Et comme le disait si bien Jean-Martin, la politique est noble. Ce n’est pas parce que certains la corrompent ou ont renoncé à défendre des idées révolutionnaires et prometteuses pour la société québécoise qu’il faut déserter la scène politique et se réfugier dans des comportements futiles de refus symbolique et de résistance dérisoire. Notre objectif, l’indépendance du Québec, est ce qui nous permettra de changer notre destin et de cesser d’être un peuple vaincu, balloté sur les flots. Tout sera possible à partir du moment où un parti politique formé d’hommes et de femmes déterminés, aux idées solides, s’emparera du pouvoir à Québec et mettra son programme en route, contre vents et marées, avec le peuple derrière lui. Il nous faut le pouvoir politique et, j’ajouterais, le pouvoir économique pour les mettre au service du peuple. Nous en avons plus que soupé de la gouvernance oligarchique, de la survivance culturelle et des marionnettes politiciennes.
Après les fleurs, voici maintenant le pot, sujet principal de ma chronique d’aujourd’hui. À l’occasion de la fête du Canada, j’avais préparé un texte pour montrer encore une fois à nos lecteurs comment la bande de prédateurs psychopathes de Bay Street et ses pantins mythomanes d’Ottawa nous asservissent avec notre argent, mais cette chronique attendra la prochaine fois. Rassurez-vous, le pot n’est pas destiné aux militants d’Option nationale.
Les réjouissances de la Fête nationale, dont les deux grands spectacles étaient fort réussis cette année — bravo aux artistes, aux organisateurs et à ceux qui, on s’en doute, ont pensé d’augmenter le budget —, sont l’occasion de nous dire combien nous nous aimons et combien nous sommes fiers d’être québécois. Une fois de temps en temps, l’enflure verbale a sa place. Le 24 juin, nous pouvons bien nous regarder le nombril du monde, vu que nous sommes d’une discrétion maladive le reste du temps.
Mais il convient aussi, de temps à autre, de régler nos comptes en famille avec la pourriture qui nous gangrène. Et je ne parle pas des trois mousquetaires de la connerie du camarade Jules Falardeau ou de leurs suiveurs. Ceux-là ne méritent même pas d’être qualifiés de membres de la famille québécoise. D’ailleurs, on les a souvent entendus dire que, si le Québec devenait souverain, ils sacreraient leur camp dans une province anglaise, ce qui en dit long sur leur sentiment d’appartenance au peuple québécois. Ils travaillent en sous-main pour Bay Street, Ottawa et quelques oligarques ou magouilleurs apatrides établis par hasard au Québec, mais n’ayant d’autre pays que l’argent. Non, je parle plutôt d’un autre genre d’empoisonneurs, qui dévoient le projet indépendantiste, nous font régulièrement honte et constituent un handicap dans notre lutte.
Je n’ai pas l’habitude de répondre aux tarés de la tradition catholique, surtout ceux qui polluent les sites Web indépendantistes avec des commentaires anonymes. Peuvent se compter chanceux que la liberté d’expression soit sacrée dans l’organisation du Québécois. Des fois, je me demande même s’ils existent vraiment ou s’ils ne sont pas des créatures imaginaires dont la bêtise s’incarne sporadiquement dans la peau d’un personnage surréel comme un maire à crucifix ou un conseiller municipal paranoïaque à Hérouxville. Il ne faudrait pas que je me mette à parler à des fantômes ou à accorder à des Bonhommes Carnaval de banc d’église une importance qu’ils n’ont pas, mais je vais faire une exception aujourd’hui.
Aussitôt qu’un crétin brandit son épée de croisé en jurant de bruler toutes les sorcières à hidjab, Radio-Canada se fait un malin plaisir de nous donner la preuve que les fantômes existent. Et en voyant les revenants de l’époque de la priest-ridden province, les ennemis du peuple québécois sont morts de rire. Ils s’en tapent les cuisses pendant des mois, à pleines pages dans La Presse, la Gazette et le Globe and Mail. C’est d’autant plus drôle pour eux que les grenouilles de bénitier, gonflées comme dans la fable et ne se doutant de rien, voient soudainement leur cerveau de batracien accéder au rang de phénomène de société et se dandinent à qui mieux mieux devant les micros.
Et lorsqu’en plus, la grenouille arbore la fleur de lys, l’hilarité atteint son paroxysme. L’occasion est parfaite pour que les Pratte, Lagacé et autres moralisateurs à gages de l’oligarchie fédéraliste fassent comprendre à leurs lecteurs que les cadavres ambulants sortis d’un autre âge sont la preuve vivante que les indépendantistes sont une bande de passéistes intolérants et incurables. L’équation «indépendantistes purs et durs = illuminés marginaux et pestiférés» s’enracine encore plus solidement dans les esprits. Les sacristains du nationalisme sont des armes tellement efficaces dans l’entreprise de dénigrement du Québec qu’il ne serait pas étonnant qu’ils reçoivent de temps en temps une enveloppe brune.
À entendre coasser cette bande d’enfoirés et de tire-au-flanc, il faudrait, pour ne pas renier nos racines et ne pas mépriser notre culture, avoir le drapeau du Vatican de tatoué sur le cul, juste à côté du trou que les sodomites de pensionnat aiment tant. Comme si notre patrimoine n’était pas surtout fait des mères qui nous ont élevés et que les cochons des presbytères, engraissés à la dime, condamnaient à l’esclavage maternel. Comme si nos frères et soeurs amérindiens, qui nous ont montré à survivre dans ce pays, comptaient moins que les intégristes venus à leur rencontre une bible à la main, pour les «civiliser». Connaitre son histoire et être fier de son patrimoine ne veut pas dire en chanter indistinctement les louanges. Je me souviens, bien sûr, mais j’ai la fierté à la bonne place.
Je n’ai rien contre la spiritualité des gens, ni même contre le christianisme. Il y a, dans ma vie, proche de moi, des gens qui sont de très fervents chrétiens. Je les aime profondément et je les comprends. Qui plus est, j’aime le chant grégorien et tout le répertoire classique d’inspiration religieuse. C’est un trésor de l’humanité. Comme le negro spiritual et le gospel.
Mais aucun des chrétiens pratiquants que je fréquente n’aurait l’idée saugrenue de condamner son voisin parce qu’il porte un turban ou un voile et qu’il vit sa spiritualité autrement. Aucune de ces personnes ne songerait à faire la chasse aux kirpans dans les culottes des écoliers ou à empêcher leurs concitoyens de se vêtir pudiquement et de ne pas être de grands amateurs de chandail bedaine. La pratique religieuse sincère de mes amis croyants est respectable et empreinte d’humilité. Elle est porteuse de valeurs universelles, comme l’amour de son prochain (que j’ai beaucoup de difficulté à éprouver en ce moment, mea maxima culpa). Elle est très loin de l’hypocrisie des dévots qui sont prêts à sacrifier la libération du peuple québécois sur l’autel d’une vision étriquée de notre histoire et de notre culture.
Pour aggraver davantage leur cas, les nostalgiques de l’époque où l’unique vérité descendait de la chaire, le dimanche, comptent aujourd’hui parmi les plus incapables de tout regard critique sur les «vérités» que leur enfoncent chaque jour dans le crâne les médias de l’oligarchie. Quoi de plus normal, en fait, quand on a été nourri aux dogmes et aux bulles papales toute sa vie?
«À Boston, le ti-gars est mort; ils l’ont dit à tévé, là. Et pis c’est vrai parce que RDI a dit son nom et nous a montré sa photo et des cierges qui brulaient avec des gerbes de fleurs. Le méchant, lui, a été photographié sur le même trottoir. RDI nous a montré sa face encerclée au crayon rouge, la couleur de l’enfer, comme disait le cheuf, dans le bon vieux temps du monopole de notre sainte église sur l’éducation. Comment le ti-gars aurait pu mourir si y’avait pas eu de vraie bombe?»
Des trisomiques à la puissance dix. Inutile d’essayer d’éveiller le sens critique d’une cervelle d’oiseau comateuse.
Ça fait qu’en 1759, ça doit être l’armée persane qui a débarqué sur les plaines d’Abraham, n’est-ce pas? Alors, les États-Unis et Israël ont bien raison de vouloir raser l’Iran, un pays qui est connu pour avoir agressé plein d’autres pays. Lesquels? Malheureusement, le bulletin de nouvelles de Radio-Canada se termine toujours avant qu’on ait eu le temps de nous le dire.
Et le prix Nobel Obama n’a jamais tué de civils innocents avec ses drones. Mais non, voyons, ce sont des histoires d’amateurs de théories du complot. Ce ne sont que des accidents bien involontaires, dans la valeureuse lutte contre le terrorisme. Les Pakistanais et les Yéménites ne pensent qu’à nous attaquer, puisque CNN le dit. Massacrons leurs enfants collatéraux.
Les prédécesseurs d’Obama ont bien fait de raser Hiroshima et Nagasaki et de faire des expériences sur les victimes irradiées en les regardant mourir à petit feu. Méritaient bien ça, ces faces jaunies. Ils ont bien fait aussi d’utiliser le napalm sur des villages coréens et vietnamiens. Des yeux bridés, c’est louche. Mieux vaut les tuer avant qu’ils nous tuent.
Les Britanniques ont bien fait de tirer à la mitrailleuse sur des Indiens désarmés. Ils n’avaient qu’à ne pas porter de turbans. Les Français? Ils font une maudite bonne job en Afrique avec leur armée, leurs amis génocidaires, leurs agences de presse fabulatrices et leurs multinationales du pillage. Faut leur montrer, à ces tribus arriérées de la jungle, c’est qui le patron. Y a toujours ben des limites à vouloir être maitre chez soi. Icitte, peut-être, mais en Afrique, faut pas exagérer.
Quant aux Irakiens et aux Afghans, ne parlons même pas de cette vermine méprisable qui n’est pas capable de comprendre c’est quoi la démocratie, même après dix-milliards de tonnes de bombes.
En somme, tous les peuples opprimés et massacrés par le même club de suprémacistes assassins qui a jadis massacré ou abandonné nos ancêtres et qui nous maintient encore dans un état de demi-servitude sont des méchants. Et nos maitres les manipulateurs, eux, sont des bons… sauf quand nous voulons que le Québec soit souverain. Les médias leur appartenant disent la vérité tout le temps, sauf lorsqu’ils parlent du Québec. Quelle logique imparable!
Alors, ma gagne d’inquisiteurs, on va vous les laisser, vos clochers, vos missels et votre vin de messe. On va même vous laisser exhiber vos chapelets, vos croix et vos autres reliques en pleine rue, figurez-vous. Rien de cela ne changera ni avant, ni après la déclaration d’indépendance de la République du Québec. Les prêtres et les religieuses qui se sont dévoués pour leurs compatriotes, voire pour d’autres peuples opprimés, en Afrique ou en Amérique latine? Ils continueront d’être honorés autant qu’avant dans nos manuels d’histoire.
Mais notre patrie, le Québec, n’est pas un royaume catholique, et elle ne vous appartient pas. Tous ceux qui veulent construire le pays avec nous sont les bienvenus. Votre bigoterie de punaise de sacristie et vos vieux caleçons puants de bedeau ne font pas partie des valeurs québécoises.