La culture des tizamis

Historiquement, le Parti libéral a toujours pataugé dans toutes sortes d’histoires nauséabondes qui concernent, entre autres choses, les fameux amis du régime. De Taschereau à Charest, encore et toujours, les libéraux ont su prendre soin des leurs. Au détriment des finances publiques il faut bien le dire.

La commission Charbonneau, tout comme la Commission d’enquête sur le crime organisé (CECO) dans les années 1970 l’avait fait, a bien démontré l’ampleur du problème. Des contrats d’asphalte aux nominations politiques aux ristournes généreuses, les cas ne manquaient pas pour éclabousser la réputation de ce parti aux moeurs ô combien douteuses.

Des cas demeurent plus spectaculaires que les autres. Celui d’Arthur Porter, ami du premier ministre Couillard, entre autres.

L’affreux bonhomme Porter a roulé sa malhonnêteté de par le monde. Du Sierra Leone, en passant par les États-Unis, le type pigeait abondamment dans les caisses publiques pour s’enrichir personnellement. Il fallait être bien naïf pour croire qu’il ne serait pas fidèle à ses fourbes habitudes du passé en devenant grand patron du Centre universitaire de santé de McGill (CUSM) en 2004, nomination qu’il devait aux libéraux; l’argent public qui se trouvait dans les coffres du CUSM devenait dès lors, et plus facilement que jamais, à la portée des amis des libéraux.

À ce titre, Porter ne fit ni une ni deux et aurait accepté (notez bien le conditionnel…) un généreux pot-de-vin de la firme d’ingénierie SNC-Lavalin, elle aussi proche du PLQ. Son bras droit au CUSM, Yanai Elbaz, généreux donateur du Parti libéral a-t-on besoin de le préciser, aurait profité (encore du conditionnel bien inutile) lui aussi de la situation, et aurait obtenu sa part du pot-de-vin de 22,5 millions$ accordé par SNC pour l’obtention du contrat de construction dudit centre hospitalier.  Contrat que la compagnie a évidemment obtenu.  Ce sont les amis des libéraux qui étaient contents!

Aujourd’hui, l’actualité nous apprend que Porter et Elbaz ont caché cet argent dans des paradis fiscaux qui se trouvent aux Bahamas, en Israël, en Chine (Hong Kong), en Suisse, au Sierra Leone ou aux îles St-Christophe-et-Niévès. À partir du plaidoyer de culpabilité pour recyclage des produits de la criminalité de Pamela Porter, épouse de l’autre, et déposé tout juste avant les fêtes, des juges tentent maintenant de bloquer cet argent dans les comptes dans lesquels il se trouve. Afin de le récupérer ultérieurement. Mission difficile s’il en est une. Les membres de la famille étant passés maîtres dans la dissimulation de leurs méfaits.

Ces histoires démontrent bien à qui l’on a affaire quand on se bute au Parti libéral et à ses amis. Une bande de coquins qui convoitent les piastres pigées dans les poches du peuple et qui n’ont de cesse de manigancer pour l’obtenir, d’une façon ou d’une autre, légalement ou pas.

Il y eut tant d’histoires de malversations et de crosses concernant ce parti depuis quelques mois qu’on aurait pu croire que les libéraux se seraient enfin convaincus de marcher les fesses serrées; pour un temps à tout le moins. Hé bien non! La culture des tizamis perdure encore et toujours, est plus forte que tout.

Aujourd’hui, c’est le cas de Jean-François Garneau qui fait surface. Garneau est une espèce de spécialiste en gestion de risques. Le gouvernement de Philippe Couillard l’a embauché pour qu’il lui dise où il serait bon de couper dans le secteur de la Culture, question de faire des économies qui puent cette austérité si chère à Couillard-chum-de-Porter et qu’il souhaite imposer à tous sauf à ceux de sa race. Garneau, un donateur du PLQ, un ancien conseiller de Couillard lui-même, un ami de la gang quoi, a de ce fait obtenu un beau 55 000$ d’argent public pour faire la job des fonctionnaires à leur place.

La question est simple: pourquoi diable engager un « expert » extérieur à la fonction publique pour mener une tâche de routine, tâche que les fonctionnaires peuvent réaliser efficacement, facilement même? À part si ce n’est, encore une fois, pour accorder un maudit retour d’ascenseur à un chum de la famille ?!

Quand on apprend, aujourd’hui encore, que le gouvernement Couillard compte modifier, à l’aide d’une loi, le mandat de la Caisse de dépôt et placement afin que cette institution puisse désormais financer des projets gouvernementaux à l’aide de l’argent des Québécois qui se trouve dans ce bas de laine collectif, on nous permettra d’être inquiet. Pas que l’idée en elle-même ne soit pas bonne. En fait, il n’est que normal que l’argent collectif des Québécois servent à financer des projets collectifs, tant et aussi longtemps que les risques sont calculés et que l’institution n’embarque pas dans des projets de nature à menacer les retraites de tous. Le problème concerne bien davantage la culture des tizamis du Parti libéral qui pourra se frotter encore plus fermement qu’avant aux avoirs de la Caisse. Dissimulés derrière la non-transparence, ces libéraux sont habitués de magouiller derrière des portes closes, style 357-C, pour convaincre l’un et l’autre d’utiliser l’argent du peuple pour financer les affaires de la famille. Est-ce que ce nouveau mandat de la Caisse leur facilitera la tâche lorsque viendra le temps de mettre la main sur notre argent?  On peut à tout le moins se poser la question.

Afin de nous aider à imaginer une réponse à la fameuse question, rappelons-nous seulement qu’Henri-Paul Rousseau présidait la Caisse lorsqu’elle enregistrait des pertes obscures de 40 milliards$ dans des papiers commerciaux adossés à des actifs (PCAA), papiers tout aussi obscurs que les autres pertes enregistrées par la Caisse au cours de cette période. En fait, on n’a jamais su le fin fond de tout ce scandale. On sait seulement que Rousseau, nouvel ami de la famille libérale, s’est rapidement retrouvé une job lucrative chez Power Corporation après la conclusion du fiasco.  Et que 4,6 millions de ses actions avaient été achetées ( 188 millions$) par la Caisse sous la direction de ce même Rousseau, de l’argent public qui finançait les opérations de cet empire.  A-t-on vraiment besoin de préciser que Power Corporation a toujours été très proche du Parti libéral?  À un point tel que plusieurs premiers ministres issus de ce parti avaient fait leurs premières armes au service des Desmarais.? Que l’empire Power était alors si proche de la Caisse est inquiétant en soi.  Que la famille libérale pouvait déjà manipuler la caisse à ses fins n’était rien de nature à nous rassurer.

Aujourd’hui, la Caisse est dirigée par Michael Sabia. Un autre homme fort et allié de Power Corporation. Ce qui n’est pas moins inquiétant que le cas précédent.  Surtout quand on pense au fait que Power Corporation oeuvre dans l’industrie du pétrole et des sables bitumineux par l’entremise de sa filiale Total et que la Caisse, depuis que Sabia la dirige, investit elle aussi dans les compagnies impliquées dans les sables bitumineux. Étonnant tout cela, mais en rien illégal. Que des vapeurs de conflits d’intérêts qui donnent la nausée…Et qui nous donnent le droit de nous inquiéter du contrôle exercé par la famille libérale sur les avoirs de la Caisse.  Si ce contrôle était déjà inquiétant à venir jusqu’à aujourd’hui imaginez ce qu’il pourrait bien devenir demain, sous le règne du nouveau mandat accordé à la Caisse par le gouvernement Couillard…

On nous dit que le nouveau mandat de la Caisse ne brimera pas l’indépendance de cette institution, que la direction de celle-ci pourra refuser de participer à un plan de développement gouvernemental ou un autre, et ce, même si son dirigeant est justement nommé par le gouvernement. Il est cependant bien clair que cette nouvelle loi assouplira les façons de faire de cette institution en ce qui concerne les projets publics et que cela n’est rien pour déplaire aux entrepreneurs libéraux qui s’enrichissent à même les contrats publics.

Enfin, comme on dit: qui vivra verra!

Publié le chroniques politique québécoise, Journal Le Québécois et étiqueté , , , , , .