Les fédéralistes utilisent cette stratégie fréquemment pour déstabiliser le mouvement indépendantiste. Ils critiquent une position comme radicale ou extrémiste, peu importe sa nature. Ils le font avec le RRQ, ils le font aussi avec le PQ. Jean Charest trouve même le moyen de dire que Pauline Marois est une radicale! En réponse à ce genre d’attaque, deux erreurs sont possibles. La première est de modérer ses actions en essayant d’éviter des prises à ses adversaires pour appuyer leurs accusations de radicalisme. C’est la technique péquiste. À chaque critique, on recule d’un pas, on s’excuse et on se dit qu’il faut changer nos positions pour ne plus prêter flancs à de telles attaques. Souvent cela pousse le parti à exclure des militants plus radicaux sur l’indépendance et qui sont vus comme ceux qui génèrent des opportunités de critiques chez les adversaires… Petit à petit, le parti exclut ses militants les plus motivés, recule de plus en plus vers un nationalisme ambigu et perd toute sa substance.
L’autre erreur à commettre serait de faire le chemin inverse. L’attitude du gouvernement et des médias pourrait pousser le mouvement à se dire que tant qu’à se faire décrire comme des extrémistes dans les médias suites à des déclarations et des actions fermes et raisonnables, on pourrait pousser plus loin nos actions que nous l’aurions fait normalement, par défi ou par recherche de visibilité. Pour un mouvement comme le RRQ, le plus dur est de faire l’équilibre. Il faut conjuguer une démarche assez impressionnante pour attirer l’attention médiatique à une intelligence politique qui permet de rejoindre au moins une partie de la population. Le tout en attaquant nos adversaires d’une manière qui peut les déstabiliser. Aller trop loin par défi ou par réponse à des médias pourris, c’est risquer de se marginaliser. Les exemples de groupuscules indépendantistes passés ou présents qui ont pris cette voie ne manquent pas, il n’est pas dans l’intention du RRQ de les suivre.
Un bon exemple de cet équilibre se trouve dans le poing du RRQ. Plusieurs personnes nous ont reproché d’avoir utilisé le poing comme logo, sous prétexte que c’est un symbole violent ou agitateur. Pour moi, le poing du RRQ, c’est le poing du Québec qui frappe la table. Qui dit que c’est assez, tout simplement.