D’une folerie à une absurdité, et retour à la case départ

Je quitte le Québec quelque temps, et qu’est-ce que je retrouve à mon retour en terre nordique? Un lot de foleries démontrant toutes mieux les unes que les autres que ce qui attire le plus notre attention collective n’est pas nécessairement ce qui est le plus important. Non plus que ceux qui les imposent sur la place publique défendent les bonnes positions eu égard à tout cela.

Tout – ou presque – a été dit à propos de cet animateur qui croyait judicieux d’aller jouer aux fesses en plein après-midi dans les buissons d’un parc public de Longueuil. Il a reçu une contravention pour pratiques sexuelles douteuses. C’est ce qu’a rapporté le Journal de Mourial. Plusieurs ont dès lors déchiré leur chemise, estimant que la vie privée du bonhomme n’avait pas à être étalée ainsi dans les journaux. Des artistes sont montés aux barricades pour venir à la rescousse de l’un des leurs. C’est quand même beau la solidarité!  Mais à partir du moment où le type en question a exposé sa vie de famille à la vue de tous, dans les journaux à potins, quand ça allait bien, il ne faudrait pas qu’il s’étonne qu’il en aille de même quand ça va mal. Un moment donné, faut être conséquent.  Tu veux que ta vie privée soit publique, hé bien elle le sera.  Avec tout ce que ça implique.

L’importance de l’exposition médiatique accordée à cette affaire montre par contre que nos médias carburent beaucoup plus au sensationnalisme et aux tites vedettes qu’à la diffusion d’une information digne de ce nom. Un jour ou l’autre, il faudra bien qu’on se questionne sur la pertinence que des supposés médias d’information se vautrent allègrement dans l’industrie-spectacle au lieu d’informer adéquatement le peuple. Car c’est la santé de notre démocratie patentée qui en pâtit.

Passons des buissons de Longueuil pour nous rendre maintenant en terre promise de Saguenay.

Là-bas sévit un gourou illuminé qui aimerait tous nous voir les bras bien en croix pour expier nos péchés les plus vils (j’ose à peine imaginer la punition qu’il réserverait à l’abominable animateur des buissons de Longueuil). Depuis des années, Ti-Jean Tremblay nous fait grâce de ses admonestations les plus solennelles. Dans sa tite-tête de curé, le diable se dissimulerait à tous les tournants. Il faudrait prier et prier encore plus pour nous prémunir des plus grands dangers qui portent le turban ou la ceinture fléchée sentant le patchouli. Ces derniers jours, notre capoté catholique a encore une fois dépassé les bornes. Ne voilà-t-il pas qu’il lance une croisade contre les intellectuels qui seraient en train de transformer son beau royaume en terre de la pauvreté (voire pire…en véritable Sodome et Gomorrhe), et ce, en s’opposant aux pipelines des Canadians…! Faut vraiment qu’on soit en pleine période obscurantiste pour que des supposés représentants du peuple proposent comme solution de s’attaquer à ceux qui font métier de réfléchir la société. Si c’est là tout ce dont le petit despote du Saguenay est capable d’imaginer comme mesure de développement, aussi bien qu’il rentre dans ses terres et nous libère enfin de ses conneries.

Passons du Raélien du Saguenay au chum des Saoudiens.

Semblerait que Philippe Couillard ait vraiment mal digéré le discours d’Olafur Ragnar Grimsson, président de l’Islande qui était dernièrement en visite au Québec. Lors de son passage chez nous, ce dernier a livré un vibrant plaidoyer en faveur de l’indépendance nationale. Couillard ne semble pas davantage avoir apprécié les propos de PKP, lui qui disait dernièrement qu’on devait cesser de se comporter en colonisés et nous libérer enfin. N’en fallait pas plus pour que le bon docteur ressorte le bonhomme sept heures.  Selon celui qui s’est enrichi grâce aux coupeurs de têtes d’Arabie saoudite, l’indépendance serait la pire catastrophe économique que pourrait connaître le Québec. Voilà LA raison de son opposition à ce rêve de liberté.

Mille excuses, mon cher messire, mais la pire catastrophe économique qu’on puisse ici imaginer, c’est vous et votre bande de voleurs. Votre propension à couper tout et partout sans réfléchir, au nom de l’austérité qui vous fait tant bander et qui a prouvé partout ailleurs dans le monde que c’était la meilleure formule pour faire mal au monde ordinaire, est un véritable cauchemar. Pour les régions et l’ensemble du Québec. Tout comme votre manie de faire mille et un cadeaux aux amis de votre régime.  Et lorsque vous avancez comme seul argument concret pour vous opposer à l’indépendance que vous aimez bien trop recevoir votre chèque de péréquation pour vous lancer dans une telle aventure, vous démontrez seulement par là que vous êtes un parasite qui préfère vampiriser son voisin plutôt que de prendre ses propres responsabilités. Un moment donné, il faudra bien nous faire collectivement confiance et voler de nos propres ailes. Surtout qu’il a déjà été démontré de maintes manières, et par des profs de Harvard SVP, que le Québec possède tous les atouts pour se libérer sans qu’il se transforme comme par magie en pays à l’économie ébranlée.

Mais certains, dont ce Couillard de bas étage, préféreront toujours nous servir des histoires de peurs plutôt que de débattre intelligemment de notre destin national.   Une façon comme une autre de nous garder petits et à notre place j’imagine!

Passons du dépendantiste et chum des Saoudien au maire-show-business.

Denis Coderre, ce politicien qui semble tout droit sorti d’un rang votant depuis toujours pour l’Union nationale, nous a commandé de nous y faire. Grâce à son travail acharné, bien des places et des monuments seront bientôt rebaptisés du nom de l’écrivain Mordecai Richler. Sa première réussite en lice étant une bibliothèque francophone du Mile-End qui porte désormais le nom de l’écrivain controversé.

On est quand même bizarres, nous de ce Québec occupé. On a une étrange manie de considérer comme étant correct que des rues, des places ou des établissements portent les noms des pires fourbes de notre histoire: des rues Wolfe qui a massacré les habitants de la Nouvelle-France, il y en a ; ou des rues Amherst qui a lancé la première guerre bactériologique contre les Amérindiens; ou des rues Monkton qui est à l’origine d’un affreux nettoyage ethnique ayant exterminé les Acadiens. Me semble que, par dignité, on devrait effacer tous ces noms sales de nos places publiques.

Au lieu de le faire, notre maire carnavalesque préfère en ajouter. Et le nom Richler de désormais faire partie de notre espace public.

Au cours de sa carrière, Mordecai Richler a vertement critiqué les Québécois. Les indépendantistes plus souvent qu’autrement. Mais ce n’est pas grave puisque sa veuve Florence, lors de l’inauguration de la bibliothèque Mordecai Richler, a dit que son défunt mari critiquait tout le monde. Soit. Et en fait, il m’importe peu qu’il nous critiquait. C’est en fait de bonne guerre. Là où je ressens un profond malaise, c’est quand je songe à la façon dont il le faisait; en versant dans la calomnie la plus exécrable.

Richler a inventé que la victoire du PQ en 1976 avait été célébrée par des chants d’inspiration nazie. Il a été prouvé que c’était faux. Le sale type ne s’est jamais excusé d’une telle calomnie.

Richler a inventé que les patriotes de 1837-1838 avaient pour but d’étrangler tous les Juifs du Bas-Canada. Il a été prouvé que c’était faux. Le sale type ne s’est jamais excusé d’une telle calomnie.

Richler s’est inspiré des travaux fallacieux d’Esther Delisle pour inventer que le nationalisme québécois avait toujours été antisémite. Il a été prouvé que c’était faux. Le sale type ne s’est jamais excusé d’une telle calomnie.

Dans un article vicieux contre le Québec et ses lois linguistiques et publié dans le New-Yorker de 1991, Richler a comparé les femmes canadiennes-françaises à des truies. Il a dit que les Québécois les considéraient comme de dignes représentantes de la race porcine et leur imposaient un taux de reproduction exténuant. C’est de Simonne Monet-Chartrand dont il parlait et de son époux Michel. De toutes nos grands-mères et nos grands-pères en fait! Richler ne s’est jamais excusé d’une telle calomnie.

Après le référendum de 1995, Richler s’est épanché dans les pages d’un magazine canadien-anglais. Il accusait les séparatistes d’avoir menti et triché et, malgré leur défaite, de poursuivre leur politique de purification ethnique. Il ne s’est jamais excusé non plus d’une telle calomnie.

Je veux bien qu’on nous critique. C’est même sain.  Mais certainement pas en nous calomniant de la sorte.  Il m’est par conséquent inconcevable qu’on veuille honorer la mémoire de ce sale type en apposant son nom sur nos murs et institutions!

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Quand on voit ce que nous imposent comme sujets de débats nos supposés leaders d’opinion, ça donne vraiment le goût de sacrer son camp pour de bon.

Hé misère!

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3 commentaires

  1. J’aimerais pouvoir dire que, si tu ne t’étais pas absenté du Québec quelque temps, tout ce que tu déplores dans ton texte excellent ne se serait pas réalisé. Une révolution s’impose. Je cite ce passage que j’aime bien: «Et lorsque vous avancez comme seul argument concret pour vous opposer à l’indépendance que vous aimez bien trop recevoir votre chèque de péréquation pour vous lancer dans une telle aventure, vous démontrez seulement par là que vous êtes un parasite qui préfère vampiriser son voisin plutôt que de prendre ses propres responsabilités. Un moment donné, il faudra bien nous faire collectivement confiance et voler de nos propres ailes. Surtout qu’il a déjà été démontré de maintes manières, et par des profs de Harvard SVP, que le Québec possède tous les atouts pour se libérer sans qu’il se transforme comme par magie en pays à l’économie ébranlée.»

  2. Monsieur Bourgeois,

    Je partage entièrement votre point de vue sur Mordicai Richler.
    Jeudi prochain, lors d’une visite à la bibliothèque du Mile End, je vais exprimer mon refus et mon indignation pendant une rencontre « atelier d’écriture en français, à laquelle je suis inscrit depuis deux ans.

  3. On arrive à la conclusion que : Pierre Péladeau n’a pas été un grand bâtisseur comme l’histoire veut nous le faire croire. Dès la genèse de ce torchon, on l’appelle le Journal des 4 « S»: Sport, Sang, Sexe et Sensationalisme!

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