Philippe Couillard et l’intégrisme

Les principaux porte-parole du Parti Québécois accusent ces jours-ci le premier ministre et chef du parti libéral, Philippe Couillard, de ne pouvoir prendre clairement position dans le dossier de l’intégrisme à saveur islamiste à cause de ses accointances passées avec l’Arabie saoudite, un pays appliquant la charia qui n’a pas vraiment la réputation d’être un havre respectueux des droits humains.

Philippe Couillard a, de fait, travaillé en Arabie saoudite de 1992 à 1996. Il a contribué à mettre sur pied un centre de neurochirurgie à l’hôpital de Dhahran. Il était également le proche conseiller du prince Abdullah bin Abdelaziz Al-Rabeeah, ministre de la santé de ce royaume à cette époque-là.

Plus concrètement, Philippe Couillard travaillait pour l’Aramco, compagnie de pétrole d’origine américaine qui possédait son propre réseau de santé privé et qui a historiquement manigancé de diverses façons contre l’OPEP, l’organisation des pays exportateurs de pétrole. Le cheik Mahfouz avait dirigé l’Aramco quelques années avant d’être accusé dans un scandale financier très important. Celui de la Bank of Credit and commerce international (BCCI). Mahfouz faisait partie des proches de Ben Laden. Cela se passait tout juste avant l’arrivée de Philippe Couillard en sol saoudien.

En Arabie saoudite, Philippe Couillard travaillait donc pour des gens fort peu recommandables. Mais il était surtout au service d’une monarchie très peu respectueuse des droits de la personne. Le wahhabisme, vision puritaine qui prétend que l’islam devrait être ramené à sa forme originelle, avec toutes les conséquences pour les droits de la personne que cela implique, étant originaire de ce pays.

Maintenant, est-ce ce passé qui contraint Philippe Couillard à adopter des positions aussi timorées eu égard à l’islamisme militant? Je ne le crois pas.

Le problème relève bien davantage des relations qu’entretient le parti qu’il dirige avec les communautés immigrantes du Québec. Le PLQ vit et survit et prospère grâce aux votes des anglophones, mais surtout des immigrants. Tout ce dossier de l’islamisme et de l’encadrement restrictif des pratiques religieuses dans la sphère publique ne peut donc être qu’une grosse patate chaude entre ses mains. Comment peut-il agir sans déplaire à sa clientèle? Car pour une Fatima Houda-Pépin qui claque la porte pour le manque de courage des libéraux face à l’islam ostentatoire et militant, ce sont des milliers d’appuis qui seraient perdus si ce parti osait déplaire à certaines communautés en agissant fermement à l’égard de leur religion. La formule « je suis discret » étant pas mal plus rentable pour Couillard que le fameux « je suis Charlie ».

Et pourtant, quelque chose doit être fait pour mettre un terme aux foleries religieuses. J’ai répété à plusieurs reprises que je n’étais pas en faveur d’une charte qui aurait réglementé le port de vêtements religieux dans des postes publics. Je trouvais qu’une telle démarche ne constituait pas une très bonne stratégie pour le PQ lorsqu’il la pilotait. Je ne le trouve pas davantage aujourd’hui.

À mon point de vue, c’est par l’éducation qu’on doit limiter l’influence des superstitions au Québec (et par des politiques d’immigration, mais ça c’est une autre histoire). Et cela passe d’abord et avant tout par un réseau d’écoles exclusivement publiques. Le débat écoles privées vs écoles publiques fait rage depuis plusieurs années. Surtout pour dire que les écoles privées drainent des ressources monétaires dont aurait cruellement besoin le réseau public. Ce qu’on dit moins, c’est que les écoles privées ont beaucoup plus de latitude pour agir comme bon leur semble à l’égard du cursus encadrant leurs élèves. Ce qui donne naissance à des débileries sans nom. Rappelons-nous du cas de cet ancien élève (Yonanan Lowen) qui a annoncé à la fin de 2014 avoir mis en demeure le gouvernement du Québec pour 1, 2 million$ pour l’incurie grave dont il a fait preuve en permettant à des enfants comme il avait été jadis de fréquenter une école où il n’a rien appris d’autre que les « enseignements » de la Torah. Il est ici question des écoles hassidiques de Boisbriand. Ou encore de ces écoles privées de confession musulmane liées aux réseaux islamistes. On a de fait appris dernièrement que l’organisation des Frères musulmans avaient achetés deux immeubles au Québec afin d’y abriter des écoles musulmanes où de la littérature concernant le djihad était disponible. Plusieurs États considèrent que cette organisation des Frères musulmans en est une terroriste. Son mandat étant de lutter contre l’influence occidentale par toutes sortes de moyens plus inquiétants les uns que les autres.

Et il n’y pas que les écoles primaires qui sont concernées. En 2012, l’Université McGill, université anglophone et privée, a accepté un généreux don de 1,2 millions$ du Qatar pour financer sa chaire d’études sur l’islam. Le Qatar est un émirat du Moyen-Orient régit par la charia et où l’homosexualité est punissable de mort. Les travailleurs étrangers y sont traités d’une façon telle que Human Rights Watch parle de torture. Était-ce acceptable qu’une université accepte de l’argent d’un tel pays? Je ne le crois pas.

Mais est-ce que les libéraux pourraient agir sur ce terrain? Pourraient-ils vraiment s’attaquer aux écoles privées pour favoriser le réseau public? Est-ce que Couillard pourrait faire le ménage dans nos écoles pour y sortir les fous de Dieu? On se l’imagine mal. Encore moins lorsqu’il s’agit d’écoles privées fréquentées en vaste majorité par des enfants d’immigrants.

Et pourtant, c’est en dispensant un savoir de type républicain par l’entremise d’écoles publiques dynamiques qu’on empêchera les superstitions de prospérer au Québec.

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