Tous seront d’accord avec moi : c’est mauditement difficile de s’y retrouver à travers tout ça. Qui a raison ? Qui a tort ? Bien malin qui pourrait le dire. Une chose demeure cependant. Et c’est que tant que nous nous entredéchirerons perpétuellement, nous n’avancerons pas vers là où nous devons aller.
Pendant ce temps-là, nos ennemis, eux, ne prennent pas de répit. Ils fourbissent leurs armes, ils espèrent nous asséner enfin le coup fatal. Comme je suis un demi-optimiste de nature, je demeure convaincu qu’ils n’y parviendront pas, qu’encore une fois, nous serons plus forts qu’eux. Mais il est quand même minuit moins une. Le temps est venu de donner une franche direction au mouvement indépendantiste, celui-ci ne peut pas constamment se comporter comme une poule pas de tête. Les Québécois ne nous le pardonneraient pas. Il faut donc faire quelque chose.
C’est pour cette raison que j’ai tout de même accueilli favorablement la proposition de la – encore – chef du PQ, Pauline Marois, et concernant la tenue d’états généraux du mouvement indépendantiste. Je sais -je ne suis quand même pas si bête que j’en ai l’air-, tout ça pue la stratégie de relations publiques à plein nez. Je sais très bien que Pauline nage en eaux troubles depuis des semaines, que sa direction tient à un fil, fil qui est de moins en moins solide à chaque fois qu’une nouvelle démission au PQ est annoncée. Mais dans les temps tourmentés qui sont les nôtres, je vois malgré tout d’un bon œil toute volonté de nous réunir, nous les indépendantistes, pour que nous jugions ensemble de la meilleure stratégie à appliquer afin de foutre enfin le Canada hors de nos terres.
Comme je ne suis pas un génie et que je n’ai pas de solution toute prête à fournir aux militants, et étant donné que les génies ne courent de toute façon pas les rues, ce qui fait que rares seront les solutions intéressantes sortant du chapeau d’une seule femme ou d’un seul homme, je me dis qu’on est aussi bien de se réunir pour se parler franchement, dans le blanc des yeux, afin de la trouver cette maudite solution.
Des états généraux du mouvement indépendantiste, s’inspirant d’une certaine façon des états généraux du Canada français de 1967, seraient de ce fait, et selon moi, une bonne chose. Mais pour que bonne chose ils soient, il faudra qu’ils se tiennent très librement. Aucune idée ne devra être d’emblée rejetée, aucun groupe ne devra être tenu à l’écart, tout militant devra pouvoir s’exprimer librement. Les états généraux dont nous parlons ne sont pas ceux du PQ, mais bien ceux du mouvement indépendantiste. Et comme l’idée de liberté n’appartient aucunement au PQ, celui-ci ne devra pas jouer aux ti-boss des bécosses en imposant ses diktats et ses conditions. Le PQ devra être un joueur comme les autres, ni plus, ni moins.
Bien sûr, je ne m’attends à rien de révolutionnaire comme conclusion à ces états généraux. Je serais le plus surpris du monde si tous s’entendaient pour mettre en application une stratégie donnée. Plus probable sera que tous ne s’entendront pas sur la suite à donner au mouvement indépendantiste, pour que le Québec ait vraiment un avenir digne de ce nom. Mais je me dis tout de même que dans les temps tourmentés que nous traversons, si nous ne sommes même pas capables de nous parler, cela signifiera que loin de nos lèvres demeure la coupe.
Alors j’y serai à ces états généraux, et j’y défendrai la libération québécoise à ma façon. J’espère seulement que tous les militants de toutes les tendances y seront bien accueillis. Le contraire confirmerait l’échec de ces états généraux.