Lors de cette rencontre éditoriale, Pauline Marois a enfin prononcé les paroles que plusieurs attendaient. C’est-à-dire qu’elle envisagerait, en tant que premier ministre du Québec, de faire en sorte que l’État québécois devienne un « partenaire » de l’industrie se chargeant de l’exploitation des ressources naturelles comme le gaz de schiste et le gaz naturel dans le golfe Saint-Laurent. Mais seulement si cela peut se faire sans danger pour la santé humaine et l’environnement. Elle a mis des gants blancs pour parler du dossier, et elle a bien fait.
Elle a également dit qu’elle voulait mettre un terme au contexte fou que nous vivons présentement et qui permet aux compagnies – plus souvent qu’autrement étrangères – de faire bien du fric en extirpant les ressources naturelles de l’environnement québécois.
Il était temps qu’un politicien s’ouvre les yeux. Il est inconcevable que l’on permette que les Québécois se fassent encore et toujours voler par les voyous du grand capital. Un holà doit être imposé. On doit enfin adopter des mesures qui permettront aux Québécois d’empocher au moins une partie de l’argent que les compagnies empilent à leurs dépens, présentement.
Plus concrètement, Pauline Marois dit vouloir utiliser des outils comme la Caisse de dépôt et placement – qui pourrait redevenir plus interventionniste a-t-elle précisé – pour permettre à l’État québécois de mieux tirer son épingle du jeu. Mais l’État québécois ne serait jamais plus qu’un partenaire minoritaire selon les analyses de la chef péquiste.
Comme quoi, Pauline Marois a fait quelques pas dans la bonne direction, mais il lui en reste encore deux ou trois à faire. Seule la nationalisation de nos ressources naturelles permettrait aux Québécois de devenir un peu plus maîtres chez eux.
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Je dois l’avouer, l’ancien conseiller du Parti Québécois, Maxime Bernier, me fait bien rire. Depuis qu’il a oublié ses valises remplies de documents au domicile de sa maîtresse, il fait des pieds et des mains pour retrouver l’attention du monde conservateur, monde qu’il espère un jour diriger. Son interminable tournée du Canéda destinée à se montrer au plus grand nombre d’électeurs possible l’aura amené à dire plus souvent qu’autrement des conneries.
La dernière en lice ? Lorsqu’il a dit que la loi 101 était inutile au Québec. Le monde au complet sait qu’on parle français et nul besoin d’imposer une loi pour leur faire comprendre qu’il doit nous parler ici, au Québec, dans la langue de Molière. Voilà, grosso modo, l’ânerie que Bernier vient de nous servir.
Je ne sais pas sur quelle planète vit le bonhomme, mais toutes les analyses démontrent exactement le contraire de ce qu’il prétend. Peut-être que le jarret noir ne sort jamais de sa Beauce natale, mais un fait demeure. S’il le faisait, s’il allait passer un peu de temps à Montréal, il se rendrait facilement compte (même lui le pourrait je crois bien) que le « français dégringole » (à ce sujet, il faut lire le dernier livre de Charles Castonguay qui prouve bien ce dont tout Québécois se doute, c’est-à-dire que le français fout le camp). Le monde, plus souvent qu’autrement, nous parle dans notre métropole dans la langue de Shakespeare. Ceci est un fait indéniable.
J’écoutais cette semaine, alors que je me trouvais dans ma voiture, l’émission de Christiane Charette diffusée sur les ondes de Radio-Canada. L’humoriste Doris Simon était invitée. Elle parlait de son travail, de sa vie à Montréal. La Saguenéenne profita de l’occasion pour expliquer qu’elle entendait de plus en plus de gens parler anglais, et ce, même sur le plateau Mont-Royal. Bien sûr, l’humoriste ressentait un malaise à dire une telle chose (les Québécois ont tellement peur de défendre leur identité qu’un aussi simple commentaire gentillet est déjà trop pour plusieurs) ; elle s’est alors mise à bafouiller en disant qu’elle n’avait rien contre les anglophones, mais qu’elle croyait que les Québécois devaient faire attention et protéger leur culture.
Ce qui démontre bien qu’en matière de langue, même un humoriste tient des propos plus sérieux que Maxime Bernier…Et dire qu’on avait ça comme conseiller au PQ! Faut dire qu’avant lui, on a eu Lucien Bouchard comme chef, alors… Après ça, on se demande comment il se fait que le PQ ne va nulle part…
Quiconque désire s’informer eu égard à ce dossier doit donc se tenir loin comme de la peste du Beauceron à la chevelure qu’il veut bien coiffée. Préférable serait pour cette personne de lire le texte fort pertinent et intéressant qu’a fait publier ces derniers jours Tania Longpré. La jeune femme enseigne le français aux immigrants dans la région de Montréal.
Elle a fort bien expliqué que bien des nouveaux arrivants qui débarquent au Québec au début de leur vie adulte peuvent fréquenter le cégep anglais. Ce faisant, ils s’intègrent à la communauté anglophone que l’on retrouve au Québec, ce qui mine les assises mêmes du Québec français. Des années plus tard, certains de ces immigrants qui perdent leur emploi et qui doivent se retourner vers l’État québécois pour retrouver un nouvel emploi sont alors confrontés au fait qu’ils ne maîtrisent absolument pas le français. Ce qui leur complique drôlement la tâche dans leur mission de réinsertion sociale et économique.
Conclusion de Tania Longpré : vive le cégep en français obligatoire pour les allophones et les francophones. Et je suis bien d’accord avec elle.
Espérons maintenant que Pauline Marois entendra les Tania Longpré et les Pierre Curzi de ce monde.