnet blanc, blanc bonnet. Du point de vue de l’économie, les États-uniens sont plus qu’omniprésents. Leur foutu dollar est la devise la plus utilisée dans le commerce international. Il sert de monnaie officielle à de multiples pays. C’est aussi la monnaie de réserve la plus employée dans le monde par les banques centrales. Le siège du FMI est à Washington et je gagerais ma paire de couilles contre une SuperBall que c’est un choix qui est loin d’être désintéressé. Même chose pour la Banque mondiale. Quoiqu’il en soit, l’impérialisme économique des États-Unis ne cherche pas à se faire discret et tenter d’en nier l’existence équivaudrait à tenter de prouver que «Sammy le Sucré» est en fait un agent secret indépendantiste. Tâche impossible s’il en est une.

Je n’élaborerai pas sur les aspects politique et militaire de l’impérialisme états-unien mais sachez seulement qu’un pays qui, à son gré, peut faire et défaire des gouvernements partout sur la planète n’est rien d’autre qu’un empire. Point final. Et on a eu beau nous prédire le «déclin de l’empire américain», il se fait toujours attendre. Malgré qu’il soit attaqué et critiqué de toutes parts, l’empire états-unien a encore entre les mains un pouvoir vulgaire et indécent qui étend ses tentacules en tous lieux et il ne semble absolument pas prêt à s’en départir. Il est encore le grand marionnettiste et il est très jaloux de ses ficelles. Toutes ses ficelles.

Je vais passer tout de suite à une troisième cause parce que tout ce bavardage n’est qu’un préambule à mon réel sujet. Un long préambule peut-être mais bon, personne ne vous force à lire. Cette troisième cause donc, en est une qui saute aux yeux. Il s’agit du laxisme à faire pleurer de nos gouvernants québécois. Laxisme tant en matière d’immigration que de francisation et de protection de la langue. Le Québec ouvre la porte toute grande aux nouveaux arrivants même quand ceux-ci n’ont aucune base dans la connaissance du français. Ce ne serait pas si dramatique si on aiguillait ces immigrants vers des programmes de francisation et que l’État se chargeait de vérifier que le processus était bien entamé pour tout un chacun et se dirigeait vers une réussite. Toutefois, contre toute logique, ce n’est pas comme ça que ça se passe. Puisqu’il est de plus en plus aisé de vivre une vie entière en anglais ou dans une des multiples langues des nombreuses communautés ghettoïsées dans la ville, plusieurs immigrants ne voient tout simplement pas quel bénéfice ils pourraient tirer de l’apprentissage du français. Ce qu’on appelle le pouvoir d’attraction du français est de plus en plus faible, ce qui a pour conséquence de laisser aux nouveaux arrivants le choix de continuer à parler leur langue maternelle ou celui d’apprendre l’anglais, la langue du Canada, leur réel pays d’adoption.

Pourtant, l’idée est claire et je crois qu’elle est généralement comprise et acceptée par la majorité: tout citoyen québécois DOIT être apte à comprendre et à parler le français. La langue française doit être la langue officielle, la langue d’État, la langue commune. Mais nos gouvernements successifs souffrent d’une grave frilosité dès que le dossier de la protection de la langue est abordée. Ils s’en tiennent le plus loin possible, comme si c’était une maladie honteuse. Probablement parce qu’ils sont terrorisés à l’idée d’être taxés de racisme. Comme s’il y avait quoi que ce soit de raciste dans le fait qu’une nation cherche à protéger sa langue. Ce n’est pas une question de race, d’origine ou de souche. C’est une question de langue. De survie de la langue.

L’assimilation de la nation française est une volonté présente dans la racine même du Canada. C’était le but avoué et recherché par l’Union de 1840. Et s’ils n’y sont pas parvenus aussi rapidement qu’ils l’auraient souhaité, n’allez pas croire qu’ils ont jeté l’éponge. Plutôt qu’une extermination précipitée, ils ont opté pour une tactique d’empoisonnement à petit feu. C’est plus lent mais tout aussi efficace. Il est donc tout à fait normal que devant le danger de l’absorption de notre peuple par la nation conquérante, nous cherchions à défendre notre langue et notre culture.

Depuis trop longtemps déjà, cette lutte s’est exprimée dans le cadre fédéral. De toute évidence, l’échec est retentissant. Non seulement le Québec parle de moins en moins français mais en plus, il le parle mal. Bon d’accord, ce dernier point relève d’un autre débat. Quoique l’on serait légitimé d’avoir l’interrogation suivante: «Est-il possible que la frappante déliquescence affectant la qualité de notre langage tant écrit que parlé soit liée à la lente extinction dudit langage sur notre territoire?» La question se pose. Mais je m’égare. Revenons donc à nos moutons. J’en étais rendu au stade où l’on doit prendre conscience qu’il est plus que temps de sortir de cette fédération toxique et d’enfin nous donner un État indépendant. Si nous refusons de voir le peuple québécois se diriger vers le triste destin de «communauté franco-québécoise», nous devons résister et combattre sans relâche pour notre libération nationale. C’est impératif. Un formidable croc-en-jambe nous aura déséquilibrés pendant plus de 250 ans. C’est maintenant pour nous une responsabilité historique que celle de retrouver notre aplomb.

Rendu à ce stade-ci de mon papier, je devrais aborder le réel sujet sur lequel je voulais écrire. Quand je me suis assis avec mon crayon et mon cahier, j’avais une idée claire. En bon lettré, je me devais d’amener mon sujet par une brève introduction. Pour ce qui est de la brièveté, on repassera… Comme je me suis longuement épanché dans mon introduction, je pense humblement que si je plonge maintenant dans mon sujet pour développer mon idée première, je risque de manquer de verve et je crains de mal servir la question. Sans compter que vous devez en avoir plein le cul de toute cette jacasserie et que vous avez sûrement envie d’aller vous chercher une bière. Je garderai donc mon idée originale bien au chaud dans ma manche pour un article ultérieur. Ce ne sera quand même pas la première fois au Québec que l’on remettra un projet à plus tard, n’est-ce pas?

Publié le chroniques politique québécoise, Journal Le Québécois et étiqueté , , , , , , , .

3 commentaires

  1. Ben oui mais, les québecois ont peur du changement. C’est épeurant le changement, on risque de se faire taper dessus. Si nous avons réussi à survivre pendant 250 ans, c’est bien parce que nous avons baissés la tête et chialer quand le maître nous regarde pas. Faut passer de la résistance à la libération. Mais un instant, c’est pas par une pirouette politique ou un spectacle démocratique dont personne ne tient compte, qu’on va se libérer. Et surtout pas en boudant le pouvoir, comme ce que je vois avec QS et ON. Ça m’écoeur ON ( ça aucun rapport avec l’article, mais je le dis ici ). J-M Aussant, aurait jamais dû fonder ce parti, c’était la mauvaise voie. Le pire c’est qui sacre son camp. Maudit loser. Oui pour un mouvement citoyen fort qui fait de la pression sur un seul parti qui bouffe les libéraux. Non à l’ignorance de ce qu’est le jeu politique au Québec. Faut comprendre la base de ce qu’un politicien fait : Il ne dira jamais ne votez pas pour moi. Il va dire: Je vous dois la victoire et doit vous rembourser une fois élu. Un mouvement citoyen ne doit rien à personne. Il n’a qu’à bien s’organiser pour se faire rembourser par le politicien. M’faites chier à blâmer Couillard tout le temps qui est fidèle à ses électeurs. Quand je lis artcile après article qu’il ne faut que parler d’un projet de libération, ça ne veut rien dire à mes yeux. Tu blâme ben du monde dans ton truc, sauf ceux qui en sont responsable. Les électeurs. Et le mouvement indépendantiste, dont les militants qui sont incapables de s’unir et faire front commun pour coordonner un petit 10-15% des électeurs, de plus, afin qu’il y ait plus de sièges de notre bord. C’est pas compliqué? Christ! C’est quoi cette amnésie, vous êtes pas foutus de comprendre que si nous avons hérité de ce combat, c’est parce qu’il y a eu des gens de notre bord au pouvoir. Pas seulement à Québec, mais à Ottawa. Le voulez-vous le pays? Oui ou non? Avec un peuple qui sont tous pas d’accords et ont toutes des valeurs et des convictions différentes à gauche comme à droite. Pas un peuple représenté par 3 sièges dans l’opposition. Et le reste des sièges se sacre de vous parce que vous vous foutez d’eux. Je dérape, mais c’t’un commentaire facebook que personne lis, c’est pas un article.

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