Le « coloc noir »: un coup fourré de La Presse

Décidément, plus j’en apprends au sujet du projet de lettre que voulaient signer des militants du comité des jeunes du PQ (CNJPQ) avec des représentants du Front national, et plus je me rends compte que La Presse mérite bien le sobriquet que lui avait jadis accolé Olivar Asselin: « La putain de la rue St-Jacques ».

Si l’on se fie aveuglément à l’article du journaliste à l’origine de la crise, c’est-à-dire Denis Lessard, on serait porté à croire que de jeunes alliés de Bernard Drainville flirtaient avec le FN et auraient sérieusement envisagé de signer une espèce d’alliance avec Marine Le Pen. Sous les coups de plume de Lessard, le jeune Charles Picard-Duquette, jeune péquiste de l’Estrie impliqué dans les discussions concernant le projet de lettre, passait pour un parfait imbécile qui banalise le racisme avec ses commentaires sur son « coloc noir ». Or, il appert qu’il n’y avait rien là de sérieux dans les propos de ce jeune péquiste. « Tous les militants qui le connaissent un peu savent qu’il ne faut jamais le prendre ni au premier, ni au deuxième degré. Il déconnait totalement. Il n’aurait jamais écrit cela s’il n’avait pas pensé que nous étions entre collègues qui pouvaient comprendre son sarcasme », de me confier une source. Cette même source m’a aussi dit que le jeune Picard-Duquette avait dû être « ramassé à la petite cuillère » à cause de cette histoire qui l’a grandement écorché.

Pourtant, mes sources me garantissent que la nature véritable des échanges qui se sont retrouvés dans un groupe Facebook exclusivement privé du Comité national des jeunes du PQ a été très bien précisée à Denis Lessard lorsqu’il récoltait des commentaires en prévision de la publication de son articulet qui pue le jaunisme. Il lui a été dit et redit que jamais aucun pacte n’avait été envisagé avec le FN, et que jamais le PQ n’endosserait d’une quelconque façon que ce soit les positions politiques de ce parti de France. Et que ce projet de lettre destiné à dénoncer la décision de Québec de hausser les frais de scolarité pour les Français était en fait l’initiative d’un seul militant, très à gauche de surcroît (Joël Morneau);  aucunement une démarche officielle donc. Le projet de lettre a été présenté sur le groupe Facebook privé pour que les autres donnent leur avis à ce sujet. Tout simplement. M. Morneau envisageait en plus de la faire signer par d’autres formations politiques comme le Parti socialiste, Québec solidaire, l’Union pour un mouvement populaire, etc.  Ce n’était aucunement une approche qui aurait été – si elle avait été vraiment mise de l’avant – réservée au FN.

Mais Denis Lessard a sciemment fait le choix de ne point rapporter ces éléments d’information. Préférant tout miser sur une construction de toutes pièces dont il est l’auteur et qui laisse faussement croire aux lecteurs que des péquistes entretiennent des sympathies pour le FN et qu’ils ont enclenché conséquemment un flirt à saveur officielle avec ce parti. « Le problème avec Denis Lessard, c’est qu’il cherche à nous faire mal paraître », de me suggérer une autre source bien au fait du dossier.

Ici et là, on suspecte que l’information ait été coulée par des partisans d’Alexandre Cloutier (ce qui reste à être démontré) qui lui aussi espère devenir prochainement chef du Parti Québécois. Ce qui expliquerait pourquoi cette affaire a été associée à Bernard Drainville, autre candidat dans cette même course à la chefferie, alors que ç’a n’avait rien à voir avec son camp. « La personne qui a coulé l’information, à l’évidence, connaissait parfaitement les allégeances de ceux qui se sont exprimés à ce sujet sur le groupe. Elle a ainsi pu monter un beau récit pour discréditer Drainville », a estimé une autre source bien informée. « Bref, on s’est fait faire une belle job de bras et tout le monde est maintenant en colère contre la taupe. On ne connaîtra jamais son identité à coup sûr mais on sait très bien qui avait à y gagner », a ajouté cette même source.

C’est pour le jeune Picard-Duquette que cette histoire doit être la plus douloureuse. J’ai par le passé subi moi aussi la foudre des médias galeux. Et ce n’est jamais facile à vivre. Je tiens donc à lui dire que je regrette affreusement d’être tombé moi aussi dans le panneau et avoir cru que l’affaire du coloc noir était sérieuse. Je n’ai jamais songé un seul instant que cela pouvait avoir été dit sous le coup d’une farce destinée à alléger l’atmosphère entre militants.  Regret sincère du militant que je suis à son égard, donc.

Toute cette affaire me rappelle les propos de De Gaulle à propos des journalistes: « on ne les empêchera jamais de pisser leur vinaigre ».  Malheureusement, au Québec, ils le pissent plus souvent qu’autrement contre le même camp…

Publié le à la une, chroniques politique québécoise, Journal Le Québécois, Organisation du Québécois et étiqueté , , , .

7 commentaires

  1. Qu’y aurait-il de gênant pour un péquiste de sympathiser avec le F.N.? C’est le seul parti nationaliste en France.

    • Le FN en France, c’est un nationalisme prônant l’exclusion et la haine de la différence alors qu’au Québec, c’est un nationalisme de survie de l’esprit de la Nation qui se veut inclusif des immigrants (j’en suis un) et fait une place à la différence. Méchante différence! Dans une même langue, un mot peut avoir des sens bien différents, attention à l’amalgame.

    • Vous avez bien raison M. Mercier. Tous les autres partis français appuient bruyamment ou discrètement l’Union européenne qui retire constamment des pouvoirs aux pays de l’union au profit d’une structure qui ressemble de plus en plus à la fédération canadienne. Comment des fédéralistes français appuieraient-ils l’indépendance du Québec, alors qu’ils ont renoncé à cette même indépendance pour leur propre pays ?
      D’autre part il est urgent de freiner l’immigration qui est en train de dénationaliser ce qui reste de Québécois dans la région de Montréal. Un vrai Québécois ne peut rester passif devant ce qui ressemble de plus en plus à un ethnocide. Les Anglais peuvent bien triompher, car ils savent bien que le melting pot francophone de Montréal n’a rien de Québécois et ne votera jamais pour l’indépendance du Québec.
      Le Front national de Marine Le Pen sait tout cela et beaucoup plus encore. C’est certainement la force politique la plus lucide du monde occidental et je l’appuie avec le Cercle Raoul-Roy (groupe d’indépendantistes québécois sympathisants du FN). Je vous invite à visiter le site du Front national, ainsi que celui du Cercle Raoul-Roy. yvesmenard1608@yahoo.fr

      • Monsieur Ménard, j’aimerais bien discuter avec vous, je suis indépendantiste et le Front National est loin d’attiser la haine chez moi ou encore me faire peur… J’adore M. Philippot, un gaulliste, bras droit de Marine Le Pen, la réaction du PQ m’ayant grandement déçu, car en cas de victoire du FN à la présidentielle de 2017, d’une victoire du PQ en 2018 et d’un éventuel référendum gagnant, avec qui parlerons-nous ??? Où trouverons-nous la reconnaissance internationale, à Londres, à Washington, à Berlin, non en France et il est plus que temps que le PQ cesse d’avoir peur, d’avoir peur… Non, le FN n’est pas parfait, mais le seul qui serait ouvert à une reconnaissance du Québec… mais vrai que le PS est plus fréquentable (ironie) et que dire de l’UMP et son chef, qui doit son accession en 2007 à l’Élysée par les Desmarais… au plaisir 🙂

  2. Toute cette histoire n’aurait pas eu lieu sans la charte du PQ et son obsession islamophobe qui n’a fait que susciter et mettre en évidence l’extrême droite du mouvement nationaliste québécois. Le nationalisme de droite qui a pris en otage le PQ est en train de tuer le mouvement indépendantiste, tellement que le PQ est devenu le pire ennemi de la cause indépendantiste. Ce n’est pas le PLQ ou la CAQ qui fait une pression à la baisse sur le mouvement indépendantiste en ce moment, mais bien le PQ qui est totalement devenu un poids mort et il n’a pas finit de nous couler, ce n’est que le début surtout avec cette ambiance médiatique d’hystérie collective entourant le terrorisme qui ne cesse de grandir mois après mois. Ce n’est plus le temps de défendre le PQ ou de chercher à le justifier sans cesse, mais de tuer ce parti au plus sacrant.

Comments are closed.