Autrement plus sournois et dangereux se révèle le nouveau négociateur du gouvernement du Québec dans le dossier du traité d’échange Canada-Union Européenne, l’impénétrable Pierre-Marc Johnson. Un rapport de l’Institut de recherche en économie contemporaine écrit par le chercheur Alexandre L. Maltais et qui vient d’être rendu public, présente en introduction une mise en garde extrêmement inquiétante :
« La mise en oeuvre du chapitre sur l’investissement de l’AÉCG Canada-Union européenne aurait des impacts majeurs sur l’économie du Québec. Le rapport aborde deux conséquences concrètes, d’abord sur les politiques environnementales et ensuite sur la mise en place du « Plan Nord » du gouvernement québécois. Il est démontré que les dispositions de l’Accord sont difficilement compatibles avec la législation environnementale et qu’elles permettront aux investisseurs de les contester. De plus, sans rendre impossible l’atteinte des objectifs du Plan Nord, l’AÉCG priverait le gouvernement d’outils qui permettraient la maximisation des retombées économiques et l’atteinte les objectifs de développement social.
En somme, l’adoption de ce modèle d’accord évacue la défense des intérêts supérieurs du Québec pour la promotion d’une idéologie économique et par la mise en oeuvre des dispositions du traité qui contribuerait à la marginalisation de l’intérêt général au profit des investisseurs étrangers. »
Traduisons, ce sera la curée et chacun pourra faire ce qu’il voudra dans un contexte de lois inopérantes. Bref, pendant que Bouchard et Boisclair s’immolent pour couvrir de leur corps celui des pétrolières mitraillées par l’opinion publique, un autre acteur beaucoup plus intelligent, beaucoup plus discret, met la table pour déposséder une bonne fois pour toutes les Québécois de leurs richesses naturelles. Bienvenue au grand capital, aux grands exploitants alias grands exploiteurs. Gageons que Power Corporation est un peu derrière tout ça. Il faut lire ce rapport, c’est 25 pages très techniques mais aussi très éloquentes. Quand on commencera à y voir clair dans ce dossier, gageons que Pierre Schneider devra ajouter de nouvelles pages à son recueil. La liste des petites vendeurs de peuples aux enchères est encore beaucoup plus longue qu’il ne le croit. Et ça continue, et ça continue.