La démocratie Solidaire se transforme à petit feu en démocratie plébiscitaire
Le 15 janvier, tous les membres de Québec Solidaire recevaient un courriel les enjoignant à participer à des rencontres régionales en février pour préparer la plateforme électorale 2022 sur la base d’un questionnaire qui sera disponible à la fin janvier. Ces rencontres sont la première étape menant au vote de cette plateforme lors du congrès de l’automne 2021 en passant par le conseil national de mai 2021 qui devra identifier ses « axes prioritaires ». Manifestement la direction du parti a pris goût à ces rencontres consultatives ‘zoom’ sans clavardage, sans caméra et à micro contrôlé qu’elle a découvertes lors de la première vague de la pandémie le printemps dernier. Ces rencontres, en réalité des conférences avec questions-commentaires, permettent à la haute direction et à la députation du parti un contact direct avec les membres sans passer par les structures statutaires électives, essentiellement les associations de circonscription.
Tant qu’il s’agit d’activités non-statutaires, on peut y voir d’utiles sessions de formation. Mais dorénavant, il s’agit de s’immiscer dans le domaine statutaire où la pratique démocratique est le débat suivi d’un vote. Pour qu’on ne s’y trompe pas, le courriel-lettre précise qu’il s’agit bien de « consultation ». Bien sûr, ces consultations devront être suivies d’un retour au processus démocratique normal soit assemblée générale ou au moins coordination plus ou moins élargie des circonscriptions avec débats et votes. Pour l’instant il ne s’agit pour l’aile parlementaire que de canaliser le processus dans la bonne direction. Laquelle ? Elle sera suggérée par le questionnaire qui sans doute fera « preuve de rigueur, de créativité, mais surtout d’écoute envers les préoccupations de la population » comme le dit le courriel. Encore faut-il démêler ces préoccupations des solutions à la mode matraquées par les monopoles médiatiques et limitées par l’isolement empiré par la pandémie.
On se demande bien pourquoi les associations de circonscriptions et autres collectifs et commissions ne pourraient pas elles-mêmes organiser et encadrer cette mise en bouche du processus de construction de la plateforme par de véritables réunions interactives avec clavardage et caméra avec des débats qui pourraient sortir des sentiers battus du questionnaire et au besoin des votes indicatifs ? Si la lumière rouge de la fausse démocratie plébiscitaire n’est pas encore allumée, la jaune ou la orange l’est certainement. L’avenir de cette déviation est démontré par la débandade de Podemos, le populiste parti de gauche espagnol, qui pratique ce type de fausse démocratie ce qui l’a amené à devenir un parti centriste à la remorque du parti social-libéral dit socialiste actuellement au gouvernement avec quelques ministres juniors de Podemos comme prix de consolation pour les politiciens carriéristes à la tête de Podemos.