Le masque de Mario Beaulieu est tombé

Le mal qui est dans le monde vient presque toujours de l’ignorance, et la bonne volonté peut faire autant de dégâts que la méchanceté, si elle n’est pas éclairée. — Albert Camus

Nous savions déjà que Mario Beaulieu, alias le roseau, était un bon ami du chef de cabale Gilles Duceppe. Il lui a obséquieusement cédé sa place à la tête du Bloc Québécois pour la campagne électorale de 2015, où l’indépendance du Québec était un sujet tabou, malgré le programme adopté en 2014. Nous savions aussi que Beaulieu s’était opposé à la candidature de notre camarade indépendantiste Patrick Bourgeois lors de la même campagne. Maintenant, nous savons que Beaulieu préfère s’associer à des démissionnaires qui ne veulent rien savoir de promouvoir l’indépendance du Québec plutôt qu’à la vaillante et loyale patriote Martine Ouellet. Voilà un choix qui en dit long encore une fois sur la véritable allégeance de Beaulieu, qui écrit ceci dans son courriel de lundi, au nom de la ténébreuse «Coalition pour l’unité du Bloc Québécois»:

Nous avons un plan pour la suite des choses. Déjà nous avons entrepris des discussions privées avec certains députés démissionnaires dans l’objectif de reconstruire le Bloc après le départ de Mme Ouellet. — Mario Beaulieu

Ceux qui, jusqu’ici, ont continué de croire que Beaulieu était animé par des convictions sincères devront prendre bonne note de ce choix. Monsieur 101-petites-victoires-pour-le français-jusqu’à-la-défaite-finale négocie «en privé» le retour au Bloc Québécois des cryptofédéralistes qui se chicanent déjà entre eux et dont la doctrine étrange consiste à ne pas parler d’indépendance devant l’électorat pour ne pas perdre des votes. La même doctrine qui a conduit le Bloc de Duceppe dans le mur en 2011. 

Mais ce ne sont pas les seuls comportements qui révèlent la vraie nature de Beaulieu. Il y a autre chose, par exemple, la dernière fois que je lui ai parlé au téléphone. 

C’était le 20 avril 2018. Beaulieu a jasé pendant une heure et trois minutes et m’a répété à maintes reprises deux choses qui m’ont frappé: 1) «Martine Ouellet est une cheffe qu’on ne peut pas encadrer»; 2) «il nous faut un chef plus stratégique». Donc, dans l’esprit de Beaulieu, c’est lui qui doit «encadrer» la cheffe, et non l’inverse. Il est vrai que, pour certains hommes, se faire diriger par une femme est une atteinte à leur virilité. 

Et puis, que veut dire «être plus stratégique» pour Beaulieu? Pendant notre long entretien, où il a parlé au moins les trois quarts du temps, il a clairement laissé entendre qu’une personne «stratégique» ne contrarie pas ceux qui ne veulent pas parler d’indépendance même si l’article premier du programme de leur parti, adopté par les membres, dit qu’il faut le faire.

Beaulieu aime aussi beaucoup agiter le spectre des démissions qui auraient prétendument été causées par les méthodes de Martine Ouellet. Son entourage ne cesse de propager cette idée depuis des mois. Il le faisait même avant la démission des sept, au début de mars. Or, plusieurs départs ont été causés par le climat d’affrontement que Beaulieu lui-même et son entourage n’ont cessé d’alimenter avec des ouï-dire et avec les mauvaises attitudes qu’ils ont hypocritement cultivées. 

En outre, pendant que Beaulieu contemple avec un sourire narquois les démissions qu’il contribue lui-même à provoquer, d’autres personnes reviennent au Bloc après être parties pour des raisons personnelles n’ayant rien à voir avec la cheffe. Beaucoup d’autres encore n’ont surtout pas l’intention de démissionner et affirment qu’elles adorent travailler avec Martine Ouellet. 

Dans un discours enflammé, le professeur Denis Monière disait d’ailleurs, lors du rassemblement du Bloc Québécois de dimanche dernier, combien il avait aimé collaborer avec Mme Ouellet pour rédiger le nouveau programme du parti qui est proposé aux membres, Pour faire du Québec une république. Beaulieu et ses acolytes n’auraient jamais été capables d’accoucher d’un document d’une telle qualité, même en cent ans. Bref, les reproches de Beaulieu concernant le travail de la cheffe sont de la médisance fondée sur le point de vue subjectif de certaines personnes, qui est loin d’être partagé par tout le monde. 

À part ses critiques injustes et mal étayées qui volent bien bas, dans le registre du commérage, le seul autre argument de Beaulieu et de sa coalition, que je qualifierais de CAQ 2.0, est l’idée que Martine Ouellet aurait mauvaise presse. Plus de la moitié de leur courriel de lundi est composé de citations qui nous viennent des salariés du cartel médiatique. En somme, Beaulieu veut que les membres du Bloc Québécois obéissent aux injonctions des patrons de presse, qui semblent être devenus ses maitres à penser même s’ils sont unanimement hostiles à l’indépendance du Québec. 

Aucun journal, aucune radio ni aucune chaine de télévision québécoise n’affichera quelque sympathie que ce soit pour le projet de faire du Québec un pays. Si un autre chef voulait mettre en pratique l’article premier du programme du Bloc Québécois, il aurait mauvaise presse aussi. La seule façon d’éviter le courroux des menteurs patentés des médias consiste à ne jamais proposer sérieusement aux Québécois de préparer leur sortie du Canada. 

C’est au fond ce que souhaitent Beaulieu et ses amis démissionnaires: attendre que l’indépendance se réalise toute seule. Parler plutôt d’unité. Unité pour aller nulle part. Unité payante pour toucher un salaire de député fédéral de 175 000 $ par année. Et pourquoi pas également unité canadienne, tant qu’à y être?

Posted in à la une, chroniques politique québécoise, Journal Le Québécois.

11 commentaires

  1. Le travail de sape de M. Beaulieu et tutti quanti témoigne de leur manque d’envergure : par résignation, ils soumettent le noble idéal de l’indépendance ainsi que le parti qui l’incarne à la « mauvaise presse », ce rouage inhérent au désordre établi qu’est le régime canadien.

  2. Bien dit Bernard, il ne nous reste qu’à espérer un oui aux 2 questions mais la partie ne sera pas encore gagnée; je m’attend à ce que le roc continue à déployer tout son arsenal de stratagèmes légal et illégal comme d’habitude!

  3. Le leadership traduit la capacité d’un leader à obtenir de son équipe une adhésion forte et durable à la réalisation d’un projet ambitieux. Un leader crée autour de lui le désir d’émulation par sa seule présence. Ainsi, l’existence d’un leader se constate plus souvent qu’elle ne se proclame. Martine Ouellet n’est visiblement pas une leader. Elle n’est ni stratège, ne vise pas le consensus et ne crée pas l’adhésion. Le Bloc est mort.

    • Oui elle crée l’adhésion… Les quelques conversations que j’ai eues avec elle me confortent dans cette perception. Mais on ne peut faire adhérer des gens qui ne partagent pas, dès le départ, un objectif commun; des gens qui se voyaient calife à la place du calife et qui on juré d’avoir sa peau au moment même ou il était nommé. « Elle perd rien pour attendre la ptite crisse » -un député du bloc- en conversation avec un autre au moment de la nomination officielle de Ouellet…

    • Même les plus grands leaders de ce monde ne peuvent rallier à leur cause ceux et celles qui ont décidé d’imposer leur propre loi en faisant fi de la démocratie. Distinguer un bon leader d’un mauvais est tout aussi difficile que de faire la différence entre un député de bonne foi et un autre qui veut imposer sa volonté au chef de parti. Comment les distinguer ? Facile : il suffit de regarder qui tante de détruire l’autre. La différence est encore plus frappante au lendemain du vote lorsqu’il continue de s’acharner encore et encore. Je vous invite d’ailleurs à l’écoute de cette merveilleuse chanson de Laurence Jalbert qui traite justement de ce sujet : l’acharnement.

  4. Je ne sais pas si elle est un leader mais, moi, je devenais un militant actif du bloc avec elle aux commandes. Maintenant, ils peuvent bien crever, ces imbéciles mysogines…

  5. Ça ne se fait pas dans un parti de ne pas suivre les règles car ce sont les règles qui permettent au groupe de fonctionner et aux membres d’avoir confiance aux dirigeants. Ce qu’on fait les hauts gradés du parti envers la chef qui a été élu selon les règles est inadmissible et a miné à tout jamais la confiance des membres envers l’exécutif. Jamais le PLQ ou autre grand parti n’aurait fait un tel carnage car ils en payeraient le prix pour longtemps mais dans la famille indépendantiste ce n’est pas grave car il n’y a aucune conséquence par la suite dans la vie publique au contraire on vous applaudit d’avoir poignardé un indépendantiste. Très triste de voir ça et si morslement nous sommes un peuple inférieur aux autres peuples pourquoi vouloir se séparer ?

  6. Mon avis est que Mario Beaulieu fait parti de la grande famille des :

    FONCTIONNAIRES SERVILES :
    « Nous choisirons parmi le public des administrateurs aux tendances serviles. Ils seront inexpérimentés dans l’art de gouverner.
    NOUS les transformerons facilement en pions sur notre échiquier où ils seront mus par NOS savants et sages conseillers, tout spécialement formés DÈS la PLUS TENDRE ENFANCE (NDLR : pédophilie) pour le gouvernement du monde.
    Ainsi que vous le savez déjà, ces hommes (et femmes) ont étudié cette science de gouverner d’après NOS plans politiques, l’expérience de l’Histoire et l’observation des évènements actuels.
    Les Gentils ne profitent pas des observations continuellement fournies par l’Histoire, mais ils s’en tiennent à une routine de théorie, sans se préoccuper des résultats qu’elle ne peut donner.
    Nous n’accorderons donc aucune importance aux Gentils.
    Qu’ils s’amusent jusqu’à ce que les temps soient accomplis; qu’ils vivent dans l’espérance de nouveaux plaisirs, ou dans le souvenir des joies passées. Qu’ils croient que ces lois théoriques que NOUS leurs avons inspirées sont d’une suprême importance.
    Avec cette idée en perspective et le concours de NOTRE Presse NOUS augmenterons sans cesse leur confiance aveugle en ces lois.
    L’élite intellectuelle des Gentils s’enorgueillira de sa science et, sans la vérifier, la mettra en pratique telle que la lui auront présenté NOS agents, pour former leurs esprits dans le sens voulu par NOUS. »
    Extrait du Protocole des Sages de Sion. (an 1901 )

  7. Quelle malhonnêteté intellectuelle que cet article… il y a tellement d’erreurs, de fausses dénonciations qu’il ne vaut pas la peine de toutes les souligner. Vous réécrivez l’histoire à votre convenance… et l’histoire se chargera de vous juger.

  8. Je suis peiné par toute cette guéguerre mais aussi et surtout des réactions d’ABANDON que je lis un peu partout… et surtout du style peu respectueux des uns envers les autres, y a de quoi vraiment nourrir un argumentaire pro-fédéralisant si jamais les fédéraleux n’y ont pas déjà pensé [ou encore si on ne joue pas déjà LEUR jeu que celui de s’entre-déchirer sur les places publiques]. Alors j’implore tous les blessés, dont je suis, au nom des seules dernières chances qu’ils nous restent d’actualiser le PAYS qui seul devrait être notre SEULE ambition politique : la venue [par l’avenue de la Solidarité ! ] du pays LIBERTÉ ! et de ré-investir tous les mouvements, tous les partis et de convaincre par notre nombre et notre so-li-da-ri-té du bien fondé de l’action !

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